Barbe Bleue
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Barbe Bleue :
On connaît le conte de Charles Perrault (1628-1703) : Barbe-Bleue a déjà égorgé 6 femmes et suspendu leurs cadavres dans un cabinet noir. Il en a épousé une septième. Pour la mettre à l’épreuve, il lui confie la clé du cabinet avec interdiction d’y pénétrer, et feint de partir en voyage. Bien entendu, la curiosité est la plus forte : l’épouse tourne la clé et la laisse tomber d’effroi sur le sang des cadavres qu’elle aperçoit. La clé reste tâchée malgré les efforts de la dame qui, hélas, n’a pas à sa disposition les détergents d’aujourd’hui. Barbe-Bleue survient, constate la désobéissance, et lui annonce qu’elle va mourir. Il lui accorde quelques instants pour faire ses prières. La condamnée demande à sa sœur Anne de monter en haut de la tour pour voir si leurs deux frères, dont la visite est attendue, n’arrivent pas. Et c’est l’instant palpitant du dialogue qui a tenu en haleine des millions de bambins :
– Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
– Non, je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie.
Tout semble donc perdu. Barbe-Bleue aiguise son grand couteau, mais miracle : les frères arrivent à temps et trucident leur peu recommandable beau-frère.
C’est en 1866 que Jacques Offenbach et ses complices » adaptent » le conte de Perrault en opéra bouffe. Chronologiquement, l’ouvrage se place entre trois des plus grands succès du trio : après La Belle Hélène (1864), avant La Vie Parisienne (1866) et La Grande Duchesse de Gérolstein (1867).
Après l’éclatant triomphe de La Belle Hélène (1864), avec laquelle débute l’apogée de la carrière du musicien, Barbe-Bleue(1866) reprend le même cocktail, en le situant dans un moyen âge très approximatif, pour une nouvelle satire politique, visant Napoléon III et son insatiable (mais non sanguinaire !) appétit de femmes. Que cette satire ait été très percutante, peut se discuter, car tout le monde ne semble pas avoir compris toutes les allusions que l’ouvrage contenait. Henri Allain-Targé, un opposant au régime, en avait repéré toute une série, mais le gros du public parisien s’amusait franchement, lui, et sans arrière-pensée, à partir du 5 février, jour de la première. Chose curieuse, en Allemagne et en Autriche, l’accueil premier fut tiède : cela devait s’inverser au XX° siècle !
À Paris, on doit noter une nouvelle version, mise en scène par Maurice Lehmann et réécrite pour le populaire comédien Jean Le Poulain qui interprétait le double rôle de Bobèche et de Popolani (théâtre de Paris, 1971). Cette » relecture » fut diversement appréciée. On admira cependant Michel Caron à la voix éclatante et l’excellente Boulotte de Martine Surais. Quant à Jean le Poulain, on lui reprocha comme bien souvent d’en faire un peu (beaucoup ?) trop. Quoi qu’il en soit cette version est aujourd’hui oubliée. Par contre celle de l’Opéra de Metz (1995), reprise notamment à Limoges en 2002, est particulièrement réussie.
L’ARGUMENT :
Acte I : Dans un petit village dominé par le château du sire de Barbe-Bleue, la bergère Fleurette aime un jeune et élégant berger, mais le comte Oscar, ministre du roi, découvre qu’elle est la princesse Hermia, la fille du roi, autrefois abandonnée au profit de son frère cadet. Pour revenir à la cour, il lui faut cependant quitter son amoureux. Au même village arrive Popolani, l’alchimiste du sire de Barbe-Bleue, en quête d’une rosière qui, pour éviter toutes complications, est tirée au sort ! Le tirage désigne Boulotte, grosse fille plutôt… délurée mais non dépourvue de charme que Barbe-Bleue, qui pleure hypocritement ses veuvages, décide d’épouser.
Acte II : Au palais, les scènes de ménage se succèdent car le roi Bobèche, jaloux et colérique, fait disparaître les seigneurs qui tournent autour de sa femme. Nouvelle scène avec Hermia qui, dans un premier temps, refuse de voir le prince Saphir qu’on lui destine comme époux mais, bonne nouvelle, le promis n’est autre que son faux berger. Arrivée de Barbe-Bleue qui vient présenter sa nouvelle épouse mais celle-ci provoque un scandale par son manque de bonnes manières. Revenu dans son château, il charge Popolani de la faire disparaître, car il veut épouser Hermia. Mais Popolani n’a fait disparaître aucune des femmes de son maître, les gardant pour lui-même et, après la mort simulée de Boulotte, celle-ci, animée par la vengeance, se met à leur tête et, déguisées en bohémiennes, elles partent pour la Cour.
Acte III : Alors que Hermia et Saphir se rendent à la chapelle, Barbe-Bleue arrive et interrompt la cérémonie. Après avoir conté son nouveau veuvage, sous la menace de ses canons il force le roi à lui donner sa fille. L’arrivée des bohémiennes auxquelles se sont joints les seigneurs que le roi croyaient morts, met Bobèche et Barbe-Bleue dans l’embarras. Une solution est trouvée : les seigneurs épousent les premières femmes de Barbe-Bleue et celui-ci se fait pardonner de Boulotte qu’il garde comme légitime. Dénouement ambigu, peu conforme au droit canon et dangereusement provisoire !
LA PARTITION :
Acte I : Ouverture ; Duo « Dans la nature tout se réveille » (Saphir et Hermia) ; Couplets « Y’a des bergers dans le village » (Boulotte) ; Chœur « Sur la place il faut nous rendre » ; Ensemble « J’apporte les volontés » (Popolani, chœur) ; Chœur de la loterie et couplets « V’la z’encore de drol’s » (Boulotte) ; Chœur « Boulotte ! Saperlotte ! » ; Chœur du palanquin ; Couplets « Ma première femme » (Barbe-Bleue) ; Final I (tous)
Acte II : Premier tableau : Introduction ; Chœur et couplets « C’est un métier difficile » Oscar, chœur) ; Couplets « On prend un ange d’innocence » (Clémentine) ; Quatuor « C’est mon berger » (Hermia, Saphir, Bobèche, Clémentine) ; Ran tan plan (les mêmes) ; Chœur et présentation de Barbe-Bleue ;
Second tableau : Couplets « Le voilà donc le tombeau » (Barbe-Bleue) ; Duo « Vous avez vu ce monument » (Barbe-Bleue, Boulotte) ; « Holà, holà, ça me prend là » (Boulotte, Popolani) ; Final II Chœur des épouses « La vengeance avec la liberté (Boulotte, les épouses, Popolani)
Acte III :» ; Chœur « Hyménée » ; Couplets « Vive la folie » (Barbe-Bleue) ; Scène du duel ; Chœur des bohémiens ; Final III (tous)
FICHE TECHNIQUE :
Barbe Bleue :
Opéra bouffe en 3 actes de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Musique de Jacques Offenbach. Création à Paris, théâtre des Variétés, le 5 février 1866. Avec :
Hortense Schneider (Boulotte), Mlle Vernet (Fleurette/ Hermia), Mme Duval (la reine Clémentine), Dupuis (Barbe-Bleue), Kopp (Bobèche), Hittemans (Saphir), Couder (Popolani), Grenier (le comte Oscar).
DISCOGRAPHIE :
Intégrales 2 vinyls
Lina Dachary, Monique Stiot, Henri Legay, Bernard Alvi. Dir. Jean Doussard
Bourg. 2005-6
Anna Ringart, Janine Capderou, Michel Sénéchal, Jean Giraudeau, Luis Masson. Direction musicale, Michel Fusté-Lambezat
UORC 309 (2 disques avec Pépito)
Intégrales 2 CD
Lina Dachary, Monique Stiot, Henri Legay, Bernard Alvi. Direction musicale, Jean Doussard
Memories HR 4591/2 (2CD) ou (2 V) ou Bourg BGC 2-3 (2 CD) ou Opera d’Oro OPD 1211 (2 CD)
Michel Sénéchal, Fanély Revoil, Claudine Collart, Deva Dassy, Joseph Peyron, Charles Daguerressard. Orch. Marcel Cariven
Zebralution-Cantus Classics 501257 (2 CD)
Yves Delescluse, Anne-Sophie Zirnhelt, Claude Benasouli, Marie Hélène Desprez Thierry Maurouard. Dir. François-Didier Lemoine
Album Urlandi Furiosi
DVD
Aude Sardier, Isabelle Fleur, Maryline Fallot, Jeanne-Marie Lévy, Anaïs Constant, Frédéric Mazzotta, Michel Vaissière, Jean-Louis Meunier, Till Fechner, Philippe Ermelier, Frank T’Hézan. Orch. Jean-Christophe KeckMise en scène : Frank T’Hézan.
Festival des Châteaux de Bruniquel 2010 (2 DVD)) Consulter le site www.bruniqueloff.com
Charles Pernes, Marco Perrin, Robert Destain, Christian Asse, Raymond Amade, Henri Bedex, Mireille Lacost, Jean Marcovitch, Francine Dory, Jacqueline Chambard, Annie Dumas, Jacqueline Lejeune ;dir. Georges Devaux
1956 INA VIDEO Barbe bleue
Hans Nocker, Anny Schlemm, Werner Enders, Ruth Schob-Lipka, Ingrid Czerny, Manfred Hopp, Rudolf Asmus, Helmut Polze. Orch. Karl-Fritz Voigtmann, Walter Felsenstein
Edition, Arthaus Musik 101293 (2 DVD) (Ritter Blaubart, en allemand ; sous-titres français)
© Académie Nationale de l’Opérette août 2016