Geneviève de Brabant
. Geneviève de BrabantJacques Offenbach I. L’ARGUMENT |
Geneviève de Brabant :
En 1858, Orphée aux Enfers, la première » grande » opérette de Jacques Offenbach avait mis en scène les divinités de l’Antiquité. L’année suivante, le musicien traverse les siècles pour composer un nouvel opéra bouffon en 2 actes s’inspirant d’une légende populaire médiévale : Geneviève de Brabant.
Geneviève de Brabant était l’épouse de Siegfried, comte palatin de Trèves. Accusée d’adultère par le sénéchal Golo qui avait tenté en vain de la séduire, elle est condamnée à mort. Elle survivra car les serviteurs chargés de la tuer la prennent en pitié et ne mettent pas la sentence à exécution. Plus tard, son innocence fut reconnue, mais trop tard ; sa santé s’étant altérée, elle rendit bientôt le dernier soupir…
Offenbach et ses collaborateurs, Jaime fils et Tréfeu, transforment cet affreux mélodrame en opéra bouffe, au livret touffu, certes, mais bénéficiant d’une excellente partition. Après quelques retards dus à une épidémie de grippe chez les artistes et un retard dans la livraison des décors, Geneviève de Brabant est créée le 19 novembre 1859 mais reçoit un accueil réservé. Elle doit être retirée de l’affiche au bout de 50 représentations.
En 1967, nouvelle version de Geneviève. Le livret a été remanié : malgré de notables améliorations, il reste encore décousu. La partition, également retravaillée, comporte quelques trouvailles comme le rondeau du pâté ou les couplets des « hommes d’armes ». Ainsi revue, la pièce a bien meilleure mine et sans être un triomphe assure les recettes du théâtre des Menus Plaisirs pendant cent représentations.
En 1875, Geneviève de Brabant s’empare de la scène de la Gaîté, alors dirigée (pour peu de temps encore) par Offenbach. Comme Orphée aux Enfers l’année précédente, l’ouvrage devient un opéra féerie. Mais il ne se joue que cent cinq fois au lieu des trois cents représentations qui auraient permis d’amortir les frais. Il ne fait donc que précipiter la déroute financière d’Offenbach due, au départ, au « bide » catastrophique du drame de Sardou : La Haine (décembre 1874).
Geneviève garde une place modeste dans l’importante œuvre du compositeur de La Vie Parisienne. Le « Bruyas » ne cite qu’une reprise à Paris (Variétés, 1908).
Une reprise a eu lieu à l’Opéra-Corum de Montpellier, en 2016, sous la direction musicale de Claude Schnitzlet et dans une mise en scène de Carlos Wagner, avec Jodie Devos (Geneviève), Avi Klemberg (Sifroy), Valentine Lemercier (Drogan). La mise en scène, très modernisée, mélangeait les versions 1 et 2 de l’oeuvre.
L’ARGUMENT (version 1867) :
Sifroy, duc de Curaçao, mari de la belle Geneviève de Brabant, ne peut avoir d’héritier. Le petit pâtissier Drogan, amoureux de la belle dame, confectionne un pâté qui, soi-disant, doit redonner vigueur au défaillant époux. Il peut ainsi s’approcher de Geneviève dont il espère devenir le page. Mais le traître Golo, favori de Sifroy, veille… Bien décidé à prendre le pouvoir, il se livre à toutes sortes d’intrigues.
Sifroy se remet difficilement d’une indigestion de pâté lorsque Golo lui annonce que sa femme le trompe. Justement une ombre se dessine derrière la vitre. Ce doit être ce coquin de Drogan ! Vite un seau d’eau… Catastrophe ! Le quidam arrosé n’est autre que Charles Martel, le puissant souverain, qui s’en va en Palestine combattre les Sarrasins. À la suite de quoi, Sifroy est enrôlé pour la croisade. Il n’a que le temps de répudier son épouse qui s’enfuit dans la forêt avec Drogan et sa confidente Brigitte. Le trio est poursuivi par le sergent Grabuge accompagné du sieur Pitou.
Grâce à un ermite, on apprend qu’en réalité Sifroy s’en est allé festoyer avec Charles Martel en son château d’Asnières. Drogan se rend à Asnières et annonce au duc le décès de son épouse. Retour de Sifroy sur ses terres pour démasquer le traître Golo prêt à usurper le pouvoir. Geneviève, qui, bien entendu, est toujours vivante, et Drogan sont réhabilités.
LA PARTITION (version 1867) :
Ouverture
Acte I : Chœur d’introduction et couplets « Flamands de tous pays » (le Bourgmestre) ; Récit et rondeau du pâté « Salut ! noble assemblée » (Drogan) ; Sérénade du page « En passant sous la fenêtre » (Drogan, Geneviève) ; Chœur des Curaçoiens » Curaçoiens que la victoire couronne » ; Couplets de la poule « Une poule sur un mur » (Sifroy, choeur) ; Chœur des demoiselles d’honneur « Travaillons comme des fées » ; Couplets de la toilette « Cet habit-là ne lui va point » (Brigitte, Christine, Drogan, choeur) ; Récit et chanson du page « Grâce à vous, mesdemoiselles » (Drogan) ; Trio de la main et de la barbe « Ah ! madame, vous qui brillez » (Drogan, Brigitte, Geneviève) ; Couplets du pâté « Ah ! de mon coeur un trouble s’empare » (Sifroy) ;
Entr’acte et couplets du thé « Je ne connais rien au monde » (Sifroy) ; Boléro « J’arrive armé de pied en cap » (Charles Martel, Sifroy, Narcisse, 2 hommes d’armes) ; Final du 3e tableau « Ciel ! qu’ai-je appris ! » (Geneviève, Sifroy, Golo, Charles Martel, Brigitte, choeur) ; Grand final du départ pour la Palestine « Le clairon qui sonne » (tous)
Acte II : Entr’acte ; Terzetto « Fuyons l’orage » (Geneviève, Brigitte, Drogan) ; Couplets « Protéger le repos des villes » (Grabuge, Pitou) ; Chanson « Je suis l’ermite du ravin » « l’ Ermite) ; Trio et quatertto « Allons, Madame, il faut mourir » (Geneviève, Grabuge, Pitou) ;
Chœur et chanson des cocodettes (Chantez, chantezn cocodettes » (ensemble) ; Ronde des infidèles « Pour combattre les infidèles » (Charles Martel, Sifroy, Isoline, choeur) ; Tyrolienne « Le jour point » (tyroliens, soprano et basse) ; ballet ; Farandole « Place pour la farandole (tous) ; Couplets de la mèche « Geneviève était blonde » (Drogan) ; Finale « Amis, faisons vibrer sous ces dômes brillants » (choeur)
Acte III : Entr’acte ; Couplets « Quand on possède une biche » (Geneviève) ; Quatuor de chasse « Partons en chasse » (Drogan, 3 pages) ; Couplets du retour de la Palestine « Je viens de la Turquie » (Sifroy) ; Complainte de Golo « Monstre plein de crimes » (Drogan, Geneviève, Brigitte, Grabuge, Pitou, Isoline, choeur) ; Final III
FICHE TECHNIQUE :
Geneviève de Brabant
Opéra bouffe, musique de Jacques Offenbach
1ère version en 2 actes et 7 tableaux de Adolphe Jaime fils et Etienne Tréfeu, créée à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens le 19 novembre 1859 avec Mlle Maréchal (Geneviève), Lise Tautin (Gratioso), Léonce (Sifroy), Désiré (Golo).
2ème version en 3 actes et 9 tableaux de Hector Crémieux et Etienne Tréfeu créée à Paris, théâtre des Menus-Plaisirs, le 26 décembre 1867 avec : Mme Baudier (Geneviève), Zulma Bouffar (Drogan), Mme Brigny-Varney (Brigitte), Gourdon (Sifroy), Daniel Bac (Golo), Ginet (Grabuge), Gabet (Pitou).
3ème version (opéra féerie) en 5 actes de Hector Crémieux et Etienne Tréfeu créée à Paris, théâtre de la Gaîté, le 25 février 1875 avec Mme Perret (Geneviève), Mlle Angèle (Brigitte), Mme Matz-Ferrare (Drogan), Thérésa (Biscotte/ la sorcière/ Armide), Habay (Sifroy), Christian (Golo), Montaubry (Narcisse), Grivot (Vanderprout), Scipion (Grabuge), Gabel (Pitou).
Éditions Heugel
DISCOGRAPHIE :
Intégrales CD
Annick Simon, Monique Stiot, Huguette Hennetier, Germaine Duclos, Bernard Plantey, Michel Fauché, René Terrasson, Jean-Christophe Benoît. Direction musicale, Marcel Cariven
Bourg Record BG 2012/13 (2 disques) repris en 2CD Bourg BGC 10/11
Denise Duval, Monda Million, Germaine Parat, Deva Dassy, Jean Giraudeau, Robert Massard, Michel Hamel, Maurice Porterat, René Lenoty, André Balbon. Orch. Marcel Cariven
INA Mémoire Vive IMV080 (2CD)& (INA AUDIO)
Sélection vinyle
Lina Dachary, Huguette Hennetier,Raymond Amade, Joseph Peyron, Jean-Christophe Benoît. Orch. Jean Paul Kreder
EJS 449 (1 V)
© Académie Nationale de l’Opérette août 2016