Yvain Maurice

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BIOGRAPHIE 

Si de 1922 à 1958 l’opérette continue à faire parler d’elle et à offrir au public quelques-unes de ses plus belles réussites, nul doute qu’on ne le doive au savoir-faire et à la science musicale de Maurice Yvain.

Bien que sa formation musicale soit des plus solides (il a Xavier Leroux comme professeur), c’est par la chanson et le cabaret qu’ Yvain se fait d’abord connaître, avec les chansons qu’il écrit pour Mistinguett (Mon homme, La java, En douce, La belote…), Maurice Chevalier (Dites-moi ma mère, Avec le sourire...) ou Marie Dubas (C’est toujours ça d’ pris…)

bouche 2Sans doute n’a-t-il pas un grand pas à franchir pour aborder l’opérette avec Ta Bouche  (1922) :
L’intrigue réunit M. du Pas de Vis et son fils Bastien, la Comtesse et sa fille Eva, leur domestique respectif Mélanie et Jean, ainsi que trois jeunes filles mauvaises langues. Pendant trois saisons estivales, les couples se font et se défont au gré des intérêts financiers plus que sentimentaux.  (voir fiche)
Les tubes semblent à peine se soucier du  » sans-gêne jovial de l’intrigue « , ainsi qu’on le dit à l’époque ; mais c’est regarder bien superficiellement son premier spectacle, comme tous ceux qui vont suivre. Certes décors, orchestre, chœurs, figuration font dans le minimalisme, mais il y a bien de l’à-propos à tout inventer : des rythmes nouveaux (fox, one-step, bientôt charleston, java, paso-doble et boston), des distributions non strictement  » lyriques  » (les premiers noms qui viennent à l’esprit sont Dranem, Maurice Chevalier, Pauline Carton), des  » lyrics  » percutants (avec l’inséparable Albert Willemetz) et des textes d’une efficacité incroyable.

là-hautAprès Ta Bouche (1922), Là-haut (1923)  :
Le Parisien bon ton Evariste arrive au Ciel où il ne tarde pas à mettre tout le monde dans sa poche, y compris Saint-Pierre qui l’autorise à revenir momentanément sur terre, en compagnie de l’ange gardien Frisotin, pour protéger son épouse des avances de son cousin Martel. Mais en fait tout cela n’est qu’un rêve fait pendant une sieste suivant un repas bien arrosé. (voir fiche)
La création, au théâtre des Bouffes-Parisiens le 31 mars 1923, connaît elle aussi un énorme succès. Aux côtés de Maurice Chevalier et Dranem qui se disputent la faveur du public, on trouve Gabin père, Louis Blanche, Mary Malbos Yvonne Vallée. La partition enchaîne à nouveau les tubes : « C’est Paris », « Si vous n’aimez pas ça », « Ose Anna », « L’hilarité céleste », « Aime-moi Emma »… (voir fiche) qui assurent à Là-haut la même postérité qu’à Ta Bouche

pas-sur-la-boucheSuivront Gosse de Riche en 1924, Pas sur la Bouche en 1925 (voir fiche), La Dame en décolleté (1923) ou Bouche à Bouche (1925) se donnent dans des salles plus vastes, font appel à des orchestrations plus étoffées (la publicité insiste sur les 110 personnes de la production pour la seconde) et à des voix d’opéra, mêlées aux incontournables Koval ou Jeanne Cheirel.

Les ambitions ne s’arrêteront pas là ; après une quinzaine d’opérettes, Maurice Yvain écrit Un coup de veine pour la Porte Saint Martin où il réunit, dans le théâtre de Maurice Lehmann, Mistinguett, Fanély Revoil et Germaine Roger.

Il aborde également l’opérette à grand spectacle avec Au soleil du Mexique (voir fiche), donné en 1935 au Châtelet et surtout, en 1946 Chanson Gitane (voir fiche) qu’accueille la Gaîté Lyrique (avec André Dassary).
Chanson gitaneL’action se passe sous le règne de Charles X. Un jeune noble campagnard, Hubert, s’éprend d’une belle gitane, Mitidika, qui fait partie d’un cirque. Emue mais consciente de tout ce qui les sépare, elle se dérobe. Ayant retrouvé la jeune fille qui le sauve de la jalousie de Zafiri, le directeur du cirque, Hubert l’épouse malgré l’hostilité des siens. Cependant, au cours d’une fête donnée par la duchesse de Berry, elle se sent humiliée et se sauve. Les bijoux de la mère d’Hubert ayant disparu au même moment, la jeune fille est accusée de vol et arrêtée, à tort car c’est le frère d’Hubert qui en est responsable. Grâce à la bonté de la duchesse de Berry, le couple pourra aller vivre heureux en Italie.
Émile Vuillermoz pensait que les rythmes syncopés issus des anglo-saxons constituaient  » la seule révélation technique sérieuse de la musique légère de ce siècle  » ; mais Yvain a su utiliser sur la scène lyrique ce corpus moderne et l’assimiler aux formes musicales les plus élaborés, trios, quatuors, ensembles, finals (que Honegger comparait à ceux de Haydn). Le raffinement harmonique ou mélodique reste clair et direct, la composition est élégante et rend hommage à toute l’histoire de l’opérette que le compositeur d’une certaine manière exaltait peut-être pour une dernière fois dans ses formes canoniques.
Une dernière opérette, Le Corsaire noir (voir fiche), est créée à l’opéra de Marseille en 1958.
Maurice Yvain a composé également de nombreuses musiques et chansons de films (La Belle marinière, L’assassin habite au 21…), des mélodies et quelques ballets dont Blanche-Neige donné à l’Opéra de Paris en 1950.

OEUVRES LYRIQUES

Légende : opé = opérette
Le chiffre indique le nombre d’actes

Création Titre Auteurs Nature Lieu de la création
1922
1° avr
Ta Bouche Mirande (Yves), Willemetz (Albert) opé 3 Paris, Daunou
1923
31 mars
Là-haut ! Mirande (Yves), Quinson (Gustave), Willemetz (Albert) opé 3 Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul)
1923
22 déc
Dame en décolleté (La) Mirande (Yves), Boyer (Lucien) opé 3 Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul)
1924
2 mai
Gosse de Riche Bousquet (Jacques), Falk (Henri) opé 3 Paris, Daunou
1925
17 fév
Pas sur la Bouche Barde (André) opé 3 Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1925
8 oct
Bouche à bouche Barde (André) opé 3 Paris, Apollo
1926
13 nov
Bon garçon (Un) Barde (André), Yvain (Maurice) opé 3 Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul)
1928
27 janv
Yes ! Soulaine (Pierre), Pujol (René), Willemetz (Albert) opé 3 Paris, Capucines
1929
22 janv
Elle est à vous Barde (André) opé 3 Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1929
2 mars
Jean V Bousquet (Jacques), Falk (Henri) opé 3 Paris, Daunou
1929
12 déc
Kadubec Barde (André) opé 3 Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1930
25 oct
Pépé Barde (André) opé 3 Paris, Daunou
1931
17 sept
Encore cinquante centimes ! [1] Barde (André) opé 3 Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1933
2 fév
Oh! Papa… Barde (André) opé 3 Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1934
25 avr
Belle histoire (La) Clouzot (H.G.) opé 3 Paris, Madeleine
1934
20 déc
Vacances Duvernois (Henri), Barde (André) opé Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière)
1935
11 oct
Coup de veine (Un) Mouézy-Eon (André), Willemetz (Albert) opé Paris, Porte-St-Martin
1935
18 déc
Au soleil du Mexique [2] Mouézy-Eon (André), Willemetz (Albert),
Granville (Robert, = Faustin Jeanjean)
opé 2 Paris, Châtelet
1942
10 déc
Son Excellence Poterat (Louis), Margot (Daniel) opé 2 Paris, Variétés
1946
13 déc
Chanson gitane Mouézy-Eon (André), Poterat (Louis) opé 2 Paris, Gaîté-Lyrique
1952
19 nov
Vente continue (La) Salmon André mus. de scène Chanîne parisienne de la radio française
1956
19 oct.
Prince endormi (Le) Coline (Constance) d’après Rattigan mus. de scène Paris, théâtre de la Madeleine
1958
24 fév
Corsaire noir (Le) Valmy (Jean) opé Marseille, Opéra

[1] avec Christiné (Henri)
[2] avec Granville (Robert)