Yvain Maurice
. MAURICE YVAIN1891 – 1965 I. BIOGRAPHIE Articles associésOEUVRES ASSOCIEES Au soleil du Mexique REVUES ASSOCIEES Revue n°36 |
BIOGRAPHIE
Si de 1922 à 1958 l’opérette continue à faire parler d’elle et à offrir au public quelques-unes de ses plus belles réussites, nul doute qu’on ne le doive au savoir-faire et à la science musicale de Maurice Yvain.
Bien que sa formation musicale soit des plus solides (il a Xavier Leroux comme professeur), c’est par la chanson et le cabaret qu’ Yvain se fait d’abord connaître, avec les chansons qu’il écrit pour Mistinguett (Mon homme, La java, En douce, La belote…), Maurice Chevalier (Dites-moi ma mère, Avec le sourire...) ou Marie Dubas (C’est toujours ça d’ pris…)
Sans doute n’a-t-il pas un grand pas à franchir pour aborder l’opérette avec Ta Bouche (1922) :
L’intrigue réunit M. du Pas de Vis et son fils Bastien, la Comtesse et sa fille Eva, leur domestique respectif Mélanie et Jean, ainsi que trois jeunes filles mauvaises langues. Pendant trois saisons estivales, les couples se font et se défont au gré des intérêts financiers plus que sentimentaux. (voir fiche)
Les tubes semblent à peine se soucier du » sans-gêne jovial de l’intrigue « , ainsi qu’on le dit à l’époque ; mais c’est regarder bien superficiellement son premier spectacle, comme tous ceux qui vont suivre. Certes décors, orchestre, chœurs, figuration font dans le minimalisme, mais il y a bien de l’à-propos à tout inventer : des rythmes nouveaux (fox, one-step, bientôt charleston, java, paso-doble et boston), des distributions non strictement » lyriques » (les premiers noms qui viennent à l’esprit sont Dranem, Maurice Chevalier, Pauline Carton), des » lyrics » percutants (avec l’inséparable Albert Willemetz) et des textes d’une efficacité incroyable.
Après Ta Bouche (1922), Là-haut (1923) :
Le Parisien bon ton Evariste arrive au Ciel où il ne tarde pas à mettre tout le monde dans sa poche, y compris Saint-Pierre qui l’autorise à revenir momentanément sur terre, en compagnie de l’ange gardien Frisotin, pour protéger son épouse des avances de son cousin Martel. Mais en fait tout cela n’est qu’un rêve fait pendant une sieste suivant un repas bien arrosé. (voir fiche)
La création, au théâtre des Bouffes-Parisiens le 31 mars 1923, connaît elle aussi un énorme succès. Aux côtés de Maurice Chevalier et Dranem qui se disputent la faveur du public, on trouve Gabin père, Louis Blanche, Mary Malbos Yvonne Vallée. La partition enchaîne à nouveau les tubes : « C’est Paris », « Si vous n’aimez pas ça », « Ose Anna », « L’hilarité céleste », « Aime-moi Emma »… (voir fiche) qui assurent à Là-haut la même postérité qu’à Ta Bouche
Suivront Gosse de Riche en 1924, Pas sur la Bouche en 1925 (voir fiche), La Dame en décolleté (1923) ou Bouche à Bouche (1925) se donnent dans des salles plus vastes, font appel à des orchestrations plus étoffées (la publicité insiste sur les 110 personnes de la production pour la seconde) et à des voix d’opéra, mêlées aux incontournables Koval ou Jeanne Cheirel.
Les ambitions ne s’arrêteront pas là ; après une quinzaine d’opérettes, Maurice Yvain écrit Un coup de veine pour la Porte Saint Martin où il réunit, dans le théâtre de Maurice Lehmann, Mistinguett, Fanély Revoil et Germaine Roger.
Il aborde également l’opérette à grand spectacle avec Au soleil du Mexique (voir fiche), donné en 1935 au Châtelet et surtout, en 1946 Chanson Gitane (voir fiche) qu’accueille la Gaîté Lyrique (avec André Dassary).
L’action se passe sous le règne de Charles X. Un jeune noble campagnard, Hubert, s’éprend d’une belle gitane, Mitidika, qui fait partie d’un cirque. Emue mais consciente de tout ce qui les sépare, elle se dérobe. Ayant retrouvé la jeune fille qui le sauve de la jalousie de Zafiri, le directeur du cirque, Hubert l’épouse malgré l’hostilité des siens. Cependant, au cours d’une fête donnée par la duchesse de Berry, elle se sent humiliée et se sauve. Les bijoux de la mère d’Hubert ayant disparu au même moment, la jeune fille est accusée de vol et arrêtée, à tort car c’est le frère d’Hubert qui en est responsable. Grâce à la bonté de la duchesse de Berry, le couple pourra aller vivre heureux en Italie.
Émile Vuillermoz pensait que les rythmes syncopés issus des anglo-saxons constituaient » la seule révélation technique sérieuse de la musique légère de ce siècle » ; mais Yvain a su utiliser sur la scène lyrique ce corpus moderne et l’assimiler aux formes musicales les plus élaborés, trios, quatuors, ensembles, finals (que Honegger comparait à ceux de Haydn). Le raffinement harmonique ou mélodique reste clair et direct, la composition est élégante et rend hommage à toute l’histoire de l’opérette que le compositeur d’une certaine manière exaltait peut-être pour une dernière fois dans ses formes canoniques.
Une dernière opérette, Le Corsaire noir (voir fiche), est créée à l’opéra de Marseille en 1958.
Maurice Yvain a composé également de nombreuses musiques et chansons de films (La Belle marinière, L’assassin habite au 21…), des mélodies et quelques ballets dont Blanche-Neige donné à l’Opéra de Paris en 1950.
OEUVRES LYRIQUES
Légende : opé = opérette
Le chiffre indique le nombre d’actes
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1922 1° avr |
Ta Bouche | Mirande (Yves), Willemetz (Albert) | opé 3 | Paris, Daunou |
1923 31 mars |
Là-haut ! | Mirande (Yves), Quinson (Gustave), Willemetz (Albert) | opé 3 | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
1923 22 déc |
Dame en décolleté (La) | Mirande (Yves), Boyer (Lucien) | opé 3 | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
1924 2 mai |
Gosse de Riche | Bousquet (Jacques), Falk (Henri) | opé 3 | Paris, Daunou |
1925 17 fév |
Pas sur la Bouche | Barde (André) | opé 3 | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1925 8 oct |
Bouche à bouche | Barde (André) | opé 3 | Paris, Apollo |
1926 13 nov |
Bon garçon (Un) | Barde (André), Yvain (Maurice) | opé 3 | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
1928 27 janv |
Yes ! | Soulaine (Pierre), Pujol (René), Willemetz (Albert) | opé 3 | Paris, Capucines |
1929 22 janv |
Elle est à vous | Barde (André) | opé 3 | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1929 2 mars |
Jean V | Bousquet (Jacques), Falk (Henri) | opé 3 | Paris, Daunou |
1929 12 déc |
Kadubec | Barde (André) | opé 3 | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1930 25 oct |
Pépé | Barde (André) | opé 3 | Paris, Daunou |
1931 17 sept |
Encore cinquante centimes ! [1] | Barde (André) | opé 3 | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1933 2 fév |
Oh! Papa… | Barde (André) | opé 3 | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1934 25 avr |
Belle histoire (La) | Clouzot (H.G.) | opé 3 | Paris, Madeleine |
1934 20 déc |
Vacances | Duvernois (Henri), Barde (André) | opé | Paris, Nouveautés (Bd Poissonnière) |
1935 11 oct |
Coup de veine (Un) | Mouézy-Eon (André), Willemetz (Albert) | opé | Paris, Porte-St-Martin |
1935 18 déc |
Au soleil du Mexique [2] | Mouézy-Eon (André), Willemetz (Albert), Granville (Robert, = Faustin Jeanjean) |
opé 2 | Paris, Châtelet |
1942 10 déc |
Son Excellence | Poterat (Louis), Margot (Daniel) | opé 2 | Paris, Variétés |
1946 13 déc |
Chanson gitane | Mouézy-Eon (André), Poterat (Louis) | opé 2 | Paris, Gaîté-Lyrique |
1952 19 nov |
Vente continue (La) | Salmon André | mus. de scène | Chanîne parisienne de la radio française |
1956 19 oct. |
Prince endormi (Le) | Coline (Constance) d’après Rattigan | mus. de scène | Paris, théâtre de la Madeleine |
1958 24 fév |
Corsaire noir (Le) | Valmy (Jean) | opé | Marseille, Opéra |
[1] avec Christiné (Henri)
[2] avec Granville (Robert)