Orphée aux Enfers

Orphée aux Enfers

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Orphée aux Enfers

Jacques Offenbach
1819 – 1880

I. L’ARGUMENT
II. LA PARTITION
III. FICHE TECHNIQUE
IV. DISCOGRAPHIE
V. RÉFÉRENCES

Orphée aux Enfers :


Orphée aux Enfers

Markus Müller & Gaëlle Méchaly – Nice 2002
(ph. Ville de Nice)

En 1855, lorsque Offenbach est autorisé à ouvrir le théâtre des Bouffes-Parisiens (salle Lacaze), situé Carré Marigny, le  » privilège  » qu’il obtient ne l’autorise qu’à faire jouer des  » scènes comiques et musicales dialoguées à deux ou trois personnages « . Ouvert le 5 juillet 1855, le théâtre, situé en face du Palais de l’Industrie où se tient l’Exposition Universelle, attire une foule considérable. Mais l’Exposition devant fermer ses portes à la mi-novembre et les lieux étant impraticables l’hiver, il lui fallait trouver une nouvelle salle et obtenir un nouveau privilège.

Après moult démarches et péripéties, Offenbach obtient l’autorisation de s’installer dans une salle située passage Choiseul. Le privilège est même élargi : le compositeur peut désormais monter des  » pièces comiques et musicales à quatre personnages « . L’inauguration a lieu le 29 décembre 1855 avec notamment Ba-Ta-Clan.
Il faudra attendre Mesdames de la Halle (3 mars 1858) pour que la limitation du nombre de personnages soit définitivement abolie.

Depuis quelque temps, Offenbach songeait à mettre sur scène les divinités de l’Antiquité. Ludovic Halévy avait d’ailleurs préparé un scénario qu’Hector Crémieux s’était chargé de mettre en dialogues. Mais Halévy, fonctionnaire de son état, fut nommé en Algérie. Il abandonna Orphée. Hector Crémieux l’imita peu après, estimant qu’il était impossible de traiter un tel sujet avec une distribution limitée à quatre personnages.

En 1858 donc, Crémieux peut se remettre au travail : il apporte régulièrement au compositeur des scènes que ce dernier met aussitôt en musique. Offenbach est partout à la fois : il demande à Crémieux des modifications, dirige les répétitions, renforce l’orchestre et les chœurs, s’intéresse aux décors et costumes, engage des artistes, reçoit les journalistes….

La première version en 2 actes et 4 tableaux d’Orphée aux Enfers est créée le 21 octobre 1858. Une certaine presse crie au scandale ! Pensez donc ! Ridiculiser la Grèce antique, considérée comme le berceau de la culture… Attaqué notamment par Jules Janin, le critique du  » Journal des Débats « , Offenbach sait mettre les rieurs de son côté. Certes, le spectacle comportait des faiblesses et Offenbach apporta rapidement les modifications qui s’imposaient. Le public, d’abord sensible à l’avis de la critique, prit peu à peu le chemin des Bouffes, et au bout de deux semaines, le théâtre jouait chaque soir à guichets fermés. L’ouvrage obtint 228 représentations consécutives pour la première série.

Après la guerre de 1870, Offenbach, avec la collaboration de Crémieux met au point une nouvelle version élargie d’Orphée aux Enfers. L’ouvrage, devenu un opéra féerie en 4 actes et 12 tableaux, permet au théâtre de la Gaîté d’encaisser des recettes jamais atteintes dans cet établissement. La première de cette nouvelle version eut lieu le 7 février 1874.
Une troisième version, donnée à partir à partir du 14 août 1874, élargissait encore l’ouvrage à 4 actes et 22 tableaux, avec l’introduction des 10 tableaux du Royaume de Neptune, essentiellement composés de ballets,  qui s’intercalaient à la fin du troisième acte . Cette  version n’a pas été éditée.
Orphée aux Enfers est considérée comme la première grande opérette française. Elle annonce les grands autres succès d’Offenbach : La Belle Hélène, La Vie Parisienne, La Grande Duchesse de Gérolstein, La Périchole

L’ARGUMENT :


Orphée jpgActe I : Orphée, professeur de violon à Thèbes, court la prétentaine auprès de diverses nymphes. Il déteste son épouse Eurydice, qui le lui rend bien. La jeune femme ne peut souffrir la musique et surtout celle de son mari. Elle envisage de le tromper avec le berger Aristée, qui n’est autre que Pluton déguisé. Une scène violente éclate entre les deux époux. Orphée, esclave de l’Opinion Publique, tient cependant à sauver les apparences.
Pour posséder Eurydice, Pluton-Aristée ne trouve rien de mieux que de la faire passer de vie à trépas, ce qui lui permet de l’emmener dans son royaume des Enfers. Orphée se réjouit de la disparition de sa femme. Mais l’Opinion Publique veille : elle exige que le nouveau veuf aille réclamer sa femme à Jupiter. Orphée obéit. À contre-cœur, mais il obéit.

Acte II : Dans l’Olympe, la nuit s’achève et voit le retour des divinités qui ont découché. La tyrannie de Jupiter soulève des murmures parmi les dieux et les déesses. Mercure apprend à tous la nouvelle de l’enlèvement d’Eurydice par Pluton. Interrogé dès son arrivée, ce dernier nie avec véhémence. Jupiter le sermonne sur le chapitre des mœurs. Le dieu des Enfers affirme que Jupiter n’est pas lui non plus sans reproche. Et la révolte éclate, conduite par Pluton. Mais voici Orphée. Il vient réclamer son épouse. Jupiter tient sa vengeance. Il promet au musicien de lui donner satisfaction, puis, Pluton persistant à nier, il emmène tout l’Olympe aux Enfers pour vérifier ses dires.

Acte III : Dans le boudoir de Pluton, Eurydice est gardée par John Styx, de son vivant roi de Béotie mais désormais valet de chambre de Pluton. Délaissée par son amoureux, la jeune femme est mécontente. À l’arrivée des dieux, John Styx enferme sa prisonnière. Pluton fait constater l’absence d’Eurydice. Mais Jupiter est un fin renard. Il fait semblant de rien, se retire avec son hôte, et revient seul, quelques instants plus tard, sous l’apparence d’une énorme mouche et découvre Eurydice. La mouche flirte avec la jeune femme qui, peu farouche, accepte de suivre ce nouvel amoureux. Pluton survient et ne trouve plus que John Styx.

Acte IV : Aux Enfers, Pluton donne un grand  » raout  » en l’honneur de ses visiteurs. Eurydice apparaît sous le déguisement d’une bacchante et Jupiter s’apprête à l’emmener,  mais Pluton s’interpose. Il lui rappelle la promesse de rendre la jeune femme à son époux. Jupiter feint de céder. À Orphée, qui paraît peu après, soutenu par l’Opinion Publique, il rend Eurydice à condition qu’il l’emmène sans tourner la tête, faute de quoi elle sera perdue pour lui. Orphée s’exécute, et tient bon jusqu’au moment où Jupiter lui administre un coup de pied… olympien. Il se retourne par réflexe et Eurydice est transformée en bacchante, prétexte à une bacchanale divine échevelée.

Dans les 10 tableaux de la version 3, situés après que Jupiter lui a donné rendez-vous (fin de l’acte III), Eurydice se retrouve sur la plage de l’Atlantide où Neptune l’invite dans son royaume sous-marin. De nombreux divertissements dansés lui sont alors présentés.

Orphée

LA PARTITION :



Version en 4 actes
Acte I
:
Ouverture : Promenade autour d’Orphée ; Chœur des bergers « Voici la douzièmz hzurz »,  scène du conseil municipal « Conseil municipal de la ville de Thèbe », mélodrame « Strophes de l’Opinion publique »  ; Couplets du berger joli « La femme dont le cœur rêve » (Eurydice) ; Duo du concerto « Ah ! c’est ainsi » (Eurydice, Orphée) ; Ballet pastoral : « Entrée des bergers, Petite marche, Les Faunes, Final » ; Chanson « Moi, je suis Aristée » (Aristée) ; Sortie des bergers ; Mélodrame ; Invocation à la mort « La mort m’apparait souriante » « Eurydice) ; Mélodrame ; Final I : Scène « Libre, Ô bonheur (Orphée), Choeur « Anathème », Couplets « Oui, l’opinion publique » (l’Opinion publique), Valse des petits violonistes « Adieu maestro », Strette finale « Viens, c’est l’honneur qui t’appelle ».

Acte II:
Entracte et chœur du sommeil « Dormons, dormons » ; Couplets de Vénus, Cupidon, Mars «  »Je suis Vénus » ;  Divertissement des Songes et des Heures « Tzing, tzing tzing (Morphée), De la première à la cinquième heure, Transformation, L’Aurore » ; Réveil des Dieux « Par Saturne, quel est ce bruit » (Jupiter, choeur) et couplets « Quand Diane descend dans la plaine » (Diane) ; Rondo-saltarelle « Eh hop ! Eh hop ! » (Mercure) ; Entrée de Pluton ; Air en prose « Avec quelle volupté » (Pluton) ; Chœur de la révolte « Aux armes, Dieux et Demi-dieux » (tous) ; Rondo des métamorphoses « Pour séduire Alcmène la fière » (plusieurs dieux) ; Grand final II : Scène, Ensemble, Choeur, Marche.

Acte III:
Entr’acte ; Couplets des regrets « Ah ! quelle triste destinée ! » (Eurydice) ; Couplets du roi de Béotie « Quand j’étais roi de Béotie » (John Styx) ; Mélodrame : Septuor du tribunal « Minos, Eaque et Rhadamante » ; Mélodrame ; Rondo des policemen « Nez au vent, oeil au guet » (Cupidon) ; Petite ronde du bourdon « Le beau bourdon que voilà » (les Policemen) : Duo de la mouche « Il m’a semblé sur mon épaule » (Eurydice, Jupiter) ; Scène et ballet des mouches : « Introduction, Andante, Valse, Galop ».

Acte IV:
Entracte et chœur infernal « Vive le vin, Vive Pluton » ; Entrée « Allons ma belle bacchante  » (Cupidon) et Hymne à Bacchus « J’ai vu le Dieu Bacchus » (Eurydice, Diane, Vénus, Cupidon, choeur) ; Menuet « Je veux, moi qui suis mince et fluet » (Jupiter, tous) et Galop « Ce bal est original, d’un galop infernal » (tous) ; Mélodrame et Final IV « Ne regarde pas en arrière  » (Jupiter, tous).

Parmi les morceaux qui compose les 10 tableaux du Royaume de Neptune on peut citer : Le pas des crevettes, La marche des tritons,  La polka des chevaux marins, La tempête, Le tableau de l’aquarium,  Le ballet des Océanides

 

Orphée

FICHE TECHNIQUE :


Orphée aux Enfers

1° version : Opéra bouffe en 2 actes et 4 tableaux d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy ; musique de Jacques 0ffenbach. Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 21 octobre 1858 avec :
Mmes Tautin (Eurydice), Chabert (Diane), Macé (L’Opinion Publique), Enjalbert (Junon), Garnier (Vénus), Geoffroy (Cupidon), Cico (Minerve) et Mrs Léonce (Pluton/ Aristée), Désiré (Jupiter), Tayau (Orphée), Bache (John Styx), J.Paul (Mercure), Antognini (Bacchus), Floquet (Mars).

2° version : Opéra féerie en 4 actes et 12 tableaux d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach. Création à Paris, théâtre de la Gaîté, le 7 février 1874 avec :
Mmes Cico (Eurydice), Matz-Ferrare (Cupidon), Gilbert (l’Opinion publique), Angèle (Vénus), Perret (Diane) et Mrs Montaubry (Pluton/ Aristée), Christian (Jupiter), Grivot (Mercure), Alexandre (John Styx), Meyronnet (Orphée).

3° version : version 2 complétée par Le Royaume de Neptune, en 4 acte et 22 tableaux. Donnée à partir du 14 août 1874 au même théâtre. Les nouvelles interprètes sont les premières danseuses du Royaume de Neptune , essentiellement Cristina Roselli, et Mlles Fontabello, Brambilla, Vernet et Pelletier.

Editions Heugel-Leduc

DISCOGRAPHIE :


Intégrales CD

Natalie Dessay, Laurent Naouri, Jean-Paul Fouchecourt, Yann Beuron, Patricia Petitbon. Dir. Marc Minkovski
Emi Classic 2 CD55672/2

Mady Mesplé, Jane Rhodes, Michel Sénéchal, Charles Burles, Michel Trempont. Direction musicale, Michel Plasson
EMI C 167 16341/3 (3 disques 30cm)- réédité en 2 CD

Claudine Collart, Janine Lindenfelder (= Linda Felder), Jean Mollien, Bernard Demigny. Direction musicale, René Leibowitz
Festival 261 (2 disques 30cm) rééditée en 2 CD

Sélections CD

Claudine Collart, Liliane Berton, Claude Devos, Michel Roux. Direction musicale, Jules Gressier
EMI C 057 12108 (1 disque 30cm) (repris en coffret 2CD EPM 767 515 2 avec  » La Vie Parisienne  » et  » La Belle Hélène « )

Mady Mesplé, Jane Rhodes, Michel Sénéchal, Charles Burles, Michel Trempont. Orch. Michel Plasson
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.4 (extraits intégrale EMI) (3 CD) (+  La Belle Hélène + La Vie Parisienne)

DVD
Natalie Dessay, Jean-Paul Fouchécourt, Laurent Naouri, Yann Beuron, Steven Cole. Orch. Marc Minkowski
Opéra National de Lyon – Mise en scène : Laurent Pelly
TDK DV-OPOAE (2 DVD)

Alexandru Badea, Elizabeth Vidal, Dale Duesing, Reinaldo Macias, André Jung, Désirée Meiser. Orch. Patrick Davin
Théâtre de la Monnaie Bruxelles – Mise en scène : Herbert Wernicke
Arthaus 100402 ( 1 DVD)

Aude Sardier, Isabelle Fleur, Maryline Fallot, Jeanne-Marie Lévy, Anaïs Constant, Frédéric Mazzotta, Jean-Louis Meunier, Till Fechner, Philippe Gortari, Philippe Ermelier, Frank T’Hézan. Orch. Jean-Christophe Keck
Mise en scène : Frank T’Hézan. Festival de Châteaux de Bruniquel 2007 (2 DVD)
Consulter le site www.bruniqueloff.com 

Airs de France : Renée Passeur, Robert Manuel, Raymond Souplex, Micheline Dax, Anne Beranger, Roger Saget, Michel Caron, Jacques Beauvais, Irène Gromova, Denise Dupleix, Annie Dumas, Andrée Grandjean, Frederic Geyre ; dir. Georges Dervaux
1958   INA VIDEO Orphée aux Enfers

© Académie Nationale de l’Opérette août 2016