Merkès Marcel et Merval Paulette

01-Merkes-Merval-dessin

.

MARCEL MERKÈS ET PAULETTE MERVAL

(1920-2007) et (1920-2009)
BARYTON-MARTIN & SOPRANO

I.  BIOGRAPHIE
Cinquante ans de carrière
Un succès immédiat
1500 représentations en trois ans et demi
Le couple idéal
Ambassadeurs de l’opérette
II. DISCOGRAPHIE
IIIL  LA CARRIERE PARISIENNE
Rêve de valse
Violettes impériales
Annie du Far West
Rose-Marie
La veuve joyeuse
Las amants de Venise
Les amours de Don Juan
Michel Strogoff
Vienne chante et danse
Douchka
IV.  LES CONCERTS

BIOGRAPHIE :

Cinquante ans de carrière

Marcel Merkès et Paulette Merval ont été applaudis par des millions de spectateurs 02-Veronique-MMau cours d’une carrière inégalée qui leur a permis de « régner » à Mogador pendant de longues séries de représentations et de chanter au cours de nombreuses tournées en régions, Belgique, Suisse ou Afrique du Nord devant des salles combles. Revivons la carrière de ces deux artistes aujourd’hui disparus.

Le « phénomène » Merkès/ Merval reste unique dans les annales de l’opérette française. Déjà parce qu’ils ont chanté ensemble environ 45 ans sur 50 ans de carrière ! Je n’ai pas souvenance que l’on puisse relever une telle longévité professionnelle commune dans l’histoire du théâtre en France. Quant à leur succès, qui ne s’est jamais démenti, il s’explique par leurs qualités propres, physiques et artistiques : « Sa voix chaude et ample, sa prestance, son allure et ses qualités de comédien lui valent un succès personnel mérité qu’il partage avec sa gracieuse femme Paulette Merval, qui chante et joue à la perfection » (1)

A cela, il y a lieu d’ajouter un professionnalisme sans faille : inspirés par un profond respect pour leur public, il n’ont jamais cédé à la facilité. Leur longévité artistique s’explique aussi par le mythe du « couple idéal de l’opérette », « unis à la ville comme à la scène » qu’ils ont su imposer à partir du début des années soixante et que François Florent a mis en évidence : « … le public fait, sans discontinuer, ce couple sien, qui le séduit et le distrait : à travers les péripéties plutôt sommaires de l’opérette, se renouvelle tous les soirs le conte de la bergère et du prince charmant. Voilà plus qu’il n’en faut pour authentifier le miracle Merkès-Merval » (2).

Marcel Merkès, bordelais de naissance, est né le 7 juillet 1920. Son père, chef comptable, ne s’opposa pas à sa vocation. Elève du lycée Montaigne, il entra ensuite au Conservatoire de Bordeaux où il obtint un premier prix d’opéra-comique et d’opérette.
Paulette Riffaud est née le 3 novembre 1920, en Dordogne à la Roche-Chalais, aux confins de la Charente, où son père, expéditeur en gros, s’installa bientôt, avant, quelques années plus tard, de se fixer à Bordeaux. Paulette est admise au Conservatoire où elle étudie d’abord le violon. Un peu par hasard, elle entre dans la classe d’opérette… où ses études sont couronnées par un premier prix. C’est au Conservatoire qu’elle rencontre celui qu’elle devait bientôt épouser : le 27 décembre 1939 si l’on en croit le « Whos’s Who » du début des années 1980.

Nos deux futures vedettes ont désormais terminé leurs études musicales. Marcel débute au Grand Théâtre de Bordeaux dans Werther (Albert), Le Barbier de Séville (Figaro), Faust (Valentin), Lakmé, Paillasse… En opérette, il interprète entre autres Le Chant du désert, La fille de Madame Angot ou Monsieur Beaucaire.

Un succès immédiat

Avant d’être appelés à chanter dans la capitale, lorsque cette ambition est réalisée, ce qui n’est pas courant, les jeunes artistes sont souvent tenus de parcourir la province pendant plusieurs années. Pour Marcel Merkès et Paulette Merval, tout s’est déroulé très vite. Quelques contrats sur les scènes de province… et presque aussitôt Mogador !

Il faut dire qu’à cette époque, Henri Varna, le directeur de Mogador, comme Maurice Lehmann au Châtelet, est confronté, la guerre à peine terminée, au problème du renouvellement des distributions. André et Suzanne Baugé, Jeanne Aubert, Reda Caire, Gabrielle Ristori et quelques autres, c’est pour lui le passé… Il se met donc en quête de jeunes chanteurs qui seront les vedettes de demain, pour attirer un public qui, après avoir enduré quatre années de souffrances et de restrictions, est avide de distractions, de rêve et d’enchantement…

15-Princesse Czardas 2Varna auditionne Marcel et Paulette et est aussitôt enthousiasmé par ce jeune couple séduisant et bien chantant. Il l’engage sur le champ pour une reprise de Rêve de Valse, qui permettra d’attendre la grande création dont le magicien Varna attend des merveilles. Vincent Scotto est d’ailleurs en train d’en composer la musique. Violettes Impériales, est le triomphe que l’on sait… et la seule création de Marcel à Mogador à laquelle Paulette ne participe pas, les protagonistes préférant pour cette opérette une espagnole bon teint pour le rôle de Violetta. Ce sera Lina Walls. Violettes se joue du 31 janvier 1948 au 5 février 1950 pour la première série et consacre Marcel Merkès grande vedette de l’opérette :
« M. Merkès est un jeune premier au jeu expressif et à la voix chaude et pleine qui a remporté un grand succès… » (3).

Puis, Marcel crée au Châtelet, avec Lily Fayol comme partenaire, la version française d’Annie du Far-West. En cette même année 1950, Paulette chante quelque temps au théâtre de l’Empire une reprise de Rose-Marie dans une présentation de Maurice Lehmann. Le couple se reforme en province tout au long de l’année 1951. La naissance d’Alain Merkès ne leur permet pas de se retrouver ensemble à Mogador où Henri Varna fait appel à Marcel pour une reprise de La Veuve Joyeuse que le baryton chante à partir du 17 novembre 1951 avec Marina Hotine comme partenaire. Une reprise de Violettes Impériales, avec ses principaux créateurs, assure les recettes du théâtre Mogador du 28 juin 1952 au 15 février 1953. Marcel ne termine pas la série car dès la rentrée 1952 on le retrouve avec Paulette à l’Alhambra de Bruxelles dans Violettes, puis sur de nombreuses autres scènes (Toulouse, Bordeaux, etc.)

1500 représentations en trois ans et demi !

Après Violettes Impériales, et en attendant sa prochaine grande création, Henri Varna monte une nouvelle production de La Belle de New York, une opérette américaine créée en français au Moulin Rouge en 1903. Cette Belle devenue La Belle de mon cœur, se joue neuf mois. Marcel Merkès et Paulette Merval peuvent ensuite faire leur rentrée parisienne.

Les voici donc à Mogador pour trois années et demi soit 1500 représentations devant 1800 personnes chaque soir : au total 2 500 000 spectateurs ! Nos deux vedettes chantent d’abord, pendant deux ans à partir du 5 décembre 1953, Les Amants de Venise, l’opérette posthume de Vincent Scotto :
« La voix chaude de Marcel Merkès est assurément l’un des atouts majeurs de ce spectacle. Paulette Merval lui donne la réplique avec beaucoup de charme… (4)

Les Amours de Don Juan du compositeur catalan Juan Morata, airs additionnels de Paulette Zévaco, succèdent à l’opérette de Scotto :
« … Marcel Merkès est un Don Juan de grande et fine allure, à la voix chaude et ample. Au surplus, un comédien de qualité. Son succès personnel est vif. A ses côtés, la délicieuse Paulette Merval joue et chante à ravir… (5) ».

Nos deux héros « abandonnent » ce spectacle le 12 avril 1957 et, pendant plus de quatre ans, sillonnent les routes de France, de Belgique, de Suisse et d’Afrique du Nord. Ils chantent l’opérette, font quelques incursions dans le tour de chant… Marcel est immobilisé quelques mois par une chute, puis c’est à nouveau la ronde des théâtres…
En 1956 Marcel Merkès tourne le film Trois de la Canebière d’après l’opérette de Vincent Scotto et, l’année suivante, Trois de la Marine. Dans les deux cas, il a Colette Deréal comme partenaire féminine, Henri Genès et Michel Galabru comme partenaires masculins. Paulette Merval tient le rôle de Rosette dans le second de ces films.

Le 3 janvier 1961, Marcel Merkès fait sa rentrée à Mogador dans une reprise de Violettes Impériales, cette fois encore sans Paulette. Sa partenaire sera la jeune Rosita, dont on n’ entendra plus parler la série de représentations terminée.

Le couple idéal

Les années soixante, porteuses de la vague du « rock’n roll » et des « yé-yé », sont impitoyables pour certains artistes de variétés, emportés comme un fétu de paille… L’opérette elle-même et certains de ses artisans sont touchés. D’ailleurs dès la fin des années cinquante, les premiers signes du déclin de l’opérette dans la capitale se font sentir. Imperturbables, Marcel Merkès et Paulette Merval traversent cette période sans dommage, se permettant même d’accroître leur notoriété qui culmine au moment des représentations de Vienne chante et danse (1967). Signe de leur popularité, ils font partie des personnalités imitées par Thierry Le Luron…

Après la dernière représentation de Violettes Impériales, ils se retrouvent ensemble à Mogador, le 24 février 1962, dans Rêve de Valse. Désormais, les directeurs de théâtre ne pourront les séparer sur leurs scènes. Le mythe du « couple n°1 de l’opérette », savamment orchestré, s’impose… Dans le théâtre d’Henri Varna, les deux artistes alternent tout au long de la décennie, reprises et créations, qu’ils interrompent pour de brèves tournées en province.

Après Rêve de Valse, Marcel et Paulette chantent 150 fois Violettes Impériales en province, donnent des représentations de Rêve de Valse et se retrouvent à Mogador pour une reprise de Rose-Marie particulièrement réussie (23 novembre  1963). Nouvelle création du couple le 5 décembre 1964 : Michel Strogoff, adapté du chef d’œuvre de Jules Verne et mis en musique par Jack Ledru, reçoit un accueil chaleureux du public de Mogador. Un an plus tard, Michel Strogoff et ses créateurs se font applaudir sur les scènes de province. Une tournée de Rêve de Valse précède le retour à Mogador du couple pour une reprise des Amants de Venise (26 novembre 1966).

Puis c’est la création, le 25 novembre 1967, de Vienne chante et danse de Jack Ledru (airs additionnels de Johann Strauss) qui se présente comme un nouveau succès, tant à Paris où il se joue deux ans, qu’en province ou ses créateurs le feront applaudir au cours de deux grandes tournées.

Ambassadeurs de l’opérette

La dernière représentation de Vienne chante et danse est donnée le 12 novembre 04-Reve de Valse1969. Une page de l’histoire de Mogador est tournée… Celle du Châtelet, s’achèvera l’année suivante avec la disparition de Mariano, prélude à la faillite du théâtre. A Mogador, la mort d’Henri Varna, décédé le 10 avril 1969, survient donc à un moment où le   problème de la survie de l’opérette à Paris se pose de plus en plus. C’est à cette époque que Maurice Lehmann crée l’ANAO qui milite pour la création d’un Théâtre National d’Opérette dans la capitale.
Les successeurs de Varna tentent d’abord de poursuivre son œuvre en alternant reprises et créations, les plus remarquées étant Hello Dolly ! avec Annie Cordy et Douchka qui permet au couple Merkès-Merval d’assurer une dernière création dans le théâtre de leurs débuts parisiens. Douchka, de Georges Garvarentz, Charles Aznavour et Yves Jamiaque se joue d’octobre 1973 à fin août 1974.

A partir de décembre 1969, Marcel Merkès et Paulette Merval se produisent dans les salles de régions et de Belgique avec Vienne chante et danse (1969/ 1970), Rêve de Valse (fin 1970) et Violettes Impériales (1971, 1972, 1973). Puis après Paris, Douchka part deux ans en tournée. L’occasion pour Alain Merkès (d’abord sous le pseudonyme d’Alain Valmer) de faire ses débuts dans l’opérette. En septembre 1976 et pendant trois ans, une nouvelle tournée de Vienne chante et danse bat des records de recette.

A partir de septembre 1979 le couple chante la nouvelle version de Princesse Czardas qu’ils feront applaudir un peu partout pendant cinq ans. La production est diffusée par la télévision le 2 janvier 1983. C’est apparemment, le seul ouvrage théâtral filmé pour la télévision.
En 1984, Marcel et Paulette décident de se produire désormais en récital dans un spectacle souvent appelé Nos amours d’opérettes. Après un rodage en province, le spectacle est présenté avec succès à l’Olympia au cours de l’été 1984. Dix ans après leur prestation dans Douchka, les Franciliens ne les ont pas oubliés.

Le couple assure la deuxième partie du spectacle qui comprend non seulement des airs et duos empruntés aux ouvrages qu’ils ont mené au succès, mais également un coup de chapeau à des compositeurs français ou américains qui ont illustré l’opérette ou la comédie musicale (6). A cette époque Marcel et Paulette participent également à plusieurs croisières de l’opérette. Pendant une dizaine d’années, ils « promènent » leur récital un peu partout en région et en Belgique, la première partie étant assurée par Alain Merkès. Puis ils décident de quitter la scène, à l’âge de 74 ans….

Ils sont disparus, lui le 30 mars 2007, elle le 21 juin 2009

Pour conclure, laissons la parole à Marcel Merkès qui nous avait déclaré en son temps :
« Paulette et moi, nous aimerions remercier le public, ce public étonnant qui nous a toujours témoigné confiance et fidélité. Cette confiance, il ne faut jamais la décevoir. Une représentation n’est jamais gagnée d’avance et chaque soir il faut se présenter devant le public comme s’il s’agissait d’une première et lui apporter les trois heures de rêve et de gaîté qu’il est venu chercher ».

Jean-Claude Fournier

(1) « Nord-Matin » à l’occasion de la création des Amours de Don Juan.
(2) « Marcel Merkès et Paulette Merval » par François Florent (collection Spécial Opéra, mai 1968)
(3) « La Vie Militaire »
(4) Robert Thill dans « Arto »
(5) André Ransan dans « L’Aurore »
(6) En première partie de L’Opérette à l’Olympia, figuraient Cathy Albert, Monique Bost, Caroline Clerc, Patricia Jumelle, Christian Baudéan, Christian Borel et Alain Merkès qui rejoignait ses parents en deuxième partie pour un hommage à Vincent Scotto.

DISCOGRAPHIE

16-Airs-duos
En dehors de la vingtaine de 33T 30cm d’extraits d’opérettes ou d’airs célèbres (rappelée ci-après), diffusés pour la plupart entre 1960 et 1975, Marcel Merkès et Paulette Merval ont enregistré plusieurs 78T, 45T ou 33T 30cm chez Odéon/ CBS/ Sony. Nous citerons :

. Une curiosité. Le premier enregistrement en 78T de Violettes Impériales chez Pathé Marconi par Marcel Merkès. L’air « Ce soir mon amour » se retrouve sur un CD édité par Marianne Mélodie.

. Plusieurs 45T : par Marcel Merkès et Rolande Riffaud : Véronique ; par Marcel Merkès et Paulette Merval : Rêve de Valse, Au Soleil du Mexique, Monsieur Beaucaire, La Danseuse aux Etoiles, L’Auberge du Cheval Blanc, Trois de la Marine (film), Trois de la Canebière(film).

. Plusieurs 33T 25cm : Violettes Impériales, Les Amants de Venise et L’Auberge du Cheval Blanc, augmentés par la suite de nouveaux airs pour être édités en 30cm.

Les Amours de Don Juan (1 disque 25cm ou 2 disques 45T), réédité sur CD par Marianne Mélodie.

. Par Marcel Merkès, plusieurs 45T de chansons et au cours des années soixante, un 30cm de « Noëls » et un autre de « Mélodies d’hier ».

. Plusieurs disques 30cm d’airs et duos d’opérettes : « Airs et duos d’opérettes célèbres », « Opérettes d’hier et d’aujourd’hui », « Marcel Merkès et Paulette Merval ont choisi pour vous… », « Marcel Merkès et Paulette Merval chantent pour vous… » (deux volumes). Et à l’occasion des représentations de « L’Opérette à l’Olympia », « Marcel Merkès et Paulette Merval en public » (Chanterêve). Plusieurs autres disques parus sont des repiquages d’extraits repris sur des enregistrements déjà diffusés.

 . Les extraits d’opérettes en 33T 30cm (Odéon repris par CBS puis par Sony)

Ces titres ont été réédités par Marianne Mélodie ou Sélection du Reader’s Digest

– Violettes Impériales (deux versions)
– Les Amants de Venise (deux versions)
– Vienne chante et danse (deux versions)
– Douchka
– Rêve de Valse (d’abord couplé avec Princesse Czardas (puis augmenté et diffusé sur deux faces)
– Princesse Czardas (d’abord couplé avec Rêve de Valse puis avec Le Comte de Luxembourg)
– Princesse Czardas (nouvelle version)
– L’Auberge du Cheval Blanc (deux versions)
– Rose-Marie
– No, No, Nanette
– La Veuve Joyeuse
– Valses de Vienne
– La Fille de Madame Angot
– Les Cloches de Corneville
– Véronique

LA CARRIERE PARISIENNE de Marcel Merkès et Paulette Merval

A la veille de la seconde guerre mondiale, Henri Varna devient directeur du théâtre Mogador. Il se contente pendant les hostilités de monter du mieux possible quelques classiques du répertoire ;  il déclarait en 1940 :
« Oui, je veux favoriser une renaissance de l’opérette française et respecter les pures traditions de celle-ci tout en la modernisant. J’ai voulu une présentation féerique, des décors et des costumes « interprétés » et il y aura, évidemment, quelques tableaux nouveaux » (1)

Après la reprise d’ouvrages tels que Les Cloches de Corneville ou Les Saltimbanques, il monte Ta Bouche (1944) puis propose une première création, La Vie de Château, dont on sait aujourd’hui pas grand chose mais qui se joue pourtant un peu plus d’un an. Suit une reprise de No, No, Nanette. C’est à ce moment qu’Henri Varna engage deux jeunes chanteurs inconnus mais au talent prometteur pour la reprise de Rêve de Valse qu’il prépare activement : Marcel Merkès et Paulette Merval.
(1) Le « Petit Parisien »

Rêve de Valse

C’est à Vienne, le 2 mars 1907 qu’a eu lieu au théâtre An der Wien, la première 03-Reve de Valsereprésentation de Rêve de Valse d’Oscar Straus. A Paris, l’ouvrage est créé au théâtre Apollo aussitôt les représentations de La Veuve Joyeuse terminées (3 mars 1910) par Henri Defreyn (le créateur en France de Danilo) et Alice Bonheur. L’histoire de l’Opérette en France de Bruyas ne signale que trois reprises de Rêve de Valse à Paris (1914, 1922 et 1929) avant celle proposée par Henri Varna le 22 mars 1947. Mais d’autres représentations ont vraisemblablement eu lieu dans les « théâtres de quartier », très actifs entre les deux guerres, mais dont les programmations sont mal connues de nos jours.

Marcel Merkès et Paulette Merval chantent l’ouvrage environ 300 fois lors de cette série de représentations puis 250 fois lors de la nouvelle reprise qu’ils en feront à Mogador en 1962, dans une version nouvelle d’Henri Varna « inspirée des extravagances de la Folle Epoque ». Ils interpréteront Rêve de Valse très souvent en province (1963, 1966, 1970). Pour mémoire, notons que Rêve de Valse a encore été repris à Mogador en 1976 par d’autres interprètes.

L’histoire

Obligé d’épouser sans l’aimer la Princesse Hélène, fille du Grand Duc Joachim qu’il a compromise, le lieutenant français Maurice de Fonségur, frivole et léger, cherche un moyen de faire annuler son mariage. Apprenant par hasard que, si au bout d’un an la Princesse n’a pas d’enfant, le divorce sera prononcé d’office, le nouveau marié décide de feindre une « infirmité » qui l’empêchera de donner l’héritier que le Grand Duc espère.
Malgré l’amour que lui porte sa jeune épouse, abandonnant cette Cour ennuyeuse et gourmée, Maurice fuit le Palais pour aller, en joyeux célibataire, s’amuser et applaudir les musiciennes de la ravissante Franzi. Une tendre idylle se noue entre Franzi et Fonségur, bientôt interrompue par l’arrivée de la Princesse Hélène et de toute la cour. Scandale… Franzi refoule au fond de son cœur l’amour que lui avait déjà inspiré Maurice et, trouvant Hélène sympathique, l’aide à conquérir son mari. Trouvant dans la musique une douce consolation, elle réunira dans une dernière valse les jeunes époux…

La création

Opérette en 3 actes, musique de Oscar Straus ; paroles françaises de Léon Xanrof et Jules Chancel. Création mondiale à Vienne, théâtre An der Wien, le 2 mars 1907, à Paris, au théâtre Apollo le 3 mars 1910.
Distribution à la création : Alice Bonheur (Franzi), Alice Millet (Hélène), Maria Dhervilly (Frédérique), Henri Defreyn (Fonségur), Paul Ardot (Lothar), Saturnin Fabre (Joachim VII), Charles Casella (De Moussy)

Mogador

22 mars 1947/ 18 janvier 1948

Paulette Merval (Franzi), Simone Favry (Maria Candido) (Hélène), Frédérique (Frédérique), Marcel Merkès (Fonségur), Edmond Castel (Joachim VII), Robert Allard (Lothar), Roger Eymael (De Moussy); orchestre et chœurs direction Paul Florendas ; les danseuses de Miss May; mise en place d’après la mise en scène de la création par Valster.

24 février 1962/ fin novembre 1962

Paulette Merval (Franzi), Huguette Boulangeot (Hélène), Mathilde Casadesus (Frédérique), Marcel Merkès (Fonségur), Jacques Meyran (Joachim VII), Perchik (Lothar), Roger Darvic (De Moussy); réalisation nouvelle d’Henri Varna ; orchestre direction Jacques Pastory, le ballet viennois d’Evelyne Gray.

Violettes Impériales

Est-ce le succès de la chanson « La Violettera » interprétée par Raquel Meller qui 05-Violettes Imperialesdécida Henry Roussell de tourner avec sa créatrice un mélodrame mettant en scène une petite marchande de violettes ? Le film muet (1924) fut un triomphe et le réalisateur tourna une version parlante de Violettes Impériales en 1932 toujours avec Raquel Meller.

Cette belle histoire d’amour inspire Henri Varna qui, avec la collaboration de Paul Achard et René Jeanne, découpe l’ouvrage en une opérette en 2 actes, musique de Vincent Scotto, qui devient bientôt l’un des plus grand succès du théâtre Mogador avec Marcel Merkès dans le rôle de Don Juan. Si Paulette Merval ne participa pas aux représentations parisiennes, elle assura les tournées en province et à l’étranger auprès de Marcel.

A la création, Violettes Impériales se joue à Mogador du 31 janvier 1948 au 5 février 1950; une première reprise est donnée du 28 juin 1952 au 15 février 1953, une seconde, qui marque la rentrée de Marcel Merkès à Paris après quatre ans d’absence, est jouée une année entière (du 3 février 1961 à la mi février 1962).
Violettes Impériales aura donc été joué en tout à Mogador près de 1 500 fois! (1). En province et à l’étranger, on citera plusieurs tournées importantes avec Marcel et Paulette : fin 1952/1953, fin 1962/1963 et 1971/1973.

De la partition, quatre airs connurent un très grand succès: « Ce soir mon amour » et « Si tu voyais » chantés par Juan, « La Valse des Violettes » et « Qui veut mon bouquet de Violettes », interprétés par Violetta.
On lisait dans la presse (Camille Dubled) au sujet de Marcel Merkès lors de la reprise de 1950 :
« Ce bel artiste… s’est révélé par son aisance et sa distinction de comédien, ainsi que par sa voix magnifiquement timbrée tour à tour éclatante ou aux demi-teintes veloutées, le meilleur baryton d’opérette depuis 1945 ».

L’histoire

A Séville en 1852, Don Juan d’Ascaniz et Violetta, la petite marchande de fleurs sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ignorant les préjugés de caste, ils envisagent sérieusement de se marier. Mais la marquise d’Ascaniz veille : son fils n’épousera pas une fille du peuple, mais une jeune héritière noble, Eugénie de Montijo. Ne voulant pas contrarier sa mère qui profite d’une santé délicate pour tyranniser son entourage, Juan finit par céder.

Le jour de Pâques, venue vendre ses fleurs, Violetta aperçoit Eugénie au bras de son amoureux. Furieuse, elle se précipite vers sa rivale comme pour la frapper. Eugénie comprend la situation. Elle rompt sur le champ avec Juan, s’oppose à l’arrestation de Violetta. Reconnaissante, cette dernière examine les lignes de sa main et lui prédit qu’elle sera Impératrice.

Deux ans plus tard, Eugénie est effectivement devenue l’épouse de Napoléon III. Elle a fait venir auprès d’elle la petite marchande de violettes qui a été promue fleuriste en chef du Palais. Au cours de cette période, Juan a effectué un long voyage… Le voici enfin à Paris. Les deux jeunes gens se retrouvent et leur brouille n’est bientôt plus qu’un mauvais souvenir… Tout serait donc pour le mieux si Juan ne s’était pas lancé dans une conjuration destinée à favoriser les mouvements libéraux espagnols. Apprenant que les conjurés ont décidé de faire éclater une bombe au passage du carrosse impérial, il se désolidarise de ses compagnons.
Assommé par ses anciens complices, il est retrouvé par Violetta. Revenu à lui, il demande à la jeune fille de prévenir Eugénie. Violetta fait plus : à l’insu de la souveraine, elle prend sa place dans le carrosse. Elle est blessée, mais elle guérira vite. En récompense, elle sera anoblie et épousera Juan…

La création

Opérette à grand spectacle en 2 actes et 17 tableaux d’après le film d’André Roussel. Paroles de Paul Achard, René Jeanne et Henri Varna. Musique de Vincent Scotto orchestrée par Jacques Météhen. Création à Paris, théâtre Mogador, le 31 janvier 1948.

Mogador

31 janvier 1948/ 5 février 1950

Marcel Merkès (Don Juan), Lina Walls (Violetta), Raymonde Allain (Eugénie), Marcelle Ragon (Sérafina), Annie Alexander (Rosette), Renée Thorel (Madame d’Ascaniz), Fernand Gilbert (Picadouros), Robert Allard (Estampillo), Pierjac (Loquito). Direction musicale, Paul Florendas. Production et mise en scène d’Henri Varna.

28 juin 1952/ 5 février 1950

Marcel Merkès (Don Juan), Lina Walls (Violetta), Raymonde Allain (Eugénie), Andrée le Dantec (Sérafina), Annie Alexander (Rosette), Renée Thorel (Madame d’Ascaniz), Fernand Gilbert (Picadouros), Robert Allard (Estampillo), Louis Viret (Loquito). Direction musicale, Paul Florendas. Production et mise en scène d’Henri Varna.

3 février 1961/ mi février 1962

Marcel Merkès (Don Juan), Rosita (Violetta), Raymonde Allain (Eugénie), Simone Alex (Sérafina), Huguette Darlys (Rosette), Alice Tissot (Madame d’Ascaniz), Perchik (Picadouros), Léo Smith (Estampillo), Benjamin Bouix (Loquito). Direction musicale, Jacques Pastory. Production et mise en scène d’Henri Varna (assistant Guy Cadenat). Chorégraphie d »Evelyne Gray.

(1) il aurait été logique que le succès de l’ouvrage à Mogador se prolonge sur le grand écran avec le concours de ses principaux protagonistes. Mais il fallut compter avec Francis Lopez qui sut le premier profiter du triomphe parisien de l’ouvrage pour composer la musique d’un nouveau film interprété par Luis Mariano et Carmen Sévilla. Est-ce pour cela qu’Henri Varna ne fit jamais appel à Francis Lopez dans son théâtre ? Est-ce pour cela que Violettes Impériales était à l’affiche de Mogador lors de la sortie du film ? Quoi qu’il en soit le film fut également un triomphe et l’on doit reconnaître qu‘aujourd’hui on se souvient plus de « L’amour est un bouquet de Violettes » que de « Ce soir mon amour ».

Annie du Far West

Maurice Lehmann avait lui aussi remarqué le jeune couple et souhaitait se l’attacher. 06-Annie Far WestUn projet d’opérette ne s’étant pas concrétisé, le directeur programma Marcel au Châtelet et confia le rôle-titre de Rose-Marie à Paulette pour une reprise donnée au théâtre de l’Empire.

Au Châtelet, Annie du Far West (création française) succédait à une excellente reprise de L’Auberge du Cheval Blanc. Malgré ses 316 représentations, l’ouvrage, dont le rôle-titre avait été confié à la fantaisiste Lily Fayol, déçut Lehmann. Sans doute, cette populaire fantaisiste, qui excellait au music-hall, n’était pas préparée à tenir vocalement le rôle très lourd d’Annie sur lequel repose en grande partie la pièce. D’ailleurs, dans une série d’émissions radios le concernant, il reconnaît son erreur:

« J’avais aiguillé cette excellente artiste sur une voix qui n’était pas la sienne. Le rôle n’était pas dans sa voix, enfin dans ses cordes vocales, j’entends. Et ce ne fut pas sans quelques difficultés qu’elle chanta… »

Il semblerait que son partenaire, Marcel Merkès, dans un personnage plus effacé ainsi que le veut la pièce, ait mieux su tirer son épingle du jeu :

« Le baryton Marcel Merkès donna aux mélodies d’Irving Berlin un attrait irrésistible par sa voix veloutée et puissante » (1).

L’histoire

Annie Okley, jeune paysanne du Far West fait vivre ses trois sœurs et son petit frère avec le produit de sa chasse. A force de tirer sur les oiseaux sauvages, elle a acquis un coup d’œil infaillible. Le hasard d’une rencontre la met en présence de la troupe d’Indiens et de cow-boys du fameux cirque de Bufallo-Bill. Un concours de tir local lui permet de triompher de la vedette de la troupe, le célèbre tireur Frank Butler.
Annie devient follement amoureuse de Frank et la pièce raconte l’histoire de cet amour, constamment contrarié par la rivalité professionnelle entre les deux champions de la carabine. Après de nombreuses péripéties qui les réunissent et les séparent au hasard des randonnées des « gens du voyage », tant en Amérique qu’en France, un magnifique final permet au spectateur du Châtelet d’assister aux débuts du cirque de Buffalo-Bill à Paris, sous la présidence de M. Fallières, à l’époque où feu la Grande-Roue voisinait avec la Tour Eiffel.
L’amour d’Annie s’avère plus fort que son amour-propre d’artiste et son mariage avec Frank Butler assure son bonheur (2).

La création

(Annie Get Your Gun)

Opérette en 2 actes d’Irving Berlin (musique et lyrics)), livret d’Herbert et Doroty Fields. Création mondiale à New Haven le 28 mars 1946 et à Broadway le 16 mai 1946 avec Ethel Merman (Annie), Belly Anne Nyman (Winnie), Ray Middleton (Frank), Harry Bellaver (Harry), William O’Neal (Buffalo Bill)

Châtelet

19 février 1950/ fin nov-début déc 1950

Opérette à grand spectacle en 2 actes et 20 tableaux ; adaptation française d’André Mouézy-Eon, couplets d’Albert Willemetz. Création à Paris, théâtre du Châtelet le 19 février 1950.

Lily Fayol (Annie), Jane Montange (Dolly), Jacqueline Lejeune (Winnie), Marcel Merkès (Frank Butler), Pierjac (Cossard), Florencie (Taureau Assis), Jack Claret (Tommy), Bernard Dumaine (Buffalo Bill). Mise en scène de Maurice Lehmann. Direction musicale, Félix Nuvolone. Chorégraphie de Victor Gsovsky.

(1) Histoire de l’Opérette en France par Florian Bruyas (Emmanuel Vitte, 1974)
(2) Texte publié dans le programme de la création française au Châtelet

Rose-Marie

Rose-Marie est une des opérettes les plus jouées à Paris. Créée dans sa version 07-Rose-Mariefrançaise à Mogador le 9 avril 1927 par Cloé Vidiane et Madeleine Massé en alternance, Robert Burnier et la danseuse June Roberts, l’ouvrage totalisa 1250 représentations pour la première série. Il fut repris dans ce même théâtre pour quelques semaines le 20 janvier 1930 à la suite de l’échec d’Halleluia !, puis émigra au Châtelet où en 1940 il est chanté par Fanély Revoil et en 1944 par Madeleine Vernon. Il poursuivit sa carrière au théâtre de l’Empire où il est donné en 1947 et en 1950, cette derrière série étant interprétée par Paulette Merval, Guy Fontagnère et la danseuse Barbara La May. Rose-Marie retrouve ensuite le théâtre de ses premières amours : en 1963 elle est interprétée par Marcel Merkès, Paulette Merval et la danseuse Cécile Tchernova. Mogador assure encore une série en 1970 de Rose-Marie avec Angélina Cristi, Bernard Sinclair et Barbara Doumer.

La version 1963/ 1964 interprétée par Marcel Merkès et Paulette Merval à Mogador fut particulièrement réussie. La presse qui se préparait à ironiser sur le côté passéiste d’une telle reprise ne put qu’applaudir sur la fraîcheur et la qualité de la production et le talent des interprètes avec en tête Marcel Merkès, Paulette Merval et Cécile Tchernova. Henri Varna, une fois de plus bien inspiré, avait réussi à surprendre des médias pourtant blasés :
« Henri Varna n’a pas eu besoin de rajeunir Rose-Marie pour en faire un des spectacles les plus somptueux que l’on puisse voir à Paris » (Maurice Rapin).

L’histoire

L’auberge canadienne de Lady Jane est fréquentée par de rudes chercheurs d’or. La ravissante Rose-Marie est fiancée à Jim le trappeur. Tout serait parfait sans la jalousie du riche Hawley qui, pour se débarrasser d’un rival, accuse Jim du meurtre d’Aigle Noir. En réalité l’indien a été poignardé par sa femme Wanda, elle-même la maîtresse d’Hawley…

Jim s’enfuit… Hawley fait croire à Rose-Marie que son fiancé à tué Aigle Noir par amour pour Wanda. Désespérée, la jeune fille accepte d’épouser Hawley. Mais, le jour du mariage, Wanda avoue son crime… Rose-Marie part retrouver Jim dans la montagne…

La création

Opérette en 2 actes et 10 tableaux de Otto Harbach et Oscar Hammerstein II ; création mondiale à New York en 1924.

Version française de Roger Ferréol et Saint-Granier. Création en France au théâtre Mogador, le 9 avril 1927 avec Cloé Vidiane/ Madeleine Massé (Rose-Marie) June Roberts (Wanda), Cœcilia Navarre (Lady Jane), Robert Burnier puis Géo Bury (Jim), Boucot puis Dréan (Herman), Albert Combes (Hawley), Félix Oudart (Malone). Direction musicale, Gabriel Diot

Les représentations parisiennes de Paulette Merval et Marcel Merkès

Empire, 12 mai 1950

Paulette Merval (Rose-Marie) Barbara La May (Wanda), Marina Hotine (Lady Jane), Guy Fontagnère (Jim), Lucien Frébert (Herman), Lucien Lelong (Hawley), Fernant Quertant (Malone). Direction musicale, Sylvio Mossé.

Mogador, 23 novembre 1963/ fin novembre 1964

Paulette Merval (Rose-Marie) Cécile Tchernova (Wanda), Ginette Baudin (Lady Jane), Marcel Merkès (Jim), Perchik (Herman), Paul Louino (Hawley), Pierre Plessis (Malone). Direction musicale, Jacques Pastory.

La veuve joyeuse

On ne présente plus La Veuve Joyeuse, l’opérette la plus jouée au monde (1). Créée à 08-Veuve JoyeuseVienne le 30 décembre 1905, elle est à Paris, au théâtre de l’Apollo le 28 avril 1909. Elle est ensuite moult fois reprise dans la capitale et se fixe vingt ans à Mogador où entre 1942 et 1962 elle bénéficie de 4 reprises.

La naissance d’Alain Merkès ne permet pas au couple de Rêve de Valse de se reformer à Mogador pour la reprise du 17 novembre 1951 qui est interprétée par Marcel Merkès et Marina Hotine :
« Enfin, pour sa rentrée au théâtre Mogador, M. Marcel Merkès, nous présente un Prince Danilo d’une très belle composition.  Il joue avec beaucoup d’élégance ce rôle difficile, qui exige de l’interprète des qualités de comédien et de danseur de premier ordre. Ce brillant artiste, rend tout cela, tout en restant le délicat chanteur si applaudi de Violettes Impériales ».

L’histoire (2)

L’Ambassade de Marsovie à Paris.

L’Ambassadeur Popoff offre une fête pour l’anniversaire de son souverain. Sa femme, la jolie Nadia, tente de lutter contre la cour pressante que lui fait Camille de Coutançon. Popoff a des soucis : l’essentiel de la fortune de la Marsovie appartient à une jolie veuve, Missia Palmieri, courtisée par d’innombrables prétendants. Pour que la fortune reste marsovienne, Missia devra épouser un Marsovien. Qui ferait mieux l’affaire que le Prince Danilo Danilovitch ? Il est jeune et beau mais passe sa vie chez Maxim’s, auprès des danseuses du célèbre établissement. Ce que Popoff ne sait pas, c’est que Danilo a été amoureux de Missia, qu’un malentendu les a séparés et qu’elle a donc fini par se marier avec Palmieri, riche et vieux. Pas question pour lui d’épouser Missia ; mais il accepte d’éloigner tous les autres soupirants et y réussit.

Le lendemain, réception chez Missia.
A Coutançon réclamant un souvenir, Nadia offre son éventail, après y avoir écrit : « Je suis une honnête femme ». Mais elle accepte de le suivre pour quelques moments dans un petit pavillon du jardin. Popoff soupçonne Coutançon d’avoir une femme mariée comme maîtresse et voudrait le démasquer pour empêcher ce Parisien de se porter candidat à la main de Missia. Par le trou de la serrure, il croit apercevoir sa femme avec le jeune homme. Pendant qu’on va lui chercher la clé, Missia se substitue à Nadia; c’est elle qui est découverte; elle annonce son mariage avec Camille. Danilo, désespéré, va rejoindre chez Maxim’s les petites femmes dites légères.

Chez Maxim’s.
Missia raconte à Danilo la vérité sur l’affaire du pavillon. Lorsqu’elle affirme que dans le testament de son mari il est prévu que si elle se remarie, elle perd toute sa fortune, il la demande en mariage… mais c’est pour apprendre que la dite fortune doit revenir au second mari. Voilà un mariage en perspective et un autre couple réuni, car Popoff, découvrant que l’éventail de sa femme était dans le pavillon, y lit : « Je suis une honnête femme ».

La création

Opérette en 3 actes d’après Meilhac, de Victor Léon et Léo Stein, musique de Franz Lehár. Création mondiale à Vienne, théâtre An Der Wien, le 30 décembre 1905. Adaptation française de Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet créée à Paris, théâtre de l’Apollo le 28 avril 1909 avec Constance Drever (Missia), Thérèse Cernay (Nadia), Henri Defreyn (Danilo), Félix Galipaux (Popoff), Soudieux (Camille), Victor Henry (Figg), Charles Casella (D’Estillac).

Les représentations parisiennes de Marcel Merkès

Mogador 17 novembre 1951/ juin 1952

Marina Hotine (Missia), Odette Crystal (Nadia), Marcel Merkès (Danilo), Fernand Gilbert (Popoff), Daniel Blancho (Camille), Robert Allard (Figg), Anthony Mallet (D’Estillac), Jacques Valeur (Lérida). Direction musicale, Paul Florendas. Chorégraphie d’Evelyne Gray.

(1) Opérette n°45, 47 et 91
(2) Texte de Robert Pourvoyeur publié dans Opérette n°91

Les amants de Venise

Tandis que Marcel se produisait au Châtelet et Paulette au théâtre de l’Empire, 09-Amants de VeniseMogador affichait la seconde opérette à grand spectacle de Vincent Scotto, La Danseuse aux Etoiles. Le compositeur aux 4 000 chansons devait disparaître le 15 novembre 1952 tout juste après avoir terminé la partition des Amants de Venise qu’il destinait à Marcel Merkès et Paulette Merval. C’est Paulette Zévaco, belle fille de Michel Zévaco, le romancier, auteur des Amants de Venise, qui harmonisa les thèmes laissés par le maître. Et la création eut lieu le 5 décembre 1953…

« Le Pont des Soupirs » et sa suite « Les Amants de Venise » datent de 1901. Leur auteur, Michel Zévaco (1860-1918), à qui l’on doit également la « saga » des « Pardaillan » et le roman « Le Capitan » a été un romancier populaire très en vogue jusqu’à la seconde guère mondiale.

Les librettistes de l’opérette, Marc Cab, René Richard et Henri Varna, ont simplifié l’intrigue de ce roman aux mille péripéties ; ils le firent avec talent, sans déformer le schéma général de l’histoire. Ils surent notamment transposer le côté « mélo » du roman, de telle sorte qu’il n’était pas rare, au cours des représentations, d’entendre petits et même adultes, vilipender à haute voix le traître Altieri et ses comparses. La reprise de 1966 gomma un peu le côté mélodramatique de l’ouvrage et bénéficia d’une orchestration plus alerte.

Les Amants de Venise se jouèrent deux ans pour la première série, une année entière lors de la reprise de 1966, ce qui représente en tout environ 1200 représentations. La création à Mogador fut un événement. Même le « New York Herald Tribune » (20 février 1954) s’en fit écho :
« Le nouveau spectacle de M. Henri Varna au Théâtre Mogador me plait et plaira, je crois, à tous les Américains s’ils le voient sur ce côté de l’Atlantique ». C’est un spectacle harmonieux, reposant et romantique, une production extravagante qui me rappelle avec nostalgie les opérettes américaines d’autrefois. Ce spectacle a coûté 150 000 dollars pour le monter à Paris et rien en comparaison n’a été vu sur une scène de Broadway, depuis la hausse des coûts, pour une production pareille…
…La mise en scène de M. Henri Varna et les costumes sont somptueux… La musique de Vincent Scotto accompagne à merveille un livret coloré et l’interprétation est bien choisie avec Marcel Merkès, un baryton qui sait jouer la comédie et jouer de l »épée (le héros), Paulette Merval, une jolie soprano est sa fidèle fiancée… »

Dans « Le Parisien Libéré », on pouvait lire sous la plume de W. L. Landowski :
« … Les êtres sensibles et tendres admirent profondément les acteurs Marcel Merkès et Paulette Merval qui chantent avec un talent digne des plus hautes louanges. Ils sont les touchants héros de la pièce… ».

L’histoire

Venise, 1550. La ville est en liesse. Elle célèbre le retour du capitaine Roland Candiano qui, après une expédition triomphale contre les Turcs, a toutes les chances d’accéder à la dignité de Doge de Venise. La ville est en liesse… Demain seront célébrées les fiançailles des Amants de Venise, Roland et Léonore, une simple jeune fille de la bourgeoisie.
Mais cette idylle provoque la colère du Conseil des Dix et surtout de l’un de ses principaux membres, le cruel Altieri qui est, lui aussi, amoureux de Léonore. Aidé de son âme damnée, le chef de police Gennaro, Altieri met au point son plan : il fera assassiner par un spadassin le sénateur Davila, adversaire de Roland et protecteur de la courtisane Impéria. Puis il fera chanter celle-ci : ou bien elle accuse Roland du crime, ou bien elle sera elle-même dénoncée. Impéria hésite… Mais elle aime Roland et ne peut accepter de le voir épouser Léonore.

Nous sommes en plein mélodrame : le plan se déroule comme prévu. Roland est arrêté et jeté dans un cachot. Il est bientôt rejoint par Scalabrino, le sbire qui était chargé de tuer Davila. Les deux hommes s’expliquent et comprennent la machination dont ils ont été la victime. D’ailleurs Scalabrino n’est pas un mauvais bougre ; en réalité, il n’a pas tué le sénateur, se contentant de l’enfermer dans une cave.
Condamnés à mort, les deux hommes sont emmenés pour être exécutés. En traversant le Pont des Soupirs, profitant d’un violent orage, ils réussissent à se jeter dans le Canal et à échapper aux gardiens.

Pendant ce temps, Léonore s’est réfugiée dans un couvent. Roland lui rend visite et lui apprend la vérité; mais il doit se retirer presque aussitôt car Altieri est annoncé. Celui-ci enlève Léonore… Les anciens compagnons de Scalabrino se joignent au héros du drame. Les voici partis à la conquête de Venise ! Tout se précipite. La délivrance de Davila prouve la félonie d’Altieri… Et cette belle aventure se termine par le mariage des Amants de Venise…

La création

Opérette en 2 actes et 17 tableaux inspirée des romans « Le Pont des Soupirs » et « Les Amants de Venise » de Michel Zévaco. Livret d’Henri Varna, Marc Cab et René Richard, illustré par José de Zamora. Musique de Vincent Scotto harmonisée par Paulette Zévaco, orchestration de Jacques Météhen. Mise en scène d’Henri Varna. Création au théâtre Mogador le 5 décembre 1953.

Mogador

5 décembre 1953/ début décembre 1955

Paulette Merval (Léonore), Lola Maddalena (Impéria), Jacqueline Mille (Paola), Dina Greyta (Pomodora), Marcel Merkès (Roland), Alexandre Rignault (Scalabrino), Jacques Harden (Altieri), Raymond Danjou (Gennaro), Jacques Piervil (Pierino), Prior (Bucalapi). Direction musicale, Jacques Météhen; chorégraphie d’Evelyne Gray

26 novembre 1966/ 12 novembre 1967

Paulette Merval (Léonore), Catherine Bréa (Impéria), Huguette Duval (Paola), Rosine Brédy (Pomodora), Marcel Merkès (Roland), Jean-Claude Barbier (Scalabrino), Pierre Plessis (Altieri), Jean-Jacques Steen (Gennaro), Michel Dunand (Pierino), Perchik (Bucalapi), Henri Varna (le Cardinal). Direction musicale, Jack Ledru, chorégraphie de Max Bozzoni

Les amours de Don Juan

Parmi les grands succès des années cinquante au Théâtre Mogador, on ne se souvient 10-Amours Don Juanplus guère aujourd’hui des Amours de Don Juan qui se jouèrent pourtant dix-sept mois consécutifs (soit plus de 600 représentations) à la création. Ce spectacle, peut-être inégalé à Mogador pour sa somptuosité, a sans doute été victime de sa propre richesse. Aucun théâtre aujourd’hui ne voudrait ni ne pourrait le monter à l’identique.

Le livret est pour l’essentiel un fil conducteur qui fait découvrir au spectateur émerveillé les splendeurs de l’Espagne, les nuits d’Istamboul, la Grèce, l’Orient mystérieux, la Cour de Russie sous le règne de la Grande Catherine, l’Ecosse et à nouveau l’Espagne :
« Henri Varna s’est dépassé lui-même. Il a battu ses propres records de somptuosité. A propos du Don Juan de Lord Byron, il nous fait découvrir un XXVIIIe siècle voluptueux et raffiné, dont les richesses semblent jaillir d’un coffret magique » (Juvénal, 30 décembre 1955).
« Marcel Merkès est un Don Juan très parisien, efficace dans toutes les capitales et sous tous les uniformes. Paulette Merval, qui lui passera finalement la bague au doigt, a deux atouts dans son jeu : une voix agréable et le profil de Viviane Romance » (Le Figaro, 9 janvier 1956).
« …un Marcel Merkès de belle prestance, très en voix (et quelle belle voix, ronde, chaude, ample) et aussi bon comédien qu’est comédienne heureuse Paulette Merval, vrai diva d’opérette aussi plaisante à regarder qu’à ouïr… ».

L’histoire

Notre Don Juan est l’arrière petit-fils du Don Juan de légende. S’il est la coqueluche de toutes les femmes, il n’en est pas moins chevaleresque, humain et capable de tendresse. La soubrette Antonia est amoureuse de Don Juan. Bien qu’attiré par la belle, notre héros, pour ne pas contrarier son valet Pedro, lui-même amoureux d’Antonia, se rabat sur Dona Julia et l’enlève à la barbe du mari. L’esclandre fait grand bruit et le Roi exile le séducteur.
Antonia, qui s’est jurée de rendre Juan amoureux d’elle, s’embarque sur le même bateau que lui, suivie de Pedro. La tempête se lève, le navire fait naufrage et Juan est recueilli par un corsaire. La fille de ce dernier tombe amoureuse du voyageur dont le cœur s’enflamme aussitôt. Mais apprenant que ses amis ont été expédiés à Constantinople pour y être vendus comme esclaves, il vole à leur secours.

Antonia est destinée à « enrichir » le harem du sultan, Pedro à devenir eunuque. Don Juan pénètre dans le harem mais est fait prisonnier au moment où il retrouve ses compagnons. Destiné à être exécuté, il demande pour dernier vœu de passer sa dernière nuit dans le sérail. Le charme de Don Juan agit sur les femmes du harem qui l’aident à dérober les clés de la ville. Il réussit à les remettre aux Cosaques de l’Impératrice Catherine II de Russie qui, justement, encerclent la ville. Victoire facile des Russes et Juan est chargé de porter la bonne nouvelle à la souveraine.

Catherine ne résiste pas à ce séducteur de Juan et le jeune homme est bientôt le favori de l’Impératrice… Les semaines passent… Antonia est jalouse, Don Juan s’ennuie. Les trois amis décident de partir. Pour cela il feint d’être empoisonné. Catherine, persuadée qu’il est victime d’une intrigue de cour, l’envoie en Angleterre en mission diplomatique.
Nous retrouvons nos héros dans la résidence écossaise du Chancelier Lord Henry dont la charmante épouse noue bientôt une intrigue amoureuse avec Juan. Antonia flirte ouvertement avec Lord Henry au grand déplaisir de Juan qui se rend compte que c’est d’elle qu’il est réellement amoureux. Ne croyant pas en sa sincérité, Antonia rejoint l’Espagne suivie de près par notre séducteur.
Mais tout se terminera au mieux pour nos deux amoureux qui pourront convoler en justes noces avant d’être les parents de petits Don Juan qui feront le bonheur de moult damoiselles.

La création

Opérette en 2 actes et 20 tableaux. Livret et lyrics d’Henri Varna, Marc Cab et René Richard, d’après le Don Juan de Lord Byron; musique de Juan Morata, airs additionnels de Paulette Zévaco, orchestration de Jacques Météhen. Production et mise en scène de Henri Varna (assistant Guy Cadenat). Création à Paris théâtre Mogador, le 23 décembre 1955.

Mogador 23 décembre 1955/ fin mai 1957

Paulette Merval (Antonia), Frédérique (La Grande Caïda, Lady Pinchbeck), Lisa Conti (Haïdée), Martine Mauclair (Lady Adeline), Claude Pasquier (Catherine II), Marcel Merkès (Don Juan), Eddy Rasimi (Pedro), Georges Wion (le capitaine), Léo Peltier (Don Alfonso, Le Ministre des Finances, Lord Henry), Jacques Herrien (Le Sultan, Le Ministre de la Guerre). Direction musicale, Serge Bessières; chorégraphie d’Evelyne Gray.

Marcel Merkès et Paulette Merval interprètent l’ouvrage pendant plus d’un an. Puis ils cèdent leurs rôles pour quelques semaines à Jacques Jansen et Jacqueline de Bourges.

Michel Strogoff

« Record des fêtes pour Michel Strogoff et le couple Merkès-Merval » titrait Paris-
atch au début de l’année 1965 en soulignant la prouesse des deux vedettes : 12 représentations en 6 jours. Record du nombre de représentations, record de recettes…

11-Michel StrogoffMichel Strogoff a été écrit par les librettistes attitrés du théâtre Mogador : Henri Varna lui-même, Marc Cab et René Richard. Jack Ledru, déjà populaire comme compositeur de chansons, de comédies musicales (Mon P’tit Pote) et d’opérettes (Farandole d’amour) obtenait une consécration méritée dans l’un des temples parisiens de l’opérette à grand spectacle. Le spectacle mené tambour battant par Marcel et Paulette se joua une année entière à Mogador avant de partir en tournée.

L’histoire

Une invasion tartare menace les provinces sibériennes de la Russie. Le télégraphe est coupé entre Moscou et Irkoutsk, où le Grand Duc, frère du Tsar, se trouve en péril. Comment le prévenir ? C’est le capitaine Michel Strogoff qui est chargé de la périlleuse mission de porter une lettre au Grand Duc, le prévenant qu’une armée de secours arrivera en ville d’Irkoutsk le 24 septembre…
A travers les régions envahies, déguisé en marchand, Michel commence sa longue route. En chemin, il rencontre l’amour sous les traits de Nadia, jeune ukrainienne, qui tente de rejoindre son père à Irkoutsk. Les circonstances voudront qu’ils voyagent de concert, tandis que le traître Ogareff, évadé d’une prison moscovite, prend la tête des hordes tartares.

En traversant sa ville natale, Michel rencontre sa mère qui, bien malgré elle, révèle son identité. Les tartares d’Ivan Ogareff le font prisonnier et s’emparent de la lettre du Tsar. Michel est condamné à avoir les yeux brûlés au fer rouge. Il est ensuite relâché et c’est Nadia qui le conduira où le devoir l’appelle. Au Palais du Grand Duc, lorsqu’il se trouve en présence du traître Ogareff, ce dernier est persuadé d’avoir un aveugle en face de lui. Que nenni, car au moment du supplice, Michel, à l’idée de voir sa mère pour la dernière fois, se sent inondé de tant de pleurs, que le fer les a séchés sans brûler son regard ! Un peu tiré par les cheveux, me direz-vous, mais ce n’est pas plus vraisemblable dans le roman de Jules Verne…
Admettons donc le miracle qui permet au héros de se battre au sabre avec Ogareff et de le tuer… Irkoutsk est sauvée. C’est le triomphe de Michel Strogoff : « Pour Dieu, pour le Tsar, pour la patrie ».

La création

Opérette en 2 actes et 18 tableaux d’après Jules Verne et d’Ennery. Livret d’Henri Varna, Marc Cab et René Richard. Musique de Jack Ledru, orchestration de Jacques Météhen. Création à Paris au théâtre Mogador le 5 décembre 1964.

Mogador 5 décembre 1964/ fin nov-début déc 1965

Paulette Merval (Nadia), Cécile Tchernova (Sangarre), Raymonde Devarennes (Marfa), Maïté Izar (Sophie), Marcel Merkès (Michel Strogoff), Jean-Louis Simon (Blount), Perchik (Jollivet), Pierre Plessis (Ogareff), Pierre Vernet (Le Tsar, Le Grand Duc), Paul Louino (L’Emir). Mise en place d’Henri Regard; direction musicale, Jack Ledru ; chorégraphie, Irina Grjebina.

Vienne chante et danse

En s’attachant ses librettistes habituels, en faisant confiance à Jack Ledru qui avait 12-Vienne chante dansecomposé pour Michel Strogoff une partition particulièrement réussie, en faisant appel une nouvelle fois à Marcel Merkès et Paulette Merval, Henri Varna n’avait pas trop de souci à se faire sur la carrière de sa nouvelle opérette, Vienne chante et danse. De fait l’ouvrage se joue à Mogador pendant deux ans et triomphe en tournée avec ses créateurs pendant plus de quatre ans.

L’histoire

En 1887, François Joseph, Empereur d’Autriche a épousé Sissi depuis plus de trente ans. Les souverains ont un fils, Rodolphe, qui s’est révolté contre l’autorité paternelle qu’il juge néfaste aux intérêts du pays. Rodolphe organise un complot avec l’appui des principaux dignitaires de la Cour et notamment celui de son cousin l’Archiduc Jean très populaire dans le peuple et dans l’armée. Il s’agit d’abord d’exiger le renvoi du Chancelier Staffel, ministre hostile à toute réforme et entièrement dévoué à l’Empereur. Toutefois Jean, meilleur valseur que conspirateur, rêve autant de musique et d’amour que de politique. Il l’emporte sur Staffel dans le cœur de Millie Stubel, charmante interprète de Strauss…

Dès lors, Jean ne songe plus qu’à épouser Millie. Pour le Chancelier, il est devenu autant le conspirateur à neutraliser que le rival en amour à évincer. L’insouciance des conjurés qui égarent le plan révélant tous leurs projets sert Staffel. Il réunit des preuves, obtient l’exil de Jean et fait arrêter Millie également compromise. La situation paraît désespérée. Mais l’incontournable Sissi, une fois de plus, impose la paix familiale, la paix impériale et la paix dans les cœurs…

La création

Opérette en 2 actes et 18 tableaux. Livret et lyrics d’Henri Varna, Marc Cab et René Richard d’après le roman de Suzanne Normand et Jean Acker, « Le Vagabond Impérial ». Musique de Jack Ledru. Airs additionnels de Johann Strauss père et fils ; orchestration de Mario Bua. Production et mise en scène d’Henri Varna. Création à Paris, théâtre Mogador le 25 novembre 1967

Mogador 25 novembre 1967/ 12 octobre 1969

Paulette Merval (Millie), Rosine Brédy (comtesse Marie-Sophie), Raymonde Devarennes (Sissi), Huguette Duval (Rhoucha), Jacqueline de Bourges (la Grande Duchesse), Perchik (Waldemar), Michel Dunand (Hans), François Florent (Chancelier Staffel), Paul Louino (Rodolphe), Pierre Depadt (François-Joseph), Henri Regard (Walter Stubel). Direction musicale, Jack Ledru; chorégraphie de Max Bozzoni.

Douchka

Vienne Chante et Danse aura été le dernier succès d’Henri Varna, disparu le 10 avril 13-Douchka1969. Le 2 octobre 1973, Marcel et Paulette sont de retour dans le théâtre de leurs débuts pour une dernière création, Douchka ; Georges Garvarentz écrit la musique, Charles Aznavour les lyrics et Yves Jamiaque le livret. Douchka plait par la qualité et l’enthousiasme de l’interprétation, par ses costumes chatoyants et par une mise en scène alerte de Jacques Charon. Douchka se joue à Mogador jusqu’au 31 août 1973 puis part en tournée pendant deux ans.

L’histoire

Vers 1900, pendant l’entente cordiale franco-russe, Douchka, jeune bourgeoise russe rencontre à Moscou Armand de Talcy, officier de la flotte française. Celui-ci tombe éperdument amoureux de Douchka. Un autre homme l’aime : Alexis, attaché de corps du Tzar. Ayant dépossédé le père de la jeune femme, il lui propose de lui restituer ses biens si elle accepte de l’épouser. Elle refuse. Armand provoque Alexis en duel. Ce dernier, blessé, attend le départ d’Armand qui doit rentrer en France, pour expulser Douchka de ses terres. Elle s’enfuit chercher protection chez les nomades.

Quelques mois plus tard, Douchka se rend à Paris pour voir son frère. Elle y retrouve Armand, toujours épris d’elle, au cours d’un bal à l’Ambassade. Mais un homme l’a précédée : Alexis qui la menace d’exiler son frère en Russie si elle ne l’épouse pas. Douchka accepte le marché. Mais Armand déjoue les intrigues d’Alexis et le fait arrêter. Douchka est libre de l’aimer…

La création

Comédie opérette à grand spectacle en 2 actes, livret de Yves Jamiaque, lyrics de Charles Aznavour, musique de Georges Garvarentz, orchestration de Mario Bua et Jacques Hélison ; mise en scène de Jacques Charon (assistant Maurice Ducasse); chorégraphie de Jeanne Wakhevitch. Création à Paris, théâtre Mogador, le 2 octobre 1973.

Mogador 2 octobre 1973/31 août 1974

Paulette Merval (Douchka), Lucette Raillat (Palacha); Marcel Merkès (Armand), Jacques Ferrière (Ferdinand), Jacques Harden (Alexis), Gérard Chapuis (le pope), Jean-Claude Barbier (le gouverneur Pierre). Direction musicale, François Rauber.

L’Olympia, le Palais-Royal et Pleyel

Dix ans après Douchka, du 26 juin au 15 juillet 1984, Marcel Merkès et Paulette 14-MMMMerval donnent à l’Olympia le coup d’envoi officiel du récital qu’ils ont rôdé en régions et qu’ils interprèteront sur les routes de France et de Belgique pendant une dizaine d’années. Le spectacle est un grand succès et Jean-Louis Borie, le directeur de l’Olympia, envisage de proposer chaque année « L’opérette à l’Olympia ». Ce qu’il fait l’année suivante avec une troupe d’excellents interprètes. Malheureusement, en l’absence de « star », les résultats sont peu probants et l’expérience ne sera pas poursuivie.

Marcel et Paulette donneront encore leur récital en 1984 dans le cadre des « Rencontres du Palais-Royal » et salle Pleyel les 3 et 4 décembre 1992.

Ainsi se termine ce voyage à travers la carrière parisienne de Marcel Merkès et Paulette Merval. Des milliers de représentations dans un théâtre de 1800 places. Ils ont été applaudis à Paris par au moins dix millions de spectateurs (et peut être autant en province). Un record qui n’est pas près d’être égalé !

Jean-Claude Fournier