SCOTTO Vincent

scotto vincent

Vincent  SCOTTO

(1874-1952)

I. BIOGRAPHIE
45 ans de succès ininterrompus
Premières compositions
60 opérettes ?
Portrait
Un prix Nobel de la chanson ?

II. VINCENT SCOTTO ET L’OPERETTE
Les opérettes méconnues
Les opérettes marseillaises
Les opérettes à grand spectacle

III. QUE RESTE-T-IL DE L’OEUVRE DE SCOTTO ?

IV. LES OUVRAGES

 

Articles associés

OEUVRES ASSOCIEES

Au pays du soleil
Trois de la marine
Un de la Canebière
Violettes impériales
La Danseuse aux étoiles
Les Amants de Venise

REVUES ASSOCIEES

Vincent Scotto
Revues n°36,92, 119, 125
Les Amants de Venise
Revues n°84, 92, 99, 164
Un de la Canebière
Revues n°36, 92, 174, 176
Violettes impériales
Revues n°40, 78, 92, 99, 114, 164

 

 

Vincent SCOTTO

45 années de succès ininterrompus…

De La Petite Tonkinoise aux Amants de Venise, quarante-cinq années de succès ininterrompus : Vincent Scotto – on l’ignore souvent – est l’un des plus prolixes compositeurs d’opérettes.
« J’aime un musicien, un musicien simple qui a le privilège d’être en même temps le musicien des simples et un authentique musicien », déclarait le critique Jean Wiener en évoquant Vincent Scotto (1)

Ses biographes affirment qu’au cours des quarante-cinq ans de carrière, Scotto a composé 4000 chansons, 60 opérettes et 200 musiques de films!

Il a été l’un des compositeurs les plus célèbres de son époque ; on lui doit – entre2 amours autres – : « La Petite Tonkinoise », « Miette », « Prosper », « Le plus beau tango du monde », « Ramuntcho », « O Corse île d’amour », « La java bleue », « Adieu Venise Provençale » et moult autres titres dont le succès dépassa bien souvent les frontières de l’Hexagone.

Et si aujourd’hui certains ne savent pas toujours mettre un nom sur le compositeur de « J’ai deux amours », ils connaissent au moins la chanson qui a toutes les chances – comme quelques autres de Scotto – d’obtenir un visa pour l’Eternité.

Une jeunesse heureuse

Vincent Scotto n’aimait guère qu’on lui demande son âge :
« … l’état civil est la plus sale blague qu’on n’ait jamais inventée, c’est un diffamateur qui se mêle de dévoiler des secrets que l’on devrait être seul à connaître et, même s’il dit vrai, je ne veux pas le croire » (2).

Est-ce pour cela que certains ouvrages le rajeunissent de deux ans ?
Car Vincent Scotto est né à Marseille le 21 avril 1874 (3). Il était le fils de Pascal Job Jacob, charpentier de son état et d’Antonia Intartaglia, tous deux d’origine italienne. Le petit Vincent était le dernier-né d’une famille qui comportait déjà deux garçons et deux filles.
Une jeunesse heureuse dans une famille modeste mais unie, des études primaires, l’apprentissage du métier d’ébéniste auprès du papa puis de Lazare, le grand frère… Rien de bien original s’il n’y avait eu cette belle guitare fabriquée par Lazare :
 « … dès l’âge de sept ans, je jouais de la guitare et j’étais assez doué… c’est ainsi que mes parents m’ayant donné un professeur, au bout de quelques mois, il n’eut plus rien à m’apprendre, alors cependant que je n’en savais pas beaucoup… Plus tard, vers les onze ou douze ans, j’étudiai la musique chez les frères Maristes et, à seize ans, je donnai des leçons de solfège… (2)

Eh oui, Vincent Scotto, dont quelques-uns ont donné une image de compositeur musicalement inculte, savait écrire la musique même s’il n’a pas fait d’études très poussées dans ce domaine. Paulette Zévaco qui, de 1927 à la mort du compositeur, harmonisa ses mélodies affirme :
« S’il avait eu la chance de faire de grandes études musicales, il serait devenu l’un des plus grands musiciens complets du monde »
À douze ans, le jeune Vincent s’en allait avec sa guitare tel un troubadour :
« … je faisais partie de toutes les fêtes familiales : les noces, les mariages ou les baptêmes… j’improvisais, et il m’arrivait parfois de chanter des airs en vogue… » (2)

Premières compositions

Encore adolescent, il compose la musique d’une pastorale dont les chansons ont quelque succès ; ce qui l’incite à en écrire d’autres pour des artistes en représentation à Marseille.
Un jour, le « tourlourou » Polin, en tournée dans le midi, entend l’une des premières chansons du jeune musicien, « Le Navigatore » dont un certain Villard a écrit les paroles : « J’aime la musique de votre chanson, mais les paroles sont trop locales ».
Polin met Le Navigatore dans sa poche et un jour, un beau jour, Scotto reçoit une lettre de Paris :
« Monsieur, m’écrivais Christiné, j’ai fait pour Polin une version nouvelle de votre « Navigatore » : « La Petite Tonkinoise ». Je vous envoie vingt-cinq francs pour cession des droits d’édition » (2).

À partir de ce moment, Scotto n’a plus qu’une idée en tête : monter à Paris.
Ce sera chose faite au printemps 1906. Il laisse (provisoirement) femme et enfant au pays et prend le train pour l’inconnu, pour la gloire… peut-être (4), la guitare sous le bras, s’entend. Dans la capitale, les premiers mois sont difficiles, mais la réussite ne se fait tout de même pas trop attendre.

Le succès

« Ah ! si vous vouliez de l’amour » lui permet de palper un beau billet de 1000 F, le premier que Margot (4) n’ait jamais vu !
C’est parti et bien parti. Pendant quarante-cinq années, il fera chanter la France – et parfois le monde – par la grâce d’interprètes tels que Polin, Georgel, Fragson, puis Joséphine Backer, Alibert, Tino Rossi, Maurice Chevalier, Fréhel, Reda Caire, André Dassary et, plus près de nous, Marcel Merkès et Paulette Merval.

 chansons

 « Pour moi, Vincent Scotto est le plus grand musicien populaire de tous les temps », affirmait Tino Rossi.
De fait, ses proches étaient sidérés par la grande facilité du compositeur.
« Il était un musicien-né » (Paulette Zévaco). « C’était un musicien d’instinct, un génie de la ligne mélodique » (Georges Sellers).
Jean Herbert confirme (5) :
« Quelle facilité ! Tenez… c’était pendant les répétitions de Un de la Canebière… Mireille Ponsard « rouspétait » parce qu’au deuxième acte, elle n’avait rien à chanter. Alors Alibert dit à Scotto :
– Tu sais, elle fait la « gueule», il faut lui trouver quelque chose. Scotto répond :
– Qu’est-ce que tu veux, à la fin, c’est toi la vedette, c’est pas elle.
– Essaye de lui faire un petit machin… »
Scotto part avec sa guitare. Il revient avec un bout de papier :
– Tiens, tu donneras ça à Sellers pour qu’il l’orchestre. En trois minutes, dans le couloir, il avait composé « Y en a qu’un à Marseille ».

Soixante opérettes ?

Vincent Scotto aurait composé soixante opérettes. Pour notre part, nous en avons recensé un peu plus de quarante. La première catégorie, de style ou de styles mal définis, est bien oubliée aujourd’hui, même si l’on note parfois un intérêt du public lors de la création. Ainsi La Princesse du Moulin-Rouge :
« C’était, évidemment, une opérette de music-hall, mais le bon compositeur avait écrit pour un livret banal et servant surtout de prétexte à une belle mise en scène, une partition enjouée et qui ne manquait point de qualités… » (6).3 marine 2

En 1932, sonne enfin l’heure de l’opérette marseillaise. Au Pays du Soleil ouvre le bal, suivi de Trois de la Marine (1933), Zou, le midi bouge (Arènes Joyeuses) (1934), Un de la Canebière (1935), Les Gangsters du Château d’If (1936), Le Roi des Galéjeurs (1938) et Les Gauchos de Marseille (1945).

Jean Herbert explique le succès de ces ouvrages par la qualité de la musique de Scotto, le talent et l’allant d’Alibert (5) :
« À côté des opérettes que l’on voit aujourd’hui, ça tient debout… il y a une histoire… c’est bien foutu… C’est gai, mais il y a toujours une petite note dramatique, qui rejoint un peu Pagnol…
Dans Au Pays du Soleil, Titin est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis… il y a du suspense… Alibert était toujours plein d’idées, il avait le sens du théâtre. Au final de Un de la Canebière, il traversait toute la salle et s’installait au contrôle avec ses musiciens… qui jouaient des airs de la pièce pendant qu’ il distribuait au public qui sortait des sardines en papier.
Et il y avait une bonne équipe autour de lui. Sarvil pour les livrets et Raymond Vincy même, qui a collaboré à « Un de la Canebière ».

La plupart des opérettes marseillaises de Scotto ont reçu la consécration cinématographique, à deux reprises pour certaines.
Si de nouveaux compositeurs tel Francis Lopez s’imposèrent après 1945, le rayonnement de Vincent Scotto n’était pas pour autant terminé. À la demande d’Henri Varna, avec lequel il avait déjà largement collaboré, notamment pour les revues du Casino de Paris, le compositeur de « J’ai deux amours » s’investit dans l’opérette à grand spectacle.

Pour le théâtre Mogador, il compose Violettes Impériales (1948), La Danseuse aux Etoiles (1950) et Les Amants de Venise (1953), trilogie qui connut un triomphe, chaque ouvrage étant joué en moyenne pendant deux ans.
Vincent Scotto n’assista malheureusement pas à la réussite des Amants de Venise: il s’était éteint un an auparavant, le samedi 15 novembre 1952. Il avait 78 ans…

Il ne faut pas non plus oublier que Vincent Scotto a composé un nombre important de musiques de films ; celles de ses opérettes portées à l’écran, certes, mais également la plupart des partitions des films de Pagnol et de ceux interprétés par Tino Rossi… entre autres.

Portrait

Vincent Scotto était un tout petit bonhomme. Carlo Rim, dans ses mémoires, écrit :
« Un petit homme exubérant, passionné, enthousiaste. Il est de taille si exiguë qu’à côté de lui sa fameuse guitare prend des airs de contrebasse. Pour un peu, il pourrait monter dedans, mettre la voile et prendre le large… » » (4).

Jacques Bonnadier (4) raconte plusieurs mésaventures causées par cette petite taille, l’une se situant le jour du mariage du compositeur:
« … Margot, sa fiancée, n’étant pas plus grande que lui, le bedeau de Saint-Victor leur dit sans ménagement :
– Allez, les enfants, poussez-vous, laissez la place, on attend les mariés.
Et eux, tout timides, de répliquer :
– Mais, Monsieur, c’est nous les mariés… »

Scotto 1920Vincent Scotto était un grand distrait. Combien de fois Margot dut veiller à ce qu’il n’aille pas aux premières en costume d’intérieur !

Vincent et Margot étaient très liés. Et cette épouse attentive sut fermer les yeux sur les fredaines de son mari, redoutable coureur de jupons. Car il avait du succès, le bougre ! Parce qu’il était beau ? sûrement pas. Mais il était tellement charmant, Vincent…

Scotto était très attiré par la science, notamment l’astronomie. Il s’essaya à la littérature : on connaît de lui son recueil Souvenirs de Paris et un certain nombre de pensées rassemblées sous le titre Paroles sans Musique.

C’était enfin un comédien dont la performance dans le film de Pagnol, Jofroi, fit un « tabac » à New York : un vieux fermier (Scotto) vend un terrain et la question se pose de savoir si les arbres poussés sur le terrain font partie de la vente. Le fermier aime trop son verger pour permettre à l’acquéreur d’abattre des arbres pourtant inutiles…

S’il existait un prix Nobel de la Chanson…

Avec un succès constant, pendant près d’un demi-siècle, Vincent Scotto aura chanté « Les joies et les tristesses du coeur, les passions, les tendresses, les voluptés, les étreintes, les baisers, les rencontres, les séparations douloureuses, les souvenirs… l’amour un peu fou des jeunes gens, l’amour désabusé des vieillards, l’amour des animaux, l’amour de la terre, de la patrie, de sa ville ou de son village, de son clocher, de sa rue et de sa maison… » (3)

Vincent Scotto… de qui André Négis, président des Marseillais de Paris, a dit :
« S’il existait un Prix Nobel de la Chanson, c’est à Vincent Scotto qu’il aurait fallu le donner ».

Notes

(1) Préface des « Souvenirs de Paris » par Vincent Scotto (Stael, 1947)
(2) « Souvenirs de Paris » par Vincent Scotto (Stael, 1947)
(3) « Cent ans de chansons à Marseille ». Édité par la revue municipale « Marseille » pour le Centre de Rencontre et d’Animation par la Chanson (octobre 1986).
(4) Vincent Scotto s’était marié le 10 avril 1896 avec Marguerite Monier dont il eut, deux ans plus tard, une fille unique prénommée Antoinette. Cette dernière, quelque trente ans plus tard, devait épouser Alibert.
(5) Collaborateur et ami d’Alibert, Jean Herbert (1908 ?-2004), a été  son successeur à la tête du théâtre des Deux Ânes dont il abandonna la direction en 1997. L’anecdote a été publiée dans Opérette n°36 du 15 juillet 1980 (interview de Jean Herbert).
(6) Histoire de l’opérette en France par Florian Bruyas (Emmanuel Vitte, 1974).


Vincent Scotto et l’opérette

Lorsqu’on évoque Vincent Scotto et l’opérette, deux titres viennent immédiatement à l’esprit, deux titres du compositeur qui sont pratiquement les seuls à être repris : Un de la Canebière et Violettes Impériales.
Or le prolixe compositeur en aurait composé une soixantaine. Nous en avons répertorié quarante-six, parmi lesquelles les opérettes marseillaises et les opérettes à grand spectacle créées à Mogador après 1945.
Il apparaît donc que quantitativement, la moitié de la production de Vincent Scotto au moins, dans le domaine de l’opérette, est antérieure à l’apparition de l’opérette marseillaise. Ces ouvrages, fort méconnus aujourd’hui, s’appuient vraisemblablement sur les goûts du public au moment de leur création. Dans une première partie, nous en étudierons deux avant de nous intéresser aux oeuvres qui nous sont restées plus familières.

Première partie : Les opérettes méconnues (1912-1940)

SUZIE

La première opérette de Vincent Scotto, Susie ou La Petite Milliardaire a été créée au théâtre des Variétés de Toulouse le 6 avril 1912. Elle a été jouée aux Célestins de Lyon et à Bordeaux. Et peut-être dans d’autres villes… On raconte que la première guerre mondiale aurait empêché cet ouvrage d’être créé à Paris à la Gaîté-Lyrique.
Sans être une opérette à grand spectacle, Susie se présente comme une pièce comportant une quinzaine de rôles dont six importants, un ballet, des airs, duos et ensembles. Il faut noter qu’elle a été interprétée à Toulouse par Mariette Sully (Susie), la créatrice de Véronique.

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L’histoire est dominée par le couple Susie-Marcel qui se dispute pendant trois actes avant l’aveu d’un amour que le spectateur a bien vite deviné. Une œuvre influencée – semble t-il – par des succès récents comme celui de La Veuve Joyeuse certes, mais également avant la lettre par un livret simple et alerte qui aurait eu sa place au cours des années folles : une femme – Susie – émancipée un peu à la façon des héroïnes de Maurice Yvain, de Christiné et de leurs émules.

Lorsqu’on observe le goût du public français d’aujourd’hui pour No No Nanette, Dédé ou Ta Bouche, on se demande si un metteur en scène habile ne pourrait faire revivre avec succès une oeuvre qui a manqué la consécration parisienne par la faute des obus allemands… Ce serait une manière de rendre hommage à Vincent Scotto!

L’intrigue
L’histoire débute à Londres dans l’atelier de Susie. Susie est, jeune, jolie, riche, élégante, insupportable, habituée à satisfaire tous ses caprices. Elle n’a guère de considération pour les nombreux soupirants tentés par sa beauté… et sa fortune. Son frère Dicky est un homme stressé, neurasthénique, disait-on à l’époque. Il décide de se suicider dans le délai d’un mois mais exige que d’ici là sa soeur ait choisi un mari parmi les candidats qu’il a sélectionnés.

Quand on est riche, on peut se permettre pas mal de fantaisies. C’est ainsi que Susie fait venir directement de Paris une employée de la maison Pascaline pour essayer des robes. Arrive donc Georgette, accompagnée de son petit ami Marcel. Georgette est le type du « moineau » parisien, gavroche, exubérante, le coeur sur la main… Marcel est peintre, mais il n’a rien d’un rapin fauché ; c’est un fils de bonne famille dont le papa a coupé les vivres pour tenter de lui faire abandonner sa profession d’artiste.

Marcel et Georgette se font passer pour mari et femme. Tandis que Marcel et Susie ne tardent pas à se disputer avec conviction, signe sans doute d’une attirance réciproque irréversible, Dicky de son côté est vite conquis par Georgette et n’hésite pas à lui faire une course empressée. Il demande donc à sa sœur d’engager Georgette comme dame de compagnie pendant un mois, c’est-à-dire jusqu’à la date du suicide envisagé. Bien entendu, un mari devant toujours suivre sa femme, Marcel est engagé comme secrétaire de Dicky.

Toute la compagnie, les milliardaires, le peintre et sa compagne, ainsi que les prétendants prennent la route pour Paris, ville choisie par Dicky pour y finir ses jours. Nous nous retrouvons dans une propriété privée des environs de Paris. Marcel se dispute avec Susie bien sûr, avec Georgette qu’il accuse d’être trop « compréhensive » avec Dicky, avec les prétendants qu’il corrige les uns après les autres. Il décide de partir en emmenant son « épouse ». Mais Dicky, à qui cette dernière plait de plus en plus, s’y oppose, d’autant qu’il apprend que Marcel et Georgette ne sont pas réellement mariés.

L’histoire se termine au cours d’un bal au Splendid-Hôtel des Champs-Elysées. C’est là que Georgette et Marcel rompront, la jeune femme comprenant l’amour de son petit ami pour Susie ; c’est là qu’elle acceptera de suivre Dicky ; c’est là enfin que Susie et Marcel tomberont dans les bras l’un de l’autre.

Quelques extraits de la presse bordelaise (avril 1913) :
La petite Gironde : « … Susie a gardé aux lèvres quelques refrains de cafés-concerts. Mais l’auteur prend sa revanche avec les scènes de sentiment, où la mélodie coule abondante, facile, et produit sur l’auditoire la griserie attendue : par exemple, au deuxième acte, le duo « Si je vous aimais » ; au troisième acte, une valse obsédante. Quelques ensembles ne manquent ni de couleur, ni de verve… ».

Le Nouvelliste : « … En tout cas, comme on le voit, c’est très Veuve Joyeuse, très Comte de Luxembourg et très Petite Quacker, et la musique de M. Scotto, d’ailleurs charmante et légère, bien que sans grande profondeur, accentue encore cette impression. La valse y prédomine et son motif principal ne manque point de douceur berceuse… ».

La Dépêche : « Après l’opérette viennoise, après l’opérette anglaise, voici enfin l’opérette française : Susie, malgré un nom qui fleure l’importation, possède toute la grâce et tous les charmes d’un genre qu’on croyait éteint en France et que M. Vincent Scotto fait à nouveau resplendir. Le livret, dû à Maurice Mareil, est simple, spirituel, exquis ; il pétille d’entrain et de verve, il est amusant et il n’est pas bouffon… Nous ne connaissions jusqu’ici en Vincent Scotto que le compositeur très goûté au music-hall ou au concert, l’auteur de ces chansons au retentissant succès, « La Tonkinoise », « Tout en Rose », « Caroline », « Ton coeur a pris mon cœur », que tous les trottins fredonnent dans les ateliers. Avec Susie, il vient de se montrer sous un jour nouveau, car sa partition est des plus riches et des plus belles. C’est une musique gaie, tendre, délicieuse qu’il a versée sur les paroles de M. Mareil. Il y a bien une éternelle valse, un leitmotiv qui revient sans cesse à tout propos et hors propos comme il est de mode depuis quelque temps dans l’opérette ; néanmoins, la musique, comme le livret, conserve une saveur originale à laquelle on ne saurait rester indifférent… ».

Susie :
Opérette en 3 actes, musique de Vincent Scotto, livret de Maurice Mareil.
Création au théâtre des Variétés de Toulouse le 6 avril 1912 avec la distribution suivante :
Mariette Sully (Susie Perkins), Mary Hett (Georgette), Georgette Castets (la Princesse Dzira), Franz Caruso (Marcel de Lignères), Delamercie (Dicky); Michail (Tim Broadway), Pisard (Toby Godight).

Susie (sources) : Archives des Editions Fortin – 4 Cité Chaptal 75009 Paris

PAN-PAN

 En 1922, le Ba-Ta-Clan propose une opérette de Vincent Scotto, au titre singulier, Pan-Pan, dont le livret est signé de Michel Carré fils et Albert Acremant. Florian Bruyas, dans son « Histoire de l’Opérette en France », évoque ainsi l’ouvrage:
« Pan-Pan tint l’affiche assez longtemps car, faite pour divertir et reposer les spectateurs, cette pièce évitait de les entraîner dans de longues spéculations mentales et la musique simple et sautillante les provoquait plutôt à la joie et à la danse ».
Si le livret de Susie rappelle celui de La Veuve Joyeuse, avec Pan-Pan nous pensons plutôt à Phi-Phi (créé en 1918) qui était toujours à l’affiche en cet an de grâce 1922.

L’intrigue :
A Pompéi, l’amour rode par les rues ensoleillées et dans les demeures riantes. La fine statuette d’un petit faune dansant, offerte par le vieux viveur Dyomène à son gendre, l’avocat Méléagre, jette certain jour le trouble dans le ménage « un peu refroidi » de celui-ci et la tentation apparaît à son épouse, la jolie Nonia, sous les traits de Marcus Antonius, l’amant inconnu, qui passe au bon moment, choisit son heure et triomphe toujours.
Bien que Nonia ait juré devant le faune de rester fidèle à son piètre mari, elle ne tarde pas à succomber à la tentation. Marcus a d’ailleurs tout mis en oeuvre pour que Méléagre lui-même tombe dans les bras ensorcelants de la courtisane Cynthie. Mais la découverte d’un secret bien gardé rétablit vite l’équilibre entre les deux époux coupables, en leur prouvant qu’ils n’ont jamais cessé de s’aimer et que le seul responsable est le petit faune aux yeux pervers, dont la présence a jeté le trouble dans la maisonnée ! Ben, voyons…
« La Maison du faune », où rôda l’Amour malin, est restée paraît-il célèbre à Pompéï, où ses ruines laissent rêveurs, aujourd’hui encore, les visiteurs épris de jolis souvenirs… (1)
(1) D’après le programme du spectacle

 Pan-Pan :
Opérette en 3 actes de Michel Carré fils et Albert Acremant, musique de Vincent Scotto.
Création au Ba-Ta-Clan à Paris, le 19 avril 1922 dans une mise en scène de Robert Clermont, chorégraphie de M. Silson, direction musicale, Roger Guttenguer. La distribution :
Lucette de Landy (Nonia), Timmy (Caia), Huguette Dracy (Cinthie), Yvonne Fursey (Lucia), Leroy (Plancine), Scotti (Cornelia), Dorgeval (Sarah), Robert Clermont (Diomène), Félix Bellet (Marcus), M. Dullac (Méléagre).

2ème partie : Les opérettes marseillaises (1932-1945)

C’est avant tout aux talents conjugués de Vincent Scotto et d’Henri Alibert que l’on doit, au début des années trente, la naissance puis le rayonnement de l’opérette marseillaise. Entourés de quelques auteurs et interprètes venus eux aussi de l’incontournable Canebière – ou de ses environs – il surent apporter à une capitale bientôt conquise, une nouvelle recette de dépaysement empreinte d’une atmosphère de gaieté, d’insouciance, de farniente, le tout enrobé de ces expressions et de cet « assent » si chers à Pagnol.

Sarvil Sctto Rellys

C’est d’ailleurs Marcel Pagnol qui, d’une certaine manière, est à l’origine de l’opérette marseillaise. En effet, le triomphe de Marius (Théâtre de Paris, 9 mars 1929) donne à Alibert et Scotto l’idée de profiter de cet engouement subit des Parisiens pour le Midi. Et, le 26 avril 1932, Henri Alibert monte sur la petite scène du Moulin de la Chanson, La Revue Marseillaise qui, sur des musiques de Vincent Scotto et des textes de René Sarvil et Antoine Mars, réunit sur scène Jenny Hélia, Gorlett, Delmont, Edmond Castel, Alibert lui-même et quelques autres gloires du midi méditerranéen.

Pantalons blancs et chemises Lacoste – comme s’ils s’apprêtaient à commencer une partie de pétanque – Georges Sellers et ses musiciens donnaient le ton. Le soir de la première, le Tout Paris complété par le Tout Marseille est là, emmené par un Marcel Pagnol enthousiaste… si enthousiaste qu’il sera souvent présent au cours de la série de représentations. La Revue Marseillaise refuse du monde et, malgré son succès, est remplacée le 22 octobre 1932 par Au Pays du Soleil. L’opérette marseillaise est née !

Son âge d’or se prolonge une quinzaine d’années grâce à des ouvrages qui sentent bon le soleil, la mer, le pastis et la lavande… Plusieurs d’entre-eux eurent la consécration cinématographique. Après 1945, les Français se prennent à rêver de rivages plus lointains et font fête à des ouvrages qui les transportent sous d’autres cieux ensoleillés : L’Espagne ou le Mexique. L’exotisme marseillais en pâtit d’autant que ses deux principaux protagonistes disparaissent à quelques mois d’intervalle au début des années cinquante.

Plus de créations alors, mais un répertoire qui se maintient longtemps, surtout grâce à la trilogie constituée par Un de La Canebière, Au pays du Soleil et Trois de la Marine. Aujourd’hui, seul Un de La Canebière est encore régulièrement inscrit au répertoire des théâtres de France. L’opérette marseillaise a-t-elle encore de beaux jours devant elle ? Jean Herbert (1) en était persuadé :
« Les musiques de Vincent Scotto sont toujours jeunes et agréables. Si quelqu’un voulait se pencher sur les livrets… par exemple sur celui de Trois de la Marine qui ferait une pièce policière formidable… Bien sûr, il faut la rajeunir un peu. On ne vole plus de documents de nos jours… Traitée dans un style « James Bond », la pièce ferait un malheur… »
L’enthousiasme du directeur des Deux-Ânes d’alors se serait peut-être un peu refroidi de nos jours

Evoquons, pour illustrer notre propos, cette fameuse trilogie marseillaise :

AU PAYS DU SOLEIL

La première opérette marseillaise, Au Pays du soleil, a permis à ses auteurs de faire connaître les coins et décors pittoresques de Marseille qui vont de la rue Fortia à Notre-Dame de la Garde, en passant par le marché aux fleurs du Cours Saint-Louis, la fête locale de Saint-Giniez ou les bas-fonds de la cité Phocéenne, tels qu’ils se présentaient au cours des années trente.

La création a lieu le 22 octobre 1932 au petit théâtre du Moulin de la Chansonaupayssoleil-Alibert et Jenny Helia (200 places). On refuse du monde chaque soir et les protagonistes se mettront rapidement en quête d’établissements plus importants. A partir du 3 janvier 1933, la pièce sera ainsi successivement jouée à Bobino, au Pavillon, à l’Européen, à l’Empire, aux Folies Wagram et sur la scène de l’Ambigu Comique (dernière représentation le 26 novembre 1933).
La musique composée par Vincent Scotto comporte quelques airs qui ont connu un succès durable: « Miette », « J’ai rêvé d’une fleur », « La Valse à petits pas », « Zou, un peu d’aïoli », « Un fondu, un momo » et bien entendu « Au Pays du Soleil ».

L’intrigue :
Le jeune marseillais Titin, fils d’Anaïs, la patronne du restaurant « La Rascasse », aime d’amour tendre Miette, la fille de Rizoul qui le lui rend bien. Tout serait donc pour le mieux si Rizoul ne destinait pas sa fille à Bouffetranche, riche quinquagénaire et si Titin ne fréquentait pas Francis, un mauvais garçon comme il en existe dans tous les ports du monde.
Titin se dispute avec Miette au sujet du projet de mariage avec Bouffetranche et avec Anaïs qui lui reproche ses fréquentations. Il quitte alors la maison maternelle et rejoint Francis. Ce dernier lui présente Mado, jeune femme au grand cœur mais aux mœurs légères. Depuis longtemps Mado a remarqué le jeune homme et elle ne lui cache pas l’intérêt qu’elle lui porte.
Au cours d’une dispute, Francis tue un dénommé L’Inquiet et s’enfuit en abandonnant son revolver dans les mains de Titin qui se trouve là par hasard… Par hasard également passe Rizoul qui aperçoit Titin l’arme à la main. Il se persuade facilement qu’il a devant lui le meurtrier !
Quelques jours plus tard, au cabanon de Bouffetranche, une compagnie joyeuse s’apprête à déguster l’aïoli. Même Titin est de la fête… Il ne tarde pas à se réconcilier avec Miette et Rizoul les surprend en train de s’embrasser. Furieux, il se dispute avec le jeune homme, apprend à sa fille que ce dernier est un assassin et s’en va de ce pas à la Préfecture le dénoncer. Mais Mado, en dévoilant la vérité à la police, sauve Titin et permet l’arrestation de Francis. Bouffetranche comprend qu’il doit s’effacer. Miette épousera Titin et tout finira par des chansons, comme il se doit « Au Pays du Soleil » !

Au pays du soleil :
Opérette marseillaise en deux actes, livret et couplets d’Henri Alibert et René Sarvil, musique de Vincent Scotto. Création à Paris, au théâtre du Moulin de la Chanson le 22 octobre 1932. La distribution :
Jenny Helia (Miette), Renée Dennsy (Mado), Marte Marty (Anaïs), Gerlatta (Mme Estassi), Henri Alibert (Titin), Gorlett (Chichois), Henry Vilbert (Bouffetranche), Delmont (Rizoul), René Sarvil. (L’Inquiet). Direction musicale, Georges Sellers.  (voir fiche)

TROIS DE LA MARINE

La dernière représentation d’Au Pays du Soleil est à peine achevée sur la scène de l’Ambigu Comique que déjà les répétitions de l’opérette suivante, Trois de la Marine, vont bon train. La première représentation est donnée le 19 décembre 1933. Le succès se prolonge jusqu’au 1er mars 1934 dans cette salle ; la pièce est donnée ensuite à l’Européen avant de partir pour une tournée provinciale qui se prolonge pendant quatre mois avec Darcelys dans le rôle créé par Alibert, ce dernier préparant l’ouvrage suivant…
Parmi la dizaine d’airs composés par Vincent Scotto pour Trois de la Marine, on se souvient surtout de : « A Toulon », « L’amour est une étoile », « Je ne sais pas ce qui m’attire », « Sur le plancher des vaches » et « Quand les marins dansent en rond ».

L’intrigue

marineAprès une croisière de quatorze mois autour du monde, « L’Indomptable » rejoint Toulon. Antonin, Favouille et Papillote, les « Trois de la Marine » sont très attendus. Papillotte, par Fifi, qui lui présente leur fils, Papillon, fruit d’une escale précédente ; Favouille par madame de l’Escoube, veuve, ni jeune, ni belle ; Antonin enfin, par Rosette, la jolie blanchisseuse, qui espère de tout son coeur que le jeune homme va lui demander de l’épouser. Que nenni, car Antonin se croit amoureux de la belle et mystérieuse Dorah rencontrée à l’occasion d’escales précédentes.

Au cours d’une grande fête donnée à bord de « L’Indomptable », des documents secrets sont volés dans la cabine du Commandant. Antonin soupçonne Dorah qui lui a justement demandé de visiter la cabine. S’estimant en partie responsable, il part à la recherche du voleur, en cela aidé par ses deux amis. Antonin s’attache aux faits et gestes de Dorah et la suit jusque dans une taverne, où elle est bientôt rejointe par un mystérieux individu qui lui remet une enveloppe.
Les matelots interviennent vigoureusement et, au cours de la bagarre, Antonin récupère les documents qu’il s’empresse de remettre à son commandant. C’est à bord de « L’Indomptable » que se termine cette aventure d’espionnage. Nous y apprenons que Dorah est en réalité un agent des services secrets français, dont la mission est de découvrir un espion parmi les membres de l’équipage. Les documents sont en réalité de faux documents destinés à servir d’appât au traître… L’action d’Antonin et de ses compagnons est déterminante et le premier-maître, Keffers, est démasqué.
Tout finira bien comme il se doit. Antonin, se rendant compte que dans le fond il n’aime que Rosette, lui demandera enfin sa main.

Trois de la marine :
Opérette marseillaise en deux actes, livrets et couplets d’Henri Alibert et René Sarvil, musique de Vincent Scotto. Création à Paris, au théâtre de l’Ambigu Comique le 19 décembre 1933. La distribution :
Gaby Sims (Rosette), Gerlatta (Mme de l’Escoube), Loulou Darty (Fifi), Mary Francey (Dorah), Alibert (Antonin), Rivers Cadet (Papillotte), Rellys (Favouille), Jean Dulac (le commandant), Flament (Keffers). Direction musicale, Georges Sellers. (voir fiche)

UN DE LA CANEBIERE

La troisième opérette de Vincent Scotto, Arènes Joyeuses (« Zou, le Midi Bouge ») est créée à Paris (Alcazar), le 8 décembre 1934. Elle n’obtient pas le même succès que les deux précédentes mais la suivante, Un de la Canebière est considérée comme la plus réussie. C’est d’ailleurs celle qui s’est maintenue au répertoire. Un CanebierePour s’assurer du succès auprès du public parisien, les auteurs « rôdent » leur pièce aux Célestins de Lyon où la première représentation est donnée le 1er octobre 1935. Et, pendant une semaine, ils guettent les réactions du public lyonnais, retranchant par ci, ajoutant par là. Tout est fin près le 18 octobre 1935, date de la première représentation à Bobino. Après cinq mois de succès, suivis d’une escale au théâtre de l’Européen (14 au 30 mars 1936), Un de La Canebière s’installe (3 avril 1936) sur la scène prestigieuse des Variétés qui devient pour plus de dix ans le temple de l’opérette marseillaise.

Un de La Canebière sera à l’affiche par intermittence jusqu’au 8 novembre 1937, avec quelques interruptions au profit de tournées provinciales. Tous les airs de Un de la Canebière sont devenus et restés populaires. Qui n’a pas fredonné « Les Pescadous », « J’aime la mer », « Vous avez l’éclat de la rose », « Cane Canebière », « Un petit Cabanon » et bien entendu « Le plus beau de tous les tangos du monde » ?

L’intrigue :
A Marseille, sur la Corniche, le port du Vallon des Auffes abrite de joyeux pescadous parmi lesquels Toinet, petit patron pêcheur qui forme, avec ses amis Girelle et Pénible, un trio inséparable. Les trois jeunes gens espèrent bien qu’un jour, ils pourront faire bâtir, sur la colline, une usine où seront mises en boîtes les sardines de leur pêche. Hélas, jusqu’ici, la tante Clarisse n’a pas donné suite aux demandes de son neveu Pénible et refuse de financer le projet.
En attendant que le rêve ne se réalise, Pénible cherche le moyen de séduire Margot, une corpulente vendeuse de légumes qui, elle, n’a d’yeux que pour Girelle.

Lorsque le rideau se lève, Toinet et Girelle reviennent d’un dancing où ils ont fait la connaissance de deux jolies filles, Francine et Malou. Ils se sont fait passer pour les directeurs d’une usine de conserves et les jeunes filles pour des stars de cinéma.
En réalité, elles sont, comme Margot, vendeuses au marché. Lorsqu’elles racontent à cette dernière leur soirée, celle-ci ne tarde pas à comprendre ce qui s’est passé. Margot conseille à Francine et Malou de donner une petite leçon aux deux garçons, qu’elles ont promis de revoir…
Elles présentent donc à leurs flirts Bienaimé des Acoules, un vieil adorateur de Malou, comme un riche négociant désireux de leur acheter une grande quantité de sardines en boîtes. Les trois amis sont pris au piège et signent le contrat qui prévoit un important dédit. Que faire ? On décide de « faire disparaître » tante Clarisse (Pénible déguisé en vieille femme) qui a été présentée à Bienaimé comme commanditaire de leur affaire.
Une barque contenant un fichu, une coiffe, un sac à main et des mitaines sont mis à la mer : plus de tante Clarisse ! Un certain Garopouloff se présente à eux le lendemain, persuadé d’avoir fait chaviré avec son yacht l’embarcation de la tante. On transige : la police ne sera pas avertie et Garopouloff commanditera l’usine…

Trois mois plus tard, les pescadous ont réalisé leur rêve. l’usine est construite et Bienaimé s’inquiète. Mais Margot obtient sur l’oreiller des confidences de Pénible ; elle s’empresse de raconter à Bienaimé la supercherie. Ce dernier prévient Garopouloff… Tout va mal ! La situation se régularisera avec l’arrivée de la vraie tante Clarisse qui remboursera Garopouloff et financera l’affaire. Tout est bien qui finit bien pour nos héros sauf pour Bienaimé qui reste avec 800 000 boîtes de sardines sur les bras!

Un de la Canebière :
Opérette marseillaise en deux actes. Livret et couplets d’Henri Alibert et René Sarvil, musique de Vincent Scotto. Création à Lyon, théâtre des Célestins, le 3 octobre 1935 et à Paris au théâtre Bobino le 18 octobre 1935. La distribution :
Mireille Ponsard (Francine), Marguerite Villy (Malou), Gerlatta (Margot), Alibert (Toinet), Gorlett (Girelle), Rellys (Pénible), Berki (Bien Aimé des Accoules), Rolla (Garopoulos).  (voir fiche)

Après Un de la Canebière, le trio Scotto-Alibert-Sarvil propose le 10 novembre 1936 aux Célestins de Lyon, Les Gangsters du Château d’If qui, après une tournée provençale seront sur la scène des Variétés le 19 janvier 1937 et ce, pendant huit mois. L’opérette suivante, Le Roi des Galéjeurs est créée à Lyon le 16 avril 1938, à Paris, le 12 septembre de la même année. Les représentations s’achèveront quelques jours avant la déclaration de guerre. Le 18 mai 1945, le théâtre des Célestins donne une dernière  œuvre du célèbre trio : Les Gauchos de Marseille, ouvrage qui s’installera à Paris en septembre 1945 pour six mois (dont quatre aux Variétés et deux à l’Européen).

Il y a lieu de rétablir une vérité : Alibert est présenté comme auteur des livrets. En réalité ceux-ci ont été tous écrits, ainsi que les lyrics par René Sarvil, ce dernier ayant parfois comme collaborateur Raymond Vincy.

3ème partie : Les opérettes à grand spectacle (1948-1953)

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les salles consacrées à l’opérette connaissent, comme en 1918, une affluence considérable. Nos compatriotes rêvent d’horizons nouveaux qu’ils ne peuvent encore s’offrir. Grâce à Francis Lopez, grand prêtre des escapades exotiques, l’opérette leur apporte à domicile les rivages ensoleillés de l’Espagne ou du Mexique. Francis Lopez officie sur toutes les grandes scènes parisiennes : Châtelet, Gaîté-Lyrique, Européen, Porte Saint-Martin… sauf à Mogador où, fait curieux, Henri Varna ne fera jamais appel à lui.

Henri Varna, directeur du Casino de Paris et de Mogador, était marseillais comme Scotto. Les deux hommes étaient donc bien faits pour s’entendre. De fait, avant 1939, Scotto avait fréquemment collaboré aux revues du Casino, en composant des chansons pour les gloires de l’époque telles Joséphine Backer (« J’ai deux amours ») ou Tino Rossi (« Vienni, Vienni »).

VIOLETTES IMPERIALES

En 1948, Varna décide de tirer une opérette d’un film mélodramatique des années trente, Violettes Impériales. L’ouvrage sera interprété par un jeune artiste qui vient de débuter avec succès à Mogador dans Rêve de Valse : Marcel Merkès. Le directeur demande à Vincent Scotto, « jeune » compositeur de 74 ans, de se charger de la partition. Vous connaissez la suite. Violettes Impériales, créée le 31 janvier 1948, se joue deux ans sans interruption et bénéficie de deux autres reprises à Mogador. On lisait dans la presse de l’époque (Camille Dubled) :
« Le grand compositeur Vincent Scotto, célèbre par ses nombreux succès depuis un quart de siècle, a su donner à cette brillante opérette, toute la coloration et la sonorité musicale qu’un tel sujet exigeait ».

De la partition quatre airs surtout sont à retenir : « Ce soir mon amour », « La Valse des Violettes », « Si tu voyais » et « Qui veut mon bouquet de Violettes ».

Viollettes-Merkès-Walls-02

L’intrigue :
A Séville en 1852, Don Juan d’Ascaniz et Violetta, la petite marchande de fleurs sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ignorant les préjugés de caste, ils envisagent sérieusement de se marier. Mais la marquise d’Ascaniz veille : son fils n’épousera pas une fille du peuple, mais une jeune fille de la noblesse, Eugénie de Montijo. Ne voulant pas contrarier sa mère qui profite d’une santé délicate pour tyranniser son entourage, Juan finit par céder.
Le jour de Pâques, venue vendre ses fleurs, Violetta aperçoit Eugénie au bras de son amoureux. Furieuse, elle se précipite vers sa rivale comme pour la frapper. Eugénie comprend la situation. Elle rompt sur le champ avec Juan, s’oppose à l’arrestation de Violetta. Reconnaissante, cette dernière examine les lignes de sa main et lui prédit qu’elle sera Impératrice.

Deux ans plus tard, Eugénie est effectivement devenue Impératrice des Français. Elle a fait venir auprès d’elle la petite marchande de violettes qui a été promue fleuriste en chef du Palais ! Au cours de cette période, Juan a effectué un long voyage… Le voici à Paris. Les deux jeunes gens se retrouvent et leur brouille n’est bientôt plus qu’un mauvais souvenir… Tout serait donc pour le mieux si Juan ne s’était pas lancé dans une conjuration destinée à favoriser les mouvements libéraux espagnols. Apprenant que les conjurés ont décidé de faire éclater une bombe au passage du carrosse impérial, il se désolidarise de ses compagnons.
Il est retrouvé assommé par Violetta. Revenu à lui, il demande à la jeune fille de prévenir Eugénie. Violetta fait plus : à l’insu de la souveraine, elle prend sa place dans le carrosse. Violetta est blessée, mais elle guérira vite. En récompense, elle sera anoblie et épousera Juan…

Violettes impériales :
Opérette à grand spectacle en 2 actes et 17 tableaux d’après le film d’André Roussel. Paroles de Paul Achard, René Jeanne et Henri Varna. Musique de Vincent Scotto orchestrée par Jacques Météhen. Création à Paris, théâtre Mogador, le 31 janvier 1948 avec Marcel Merkès (Don Juan), Lina Walls (Violetta), Raymonde Allain (Eugénie), Marcelle Ragon (Sérafina), Annie Alexander (Rosette), Renée Thorel (Madame d’Ascaniz), Fernand Gilbert (Picadouros), Robert Allard (Estampillo), Pierjac (Loquito). Direction musicale, Paul Florendas.  (voir fiche)

LA DANSEUSE AUX ETOILES

La première série de représentations de Violettes Impériales se termine le 5 février 1950 après deux années de succès, pour laisser la place à une nouvelle création, musique de Vincent Scotto, La Danseuse aux Etoiles, d’après un roman de Guy des Cars, La Demoiselle d’Opéra. La pièce se joue un peu moins longtemps que Violettes, mais 21 mois tout de même. Heureuse époque !

Danseuse-prog - 02Une fois de plus le public et la presse applaudissent à la nouvelle opérette du magicien Varna. Quant à la musique de Vincent Scotto, elle est particulièrement réussie avec des airs comme « La Polka des Lilas », « La Marche des Hussards », « Tout doux cocher », « Soirée merveilleuse »…

René Dumesnil écrit dans « Le Monde : « … Il y a la musique de Vincent Scotto qui vous entre dans la tête avec effraction, et qui vous poursuit longtemps comme une obsession… »

Dans « Aux Ecoutes », on lit : « … Vincent Scotto a écrit une partition brillante, émue ou endiablée, dont les airs seront demain sur toutes les lèvres ».

L’intrigue :
En l’année 1870 – Napoléon est encore Empereur des Français -, la jeune et jolie danseuse Adeline Duparc vient de faire la conquête de Paris qui l’a surnommée « La Danseuse aux Etoiles ». Le spectacle terminé, Adeline va rejoindre celui qu’elle aime, le lieutenant Ludovic de Chanalèze, à la fête organisée en l’honneur de l’anniversaire du colonel des hussards. Au cours de la soirée une nouvelle tombe : Napoléon a déclaré la guerre à la Prusse. Ludovic n’a plus que quelques heures à consacrer à sa belle…
La guerre est terminée… Depuis quelques mois, Adeline est mère d’une petite Gisèle. Porté disparu, Ludovic est considéré comme mort. Décidée à vivre pour élever sa fille, la jeune femme accepte un contrat pour l’Amérique… Ludovic n’est pas mort, on s’en doutait. Il se présente au domicile d’Adeline où une amie bien intentionnée lui apprend qu’elle est partie en Amérique… avec un autre homme. Désespéré, il part combattre en Afrique…

En 1878, Mac Mahon, Président de la République, reçoit dans ses salons. Parmi les invités, Ludovic et Adeline. Celle-ci, folle de joie de le retrouver vivant, s’avance. Mais le jeune homme ne la laisse pas s’expliquer et se retire… Le lendemain, dans le foyer de l’Opéra, il fait la connaissance de la petite Gisèle. Il comprend vite qu’elle est sa fille et veut se faire pardonner son attitude de la veille. Adeline se fait tout d’abord tirer l’oreille mais rassurez-vous, quelque temps plus tard seront célébrées les noces de la Danseuse aux Etoiles et de son beau militaire…

La danseuse aux étoiles :
Opérette en 2 actes et 18 tableaux. Livret de Henri Varna et Guy des Cars d’après le roman La Demoiselle d’Opéra de Guy des Cars. Musique de Vincent Scotto orchestrée par Jacques Météhen. Création à Paris, théâtre Mogador, le 18 février 1950 avec Marta Labarr (Adeline), Isabelle Fusier (Catherine), Ana Beressi (Irma), Christiane Bourgeois (la petite Gisèle), Josette Hanson (la Princesse Mathilde), Christiane Cheihk (Doudou), Jean Chesnel (Ludovic), Fernand Gilbert (Ulysse), Robert Allard (Margazini). Direction musicale, Paul Florendas. (voir fiche)

LES AMANTS DE VENISE

Après La Danseuse aux Etoiles, le théâtre Mogador assure une reprise de La Veuve Joyeuse, puis de Violettes Impériales, et enfin une nouvelle version de La Belle de New York. C’est au cours de cette période (15 novembre 1952) que disparaît le compositeur aux 4000 chansons. Non sans avoir laissé un testament musical, la partition des Amants de Venise qui allait faire les beaux soirs du théâtre Mogador pendant deux années consécutives avec le couple Merkès-Merval dans les rôles principaux (première 5 décembre 1953).

Amants venise - MM-2

Les Amants de Venise mettent en scène les personnages d’un roman de cape et d’épée de Michel Zévaco (auteur des Pardaillan) fort intelligemment adapté par Marc Cab, René Richard et Henri Varna. Quant à la musique, W. L. Landowski, dans le « Parisien Libéré », déclare :
« … La musique inédite de Vincent Scotto trouve là un cadre digne d’elle ; toute la partition est pittoresque, tour à tour dramatique, spirituelle et tendre, mais richement harmonisée sans que la ligne mélodique en soit jamais étouffée pour autant… »

L’argument :
Venise, 1550. La ville est en liesse… Elle célèbre le retour de son héros, le capitaine Roland Candiano qui revient vainqueur d’une expédition contre les Turcs. mais aussi car le lendemain seront célébrés le mariage des « Amants de Venise », Roland et la belle Léonore. Mais ceux-ci ignorent qu’ils ont des ennemis puissants, notamment Altieri, qui convoite le poste de Doge… et la main de Léonore.
Altieri a mis au point un plan machiavélique, en exploitant la passion sans espoir de la courtisane Impéria pour Roland. Il fait assassiner le Sénateur Davila, protecteur de la courtisane, par le spadassin Scalabrino, et force Impéria à dénoncer Roland comme le meurtrier… Ainsi, le jour même du mariage, le jeune capitaine est arrêté. Le Conseil des Dix condamne Roland à mort. Il se retrouve dans le même cachot que Scalabrino. On s’explique, on devient amis. Le sbire apprend à son compagnon qu’en réalité il s’est contenté d’enfermer Davila dans une cave sans l’assassiner.

Emmenés pour être exécutés, les deux hommes, en passant sur le Pont des Soupirs, profitent d’un violent orage pour sauter dans l’eau et s’enfuir à la nage…
Dans la montagne, Scalabrino retrouve quelques compagnons qu’il ne tarde pas à convaincre d’aider Roland à partir à la conquête de Venise. Plan qui sera rapidement exécuté : Léonore, prisonnière d’Altieri sera délivrée et la réapparition du Sénateur prouvera la félonie d’Altieri.
La ville est en liesse… Aujourd’hui, on célèbre les épousailles des Amants de Venise.

Les amants de Venise :
Opérette en 2 actes et 17 tableaux. Livret d’Henri Varna, Marc-Cab et René Richard d’après les romans de Michel Zévaco, Les Amants de Venise et Le Pont des Soupirs. Musique de Vincent Scotto, orchestrée par Jacques Météhen avec Marcel Merkès (Roland), Paulette Merval (Léonore) et Lola Maddalena (Impéria), Jacqueline Mille (Paola), Dina Greyta (Pomodora), Alexandre Rignault (Scalabrino), Jacques Harden (Altieri), Jacky Piervil (Pierino), Raymond Danjou (Gennaro), Prior (Bucalapi). Direction musicale, Jacques Météhen. (voir fiche)

Que reste-t-il de l’œuvre théâtrale de Vincent Scotto en 2016 ?

Nous l’avons dit, de 1906, date de sa venue à Paris, à sa disparition en 1952,  Vincent Scotto a connu quarante-cinq années de succès ininterrompus et a quitté ce monde en pleine gloire. Son ouvrage posthume Les Amants de Venise s’est joué deux ans à la création ce qui représente 800 représentations consécutives !
Une telle longévité artistique est assez rare.
Aujourd’hui l’on connaît mal, et c’est sans doute dommage, l’œuvre théâtrale de la première période de Scotto, que nous avons illustrée avec Susie et Pan-Pan. D’autant que ces ouvrages n’ont pas, à notre connaissance, été repris sur les scènes de l’Hexagone.

Parmi les opérettes marseillaises, Un de la Canebière, qui bénéficie d’une partition particulièrement réussie et d’un livret invraisemblable mais astucieux, reste la plus célèbre. Repris à Paris en 1980, et télévisé, il s’est maintenu sur les scènes françaises. Au Pays du Soleil et Trois de la marine ont pratiquement disparu des programmations de nos jours.
De la trilogie à grand spectacle, Violettes Impériales a toujours les faveurs du public, l’ouvrage étant encore régulièrement monté.

Jean-Claude Fournier

Sources :
Programmes des spectacles
Revue de presse des spectacles
« 100 ans de chansons à Marseille » (revue Municipale n°145 d’octobre 1986)
« Souvenirs de Paris » par Vincent Scotto (Stael 1947)
Documentation SACD


Dossier © Académie Nationale de l’Opérette

 

OEUVRES LYRIQUES :

 

Création Titre Auteurs Lieu de la création
6 avr 1912 Susie ou La petite milliardaire Maurice Mareil  Toulouse (Variétés)
1912 Fouillope Théodore Flaville  Marseille (Eldorado)
24 jan 1919 La Poupée du Faubourg ou Charlot de la Chapelle Arm Foucher  Marseille
12 fév 1919 On y va tous! G. Arnould, Jacques Charles, Espian, Rouvray  Marseille
5 sept 1919  Miss Détective  Tasta, (Dactore?)  Bordeaux, Scala
2 mai 1920  L’amour qui rode  Michel Carré fils, Albert Acremant  Paris, Eldorado
 26 août 1921  L’Etoile du Ruisseau  Pièce d’Armand Foucher (pièce avec partition musicale)  Dijon
 19 avr 1922  Pan-Pan  Michel Carré fils, Albert Acremant  Paris, Bataclan
2 mai 1922  Zo-Zo  Bertal, Maubon, Hérault   Paris, Eldorado
 1er fév 1924  La Princesse du Moulin-Rouge ou La Princesse de Promeriou  Codey, A. Denis  Paris, Excelsior-Concert
 8 fév 1924  Fauves affamés  Mark   Marseille
 12 août 1924  Coeur d’artichaut  Codey  Limoges
 31 jan 1925  Montmartre en folie ou Maison Palmyre  Codey, A. Denis  Paris, Variétés
6 fév 1925  Zizi Vadrouille  Codey  Paris, Européen
 31 jui 1925  La Poule des Folies-Bergères  Codey, A. Denis  Paris, Gaîté-Montparnasse
 4 sept 1925  Corcotello  Acremant, Carré  Bruxelles, Capucines
 13 sept 1925 La Famille Banaste  Mas Andrès  Tarascon
 15 jan 1926  P’lotons en avant  Codey, A. Denis  Montreuil
 20 jan 1928  Pour un baiser  Danam, Barthélémy   Nice
21 mar 1930  As-tu vu son grain de beauté?  Palan, Pujol, Cuilliez  Le Havre
21 nov 1930  Denise garde ta chemise ou La Belle Mexicaine  Pierre Chambard  Lyon
15 nov 1931  Garde moi  G. Barthélémy, Danam  Casino Municipal de Beaucaire
 19 août 1932  C’n’est pas l’amour  Bertal, Maubon, Héraud  Paris,  Fantasio
22 oct 1932  Au Pays du Soleil  René Sarvil, Alibert  Paris, Moulin de la Chanson
19 nov 1932  Ces Messieurs Dames  Carco, Rieux, Varna, Merry  Studio Paris
 6 janv 1933  Pauline  Marc-Cab, Gévaudan  Nice
 6 oct 1933  Nuits de Princesse  Carricart, Géo Koger  Casino de Saint-Denis
14 oct 1933  Princesse  Carricart, Géo Koger  Alhambra de ChartresIdem ci-dessus?
17 nov 1933  Princesse au Bouge  Carricart, Géo Koger  Folies-Bergères du Havre
idem Nuits de Princesse
19 déc 1933  Trois de la Marine  René Sarvil, Alibert, Marc-Cab, Raymond Vincy  Paris, Ambigu Comique
 30 janv 1934  L’Aventure de Céline  G. Barthélémy, Gévaudan, Danam  Bizerte
27 oct 1934  Les Grandes Manoeuvres  Rip   Paris, P 77 (?)
8 déc 1934  Arènes Joyeuses (Zou, le Midi Bouge)  René Sarvil, Alibert, Raymond Vincy  Paris, Alcazar
10 janv 1935  Nine  Marc-Cab, Aman, Gévaudan  Nice, Eldorado
 1er oct 1935  Un de la Canebière  René Sarvil, Alibert, N. Vinay  Lyon, Célestins –
Paris, Bobino, 18 oct 1935
 10 nov 1936  Les Gangsters du Château d’If  René Sarvil, Alibert, Raymond Vincy  Lyon, Célestins –
Paris, Variétés, 19 janv 1937
 15 juin 1937  Ceux de la Légion  René Sarvil, Alibert, Raymond Vincy  Paris, Théâtre Antoine
 16 avr 1938  Le Roi des Galéjeurs  René Sarvil, Alibert, Raymond Vincy  Lyon, Célestins – Paris, Variétés, 12 sept 1938
16 févr 1940  Le verre dans le fruit  René Pujol, Géo Koger, J. Baurel  Bordeaux, Trianon
20 fév 1940  Les Compagnons de la Vertu  Jean Guitton, Léo Koger  Dijon
 20 déc 1940  Hugues  Jean Manse  Marseille, Variétés
6 déc 1942  C’est tout le Midi (opérette-revue)  Alibert, Raymond Vincy  Marseille (Capitole)
18 mai 1945  Les Gauchos de Marseille  René Sarvil, Alibert, St-Giniez  Lyon, Célestins –
Paris, Variétés, sept 1945
 31 jan 1948  Violettes Impériales  Paul Achard, René Jeanne, Henri Varna  Paris, Mogador
 18 fév 1950  La Danseuse aux Etoiles  Henri Varna, Guy des Cars  Paris, Mogador
 5 déc 1953  Les Amants de Venise  Henri Varna, Marc Cab, René Richard,  Paris, Mogador

Oeuvres montées à partir de musiques de Vincent Scotto

Création Titre Auteurs Lieu de la création
1961 Petite Tonkinoise (La) Albert Willemetz, AndréMouézy-Eon
[à partir d’airs connus de Scotto]
 ?
31 oct. 1969 Marchand de Soleil (Le) Musique : Henri Betti, Laurent Rossi, airs de Vincent Scotto et Martinet
Livret : Thomas (Robert), Mareuil (Jacques)
 Mogador
? Très bon aïoli ?; Albert Willemetz  ?