Revue n°181

Le n°181 d'Opérette vous fait découvrir Oliver Twist

REVUE N°181

Articles associés

OEUVRES ASSOCIÉES
L’Auberge du Cheval Blanc
La Route fleurie
Les Deux Aveugles

Pomme d’Api
Le Fifre Enchanté
Mademoiselle Moucheron
Monsieur Choufleuri restera chez lui le … 
Valses de Vienne
La Comtesse Maritza
Violettes impériales
Le Chanteur de Mexico
La Périchole
Faust en ménage
Les Trois baisers du Diable
Le Mariage pour rire
La Rose d’Istanbul
Frasquita
Viktoria et son hussard
Oliver Twist
Le Rouge et le Noir
Timéo
L’Opéra de quat’sous

ARTISTES ASSOCIÉS
Perrine Madoeuf
Sébastien Gabillat
Charlotte Bonnet
Jérémy Deffau
David Eguren
Morgane Carré

DANS CE NUMERO N° 181 de Novembre 2016 :

Comme chaque automne, la revue Opérette Théâtre Musical vous présente, au long de ses 64 pages agrémentées de nombreuses photos :

les comptes rendus des spectacles d’opérette qui ont animé les festivals de nos régions, ainsi que ceux d’Autriche,

les artistes rencontrés :
Perrine Madoeuf
Sébastien Gabillat
Charlotte Bonnet
Jérémy Deffau
David Eguren
Morgane Carré

Vous y retrouverez également la Chronique Parisienne,
la rubrique De-ci de-là,
des articles de fond,
les échos de nos régions
et la programmation des théâtres pour les prochains mois.

Sommaire détaillé du n°181

LES FESTIVALS DE L’ETE

AIX-LES-BAINS
Outre le gala qui ouvre le Festival, gala qui prend la forme d’un concert mis en scène quasiment comme un ouvrage lyrique, Pierre Sybil nous a présenté deux opérettes indétrônables : L’Auberge du Cheval Blanc et La Route fleurie.


23-auberge
L’Auberge du Cheval Blanc
, mise en scène de Pierre Sybil, fait alterner les aspects classiques que le public attend avec de nombreuses trouvailles pleines d’intérêt. La chorégraphie d’Estelle Lelièvre-Danvers apporte piquant et sensualité (le « Tout bleu » est un véritable numéro digne d’une revue du Lido, sans oublier le très joli ballet de la forêt). Les décors (avec changements à vue et arrivées du train et du bateau) font référence à ceux du Châtelet. A la baguette Bruno Conti, en professionnel accompli, s’attache à donner tout le relief voulu à cette opérette pleine de charme.
Pour sa prise de rôle, Frédérique Varda dessine une Josépha parfaite, tandis que David Eguren est un superbe Léopold au charme évident. Ils sont entourés d’Amélie Robbins et Julien Mior, Sylvabelle et Guy Florès remarquables, de Pierre Sybil, Bistagne à la verve intarissable et de Fabrice Lelièvre en subtil Hinzelman.

24-route-fleurie

Comme L’Auberge, La Route fleurie est marquée par des premiers rôles confiés à de jeunes interprètes qui, par leur fraîcheur, leur dynamisme et la « modernité » de leur jeu, nous ont permis de revisiter des œuvres que nous pensions pourtant bien connaître : Grégory Benchenafi, Marion Preïte, qui aborde sa première opérette, Julie Morgane, Grégory Juppin, bien entourés par Pierre Sybil et Fabrice Leleièvre. Et quel bonheur d’avoir à la baguette Patrick Laviosa !


BARIE

39-opera-de-barie
Pour sa 9e édition l’Opéra de Barie a une fois de plus tenu toutes ses promesses en montant des œuvres en un acte rares d’Offenbach. Cette année : Les  Deux Aveugles, Pomme d’Api et Le Fifre Enchanté.  Cyril Fargues, le metteur en scène, sait joindre chaque fois, au réalisme des univers, ce qui les caractérise, soulignant le cynisme des deux aveugles, la poésie parfois grinçante de Pomme d’Api et faire passer dans le Fifre Enchanté la cruauté des mœurs bourgeoises et la sorte de folie qui s’empare des personnages avec l’entrée en scène des militaires. Les trois opérettes sont servies par des distributions bien choisies avec, aux côtés de Cyril Fargues, Claire Beaudouin, Brigitte Farge, Jean-François Dickstein, Jean-Marc Choisy, Damien Féral, Magali Klipffel, Astrid Dupuis, Chloé Leruth, Michel Ballan, Audrey Hostein, Christian Lara, Michel Da Souza, et Damien Féral, avec, au piano : Arnaud Oreb.

 

BRUNIQUEL

40-moucheron

Mademoiselle Moucheron,  donnée cet été au festival de Bruniquel est la reprise exacte, à quelques détails près, de l’agréable adaptation déjà présentée en 2004. Celle-ci transpose l’action, en fait assez réduite, dans la France de 1968 ; ainsi, certaines scènes parlées entre étudiants et jeunes pensionnaires évoquent les manifestations qui ont marqué cette période.
Mis en scène par Frank T’Hézan et sous la direction musicale de Jean-Christophe Keck, le public a pu applaudir Julia Jérôme, Jeanne-Marie Lévy, Emmanuelle Zoldan, Dominique Desmons, Frank T’Hézan, Xavier Mauconduit, Thibaut T’Hézan, Till Fechner, ainsi que la participation de Michel Vaissière.

 

ETRETAT

choufleuri

Le Festival Offenbach d’Etretat, outre les spectacles à thèmes : « Offenbach… avec l’Accent », « Offenbach l’Européen : Viva Espaňa ! », « Offenbach passe l’archet »… a présenté Monsieur Choufleuri restera chez lui le … transposé dans les années 30 par Yves Coudray, avec une distribution qui séduit : Lionel Peintre, (Choufleuri), artiste complet aux qualités dramatiques et lyriques évidentes, Clémence Olivier, (Ernestine) d’abord adolescente maladroite avant d’incarner de façon pertinente Lili Pons, Marc Larcher (Babylas) faisant sa cour par chant interposé, ainsi que Joseph Kauzman, Edwige Bourdy, Pierre Méchanick, tous sous la direction de Philippe Hui.

 

LAMALOU-LES-BAINS
Des nombreux spectacles donnés cet été, nos rédacteurs ont assisté à Valses de Vienne, La Comtesse Maritza, Violettes impériales, Le Chanteur de Mexico et La Périchole.

25-valses-vienne-lamalou

 

Mise en scène par Philippe Béranger, Valses de Vienne était montée tel qu’on l’aime, avec ses épisodes attendus, ses scènes vivantes, un rythme enlevé, et chanté par un couple vedette tout à fait remarquable : Charlotte Bonnet, une Rési très fine dramatiquement et superbe vocalement, maîtrisant un très beau phrasé et, à ses côtés, Lionel Delbruyère, un épatant Strauss fils. Les autres interprètes sont eux aussi très investis. Elisabeth Aubert est une comtesse très vocale ; Carole Clin traverse les avatars de son rôle avec une classe incroyable ; Claude Deschamps est plus drôle que jamais dans un pittoresque Léopold, pour ne citer qu’eux. L’orchestre, dirigé par Bruno Conti, fait des merveilles et prend toute sa place dans la réussite du spectacle.

 

La représentation de La Comtesse Maritza bénéficiait de bons atouts. Une mise27-maritza en scène classique de Frédéric L’Huillier, enrichie de nombreux détails intéressants, un beau décor, un chœur d’enfants plein de fraîcheur et surtout une excellente distribution.Tout d’abord la Maritza de Perrine Madoeuf très à l’aise dans la large tessiture de l’héroïne ; de plus un physique idéal ainsi qu’un jeu mesuré arrivent à rendre sympathique un personnage d’abord désagréable. Elle a pour partenaire Jean Goyetche, très à l’aise dans les graves et dont les airs ont été particulièrement applaudis. Lovenah L’Huillier, en Lisa espiègle, assure avec le Zsupan de Franck Sixdenier un couple fort sympathique. La fantaisie était également assumée par Xavier Van Rosson, prince Populescu parasite et gaffeur, et surtout par Claude Deschamps qui assumait le rôle délirant du professeur Saint-Germain, auprès de Carole Clin dans un personnage peu courant pour elle de vieille princesse quasi momifiée. L’orchestre, sous la direction de Bruno Conti, malgré une phalange réduite, a su restituer en partie la riche orchestration de Kálmán.

29-violettes

Violettes impériales agréablement montée par Claude Deschamps étaitinterprétée par d’excellents protagonistes en tête desquels Charlotte Bonnet et Lionel Delbruyère. Charlotte Bonnet, jeune chanteuse de 23 ans présente dans la plupart des spectacles donnés cet été à Lamalou, aborde avec une grande aisance scénique et vocale le rôle de Violetta. La voix claire, les aigus bienvenus et la diction parfaite s’ajoutent à son charme naturel pour incarner une idéale marchande de fleurs. Lionel Delbruyère, présent lui aussi dans plusieurs spectacles, assume un Don Juan à la voix de baryton puissante et bien menée et « Ce soir mon amour », « Il n’y a pas de Pyrénées », « Si tu voyais son sourire », « Tu peux croire à mon amour » provoquent toujours la ferveur du public. La partie comique était assurée par le Picadouros de Philippe Béranger et par les deux couples : Carole Clin, brune Sérafina, et Claude Deschamps en Estampillo et, la Rosette de Lovenah L’Huillier et le Loquito de Vincent Alary

L’ensemble de la troupe a pris un plaisir évident à jouer Le Chanteur de30-mexico Mexico et, rompu à cet exercice, y apportait un très solide métier. Retenons Jean Goyetche, en grande forme et profitant de cette dernière soirée lopézienne pour se lâcher vocalement, Carole Clin comme d’habitude exemplaire dans un rôle qui semble taillée sur mesure pour elle, Élisabeth Aubert dont le chant solide et percutant, la pétulance, conviennent on ne peut mieux à son personnage de diva, Philippe Béranger en Cartoni qui sait toujours garder à son chant une belle élégance, Michel Delfaut en évident cousin Bidache, et, bien sûr l’incontournable Claude Deschamps qui fait une fois de plus un grand numéro entre burlesque débridé et retenue sentimentale. Quant à la couleur, elle est bien sûr apportée par la succession des numéros dansés par l’ensemble de la troupe, mais plus encore par ce que Bruno Conti, à la tête d’une poignée de musiciens, insuffle à l’orchestre. Cette présentation est précédée d’une réflexion pertinente sur l’impact des ouvrages de Francis Lopez sur des générations différentes.

31-pericholeAprès le Mexique de Lopez, le Pérou d’Offenbach avec La Périchole. Après un certain confort une certaine prise de risque. On ne s’endort pas à Lamalou ! Cette Périchole était une première et une prise de rôle pour l’ensemble de la troupe. Quand on sait les conditions acrobatiques dans lesquelles s’y montent les ouvrages, on mesure le courage qu’il y a à s’attaquer à une œuvre qui, comme tous les Offenbach, requiert beaucoup de précision, de doigté et de vraie fantaisie. La couleur locale n’y a rien à voir avec le folklorisme assumé de Lopez, et le public est invité à entrer dans un tout autre jeu. La mise en scène ici est toute tendue vers l’épisode de la prison qui est préparé par un crescendo festif où le rôle de la foule n’a rien de décoratif. Amandine Perret et Sébastien Gabillat sont une Périchole et un Piquillo des plus convaincants. Outre son physique très séduisant de brune elle possède l’exacte voix de mezzo qui convient au rôle, tandis que son partenaire, à la voix ductile et élégante des ténors légers à la française, semble se trouver de plus en plus empêtré dans des situations qui le dépassent. Les pages anthologiques sont toutes de beaux moments, mais ce sont celles du cachot qui atteignent à la parfaite symbiose entre lyrisme et drame.

Parmi les nombreux interprètes qui se sont produits à Lamalou, nos rédacteurs ont rencontré trois jeunes artistes promis à un bel avenir : Perrine Madoeuf, Sébastien Gabillat et Charlotte Bonnet.

p-madoeuf32-gabillat28-bonnet

Trois autres interviewes vous permettront de découvrir Morgane Carré, metteure en scène à Saint-Amand Monrond, David Eguren, le Léopold de l’Auberge d’Aix,   et Jérémy Duffau, le Vincent du Chanteur de Mexico de Nice.

 

36-duffau22-egurencarre

 

 

 

 

                         

NICE   

mexicoLe Festival de Nice s’est lui aussi penché sur Le Chanteur de Mexico qui a été  incontestablement l’une des meilleures productions que nous a proposé à ce jour ce festival, avec la mise en scène et la chorégraphie de Serge Manguette qui sait, avec bonheur, conjuguer rythme effréné (aucun temps mort pendant les trois heures et demie de la représentation), humour, originalité et toute la sensualité des séquences où le romanesque est nécessaire. Le mérite de la production est d’avoir mis en œuvre tous les moyens pour donner éclat et magnificence aux représentations proposées. Décors et costumes somptueux, intégralité de la partition et des ballets et, de surcroît, plus de 50 musiciens dans la fosse. L’Orchestre Philharmonique de Nice rend justice à une partition qu’on entend très rarement aussi bien servie ! Enfin, une distribution à la hauteur des ambitions : Jérémy Duffau incarne Vincent, Perrine Madoeuf est une superbe Eva, Philippe Ermelier est évidemment un Zapata de luxe et les fantaisistes Claude Deschamps et Julie Morgane s’entendent comme larrons en foire pour déchaîner l’hilarité du public.


POURRIERES

Revenons aux petits ouvrages en un acte avec deux opérettes particulièrement intéressantes, Faust en ménage (1924) de Claude Terrasse et Les Trois baisers du Diable (1857) d’Offenbach, opérettes qui mettent en scène le Diable dans ses manifestations variées, ce qui permet d’introduire un peu de fantastique dans les actions.
La fantaisie lyrique de Terrasse, Faust en ménage se termine sur une touche41-faust-en-menage plutôt comique, puisque Méphisto a retrouvé son pouvoir mais ne parvient pas à l’ajuster correctement, Faust devenant gamin ou vieillard, sans intérêt pour Marguerite.
Dans l’opérette Les Trois baisers du Diable d’Offenbach, le pacte de Gaspard ne peut aboutir et c’est sur une scène sulpicienne que se clôt l’histoire.
La mise en scène de Bernard Grimonet a permis de faire ressortir l’intérêt de ce choix. Le ton est juste grâce à une très bonne direction d’acteurs et un jeu d’une particulière crédibilité. Claire Beaudoin, très en voix, est une rayonnante Marguerite et Olivier Hernandez un Faust au beau phrasé, rappelant les lignes de chant de l’opéra, tandis que Thibaut Desplantes rend par sa percutante voix de baryton les accents du vrai Méphisto. Excellente idée d’avoir distribué le contre-ténor Raphaël Pongy dans Siébel, tout comme d’avoir confié Dame Marthe à la comédienne Béatrice Giovanetti.

L’OPERETTE EN AUTRICHE

Comme chaque été, les festivals d’opérette montent des spectacles de très grande qualité et proposent très souvent des ouvrages rarement donnés. C’était encore le cas cet été avec, outre une Chauve-souris revue et située en 1920, Le Mariage pour rire, et Frasquita de Lehár, La rose d’Istanbul, de Fall, Victoria et son hussard d’Abraham, et une comédie musicale, Jeykill et Hyde de Wildhorn.
Présentation des œuvres et comptes rendus des spectacles.

43-mariage-pour-rireDonnée à Bad Ischl, Die Juxheirat ou Le Mariage pour rire, est une œuvre oubliée de Franz Lehár, créée le 22 décembre 1904 au Théâtre an der Wien de Vienne, sa quatrième opérette, celle qui précède immédiatement La Veuve joyeuse. L’action se déroule en Amérique, au début du XXe siècle et met en scène une veuve très féministe qui, pour se moquer du mariage et braver son père, épouse ce qu’elle croit être une femme déguisée en homme. En fait, il s’agit bien d’un de ses soupirants qui a utilisé ce subterfuge pour arriver à ses fins et se fait enfin aimer de la belle.
Cette opérette, qui n’est pas sans agréments, comporte pas moins de neuf premiers rôles interprétés de façon exemplaire par la soprano Maya Book l’héroïne de la pièce, Rita Peteri, Ilia Vierlinger et Anna-Sophie Kostal, ses trois amies, les ténors Jevgeny Taruntsov et Alexander Kaimbacher. Quant à l’orchestre, sous la baguette de Marius Burkert, il est, pour l’auditeur, un pur bonheur. Il n’est que dans ce pays où l’on puisse entendre des cordes aussi envoûtantes épouser aussi bien les mélodies viennoises.

A Bad Ischl également, La Rose d’Istanbul. Créée en 1916 à Vienne mais 45-rose-istamboulcomplètement ignorée en France, c’est l’une des opérettes les plus envoûtantes de Leo Fall et l’un de ses plus grands succès.
La scénographie de Su Pitzek repose essentiellement sur une architecture d’escaliers blancs encadrée par six panneaux de voilages à cour et jardin. L’illusion d’un palais oriental est complétée par des projections de mosaïques en fond de plateau et tout autour du cadre de scène. De la brillante distribution, retenons le ténor     Alexandru Badea à qui reviennent les plus belles mélodies, la soprano Maya Boog dans le rôle de l’héroïne et Ilia Vierlinger, son amie, courtisée par le baryton Thomas Zisterer.
C’est sous la baguette vibrante d’Antanina Kalechyts que l’orchestre du Festival, en état de grâce, nous fait entendre les mille merveilles de cette flamboyante partition de Leo Fall.

47-frasquita

Au Festival de Baden, Frasquita dans la mise en scène très classique d’Anette Leistenschneider, rassemble à nouveau d’excellents protagonistes. Bibiana Nwobilo est belle à damner un saint et danse à merveille. Sa tessiture est celle d’une soprano. Sébastian Reinthaller, qui interprète Armand : legato parfait et sens inné du phrasé. Tout dans l’émission est dans la suavité et l’élégance, sans aucun son forcé dans cette voix d’une extrême homogénéité. La Dolly de Sieglinde Feldhofer est une jeune femme myope et apparemment coincée. Elle s’accorde parfaitement avec l’Hippolyte de Thomas Malik, gaffeur à souhait. Leur scène d’effeuillage à l’acte 3 est un pur régal de drôlerie et, là encore, quelles voix et quel talent de danseurs ! et Rupert Bergmann dessine un Aristide Girot de luxe à la faconde inépuisable. Franz Josef Breznik, directeur musical des théâtres de Baden,  met sa baguette experte au service de la partition luxuriante de Franz Lehár.

Le théâtre de Baden a également proposé une comédie musicale de Frank Wildhorn, Jekyll & Hyde, basée sur     l’adaptation du roman de Robert-Louis 49-jekyllStevenson et créé à Houston en 1990 avant de connaître un succès planétaire. Cet ouvrage est basé sur un sujet fort, à savoir l’aliénation mentale et la lutte incessante entre le bien et le mal. Si le sujet est fort, la musique de Frank Wildhorn est particulièrement attachante et, à bien l’écouter, on entend les influences indubitables d’Andrew Lloyd Webber et de Claude-Michel Schönberg.
Darius Merstein-Macleod incarne, d’une manière fascinante, le double personnage en assurant, de manière étonnante, ses transformations aussi bien sur le plan physique que vocal. Cette performance, ainsi que l’implication théâtrale et vocale de Darius Merstein-Macleod lui valent, lors des saluts, une interminable ovation des spectateurs debout. La stupéfiante Lucy Harris de Dorina Garuci émeut autant qu’elle séduit et sa voix à la fois chaude, rauque et grave tient l’auditeur sous son emprise et Iréna Flury est une parfaite Lisa au timbre limpide. Deux palmes doivent être attribuées à la chorégraphie électrisante de Michael Kropf et à la direction vigoureuse d’Oliver Ostermann.

viktoria
Le Festival de Mörbisch a présenté un spectacle grandiose, délirant, somptueux : Viktoria et son hussard. Quelle magnifique opérette que cette oeuvre d’Abraham car le compositeur a su, avec un rare bonheur, mêler les langoureuses mélodies austro-hongroises (valses et czardas) à de trépidants numéros dignes des meilleures comédies musicales (claquettes y compris). Certes, le magnifique et grand orchestre du Festival de Mörbisch (dirigé par David Lévi) rend justice à cette partition en passant avec aisance d’un style à l’autre, mais il y a également la reconstitution avec demeures typiques, statue de bouddha, éventail monumental…
Dagmar Schellenberger est dotée d’une sensibilité à fleur de peau et d’un timbre à la fois charnel et éthéré aux sublimes piani, tandis que Garrie Davistim campe un séduisant Stefan. Par l’élégance de son interprétation, Andreas Steppan est un idéal John Cunlight. Theresa Dittmar (O Lia San), Andreas Sauerzapf (Janczi), Peter Lesiak (Ferry) et Katrin Fuchs (Riquette) viennent démontrer qu’ils savent manier de vraies voix lyriques tout en dansant comme à Broadway.

LA CHRONIQUE PARISIENNE

Une grande richesse de spectacles cet automne dans la capitale avec en premier lieu, Oliver Twist, donné salle Gaveau, une nouvelle adaptation musicale française signée Shay Alon sur un véritable livret et des lyrics de Christopher Delarue.
01-oliver-twist
Cette comédie musicale dans la tradition de Broadway comporte une très agréable partition, dans laquelle bon nombre de numéros accrochent immédiatement l’oreille.
L’excellente distribution tient toutes ses promesses. David Alexis est un remarquable Fagin. Prisca Demarez est autant à l’aise dans le rôle de la gentille Nancy que dans celui de la terrifiante Madame Corney. Catherine Arondel, interprète également deux rôles antinomiques, l’horrible Mme Dumbly puis la douce gouvernante Rosa. A ses côtés, Gilles Vajou est le redoutable Monsieur Dumbly, en début de spectacle, pour se transformer ensuite en gentil Monsieur Brownlow. Il en est ainsi pour la plupart des interprètes, accompagnés par un ensemble de sept musiciens (avec l’adjonction de compléments enregistrés), placés sous la direction musicale du compositeur. Le spectacle enchaînera ensuite avec une tournée dans près de quarante villes en France, Suisse et Belgique.


Le Rouge et le Noir
, d’après le célèbre roman de Stendhal, (déjà présenté 04-rouge-noirdans le numéro précédent de la revue) s’est installé sur la scène du Palace. Produit par Albert Cohen, devenu un spécialiste du genre, ce nouveau spectacle se démarque nettement des grosses productions qu’il avait coproduites avec Dove Attia. C’est une réussite dans laquelle les aficionados de l’opéra-rock à la française trouveront leur compte avec la présence de vrais musiciens, ceux de la comédie musicale, les codes de cette dernière, un vrai livret et des chansons en situation.
François Chouquet et Laurent Seroussi ont imaginé une mise en scène fluide et efficace, n’entravant en rien l’interprétation de chanteurs dont certains encore peu rompus au théâtre et à la comédie. Dans les rôles principaux : Côme (Julien Sorel), Haylen (Louise de Rênal), Julie Fournier (Mathilde de la Mole), Yoann Launay (Geronimo), et Michel Lerousseau, Philippe Escande, Patrice Maktav, Elsa Perusin, Cynthia Tolleron.

Au Casino de Paris, Timéo. une « circomédie musicale » traitant des problèmes timeoliésau handicap. Le livret ne peut évidemment éviter certains clichés, mais ne tombe jamais dans le sirupeux et peut même être empreint d’une certaine ironie : « C’est mon fauteuil qui vous paralyse ? » demande Timéo à un employé du cirque… Le spectacle plein de bons sentiments est d’ailleurs surtout une succession de numéros visuels chantés, auxquels assiste Timéo à l’avant-scène. Autour du rôle titre interprété en alternance par deux jeunes handicapés, Mathias Ramuel et Benjamin Maytraud, une troupe de près d’une vingtaine d’artistes capables de chanter, danser, jouer la comédie et réaliser des numéros circassiens a été constituée.

Parmi les nombreux autres spectacles de la capitale, citons :
au Théâtre de poche : Les Jeux de l’Amour et d’Offenbach,
au Théâtre de Nesles : Je me pique à l’eau de javel, Le Cabaret Lyrique, Tout va très bien Madame la Diva,
à l’Athénée Louis Jouvet : L’Ile du Rêve, Les Chevaliers de la Table Ronde, Oh-la-la oui oui,
au Casino de Paris : Priscilla, Folle du Désert
et d’autres encore que vous pourrez découvrir dans les pages de la revue.Signalons encore un long article de présentation des travaux de rénovation de la Salle Favart ainsi qu’un aperçu des futures programmations.

LES ARTICLES DE FOND

Le 15e volet de la rubrique Question d’Esthétique aborde l’un des aspects essentiels du genre opérette : Pourquoi chanter ? Pourquoi parler ? Comment s’organisent texte parlé et chant dans l’opérette. Lorsque l’opérette va apparaître vers 1850 (le plus souvent sous le nom d’opéra-bouffe), les livrets s’honorent d’être écrits par des auteurs en vue, dont font partie Meilhac, Halévy ou Crémieux, Chivot et Duru. Leterrier et Vanloo qui vont acquérir un véritable statut de librettistes. L’opérette est intrinsèquement faite de textes parlés et de chant. La part du théâtre y reste importante, les auteurs s’acquittant jusqu’aux années 1920 des dialogues parlés et du texte des parties chantés…


MAIS AUSSI

Vous retrouverez bien sûr la rubrique De-ci, De-là avec :
– d’autres comptes rendus de spectacles tournant dans l’hexagone :

L’Opéra de quat’sous, vu à Hénin Beaumont pendant sa tournée.
La distribution, réduite aux huit personnages principaux, est en tous points4-sous remarquable, aussi bien dans le jeu que dans le chant, chacun ayant fait ses preuves dans de nombreux autres spectacles. En premier lieu, pour ne citer que les principaux, Vincent Heden, à l’aise dans les divers types de chants, même ceux dans la tessiture de ténor, assume parfaitement le charme vénéneux de Mackie-le-Surineur, avec sa séduction, ses outrances, sa vision réaliste de la société qu’il clame de façon pathétique dans l’avant dernière scène de la pièce alors qu’il a déjà la corde au cou. Nolwenn Korbell, particulièrement touchante dans son air, est la prostituée Jenny, déchirée entre son amour pour Mackie et la sensation d’avoir été trahie par lui, avant de le livrer à la police. Pauline Cardel sait faire évoluer son personnage de Polly Peachum, de la naïve jeune fille à l’épouse jalouse de Mackie, notamment dans son duo avec Lucy, une autre épouse de Mackie.

L’Elixir d’amour, donné en français à Civray,

et pour compléter la revue :
– la présentation des nouveaux DVD : Merkès-Merval 50 ans d’opérette, et Le Sire de Vergy de Claude Terrasse.
– Les hommages à nos disparus : Philippe Gortary. Ceux concernant Deva Dassy et Claudine Collart sont, faute de place, reportés au numéro 182 de la revue.
Les échos de nos régions avec divers spectacles
Et enfin nos pages de programmes jusqu’en mars-avril.

.

7,5€
Frais d’envoi gratuits