Revue n°178
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DANS CE NUMERO N° 178 de février 2016 :
Si vous êtes curieux : LES CHEFS D’ŒUVRES OUBLIES
Offenbach :
A Lyon, Le Roi Carotte, une féerie
« Le Roi Carotte d’Offenbach est un ouvrage injustement oublié, peut-être parce que manifestement hors normes… Il conserve quelque chose de l’opéra-bouffe satirique ; le livret, commencé avant la guerre franco-prussienne, est signé d’un Victorien Sardou très pro Second Empire et pour lui le personnage du Roi Carotte représente une forme de radicalisme inquiétant. Mais l’ouvrage se présente aussi dès le début comme un grand spectacle féerique…
Agathe Mélinand a su habilement resserrer l’opérette et Laurent Pelly, ajouter à sa riche contribution aux mises en scène d’Offenbach, un nouveau spectacle absolument bien vu, agréable à suivre… »
A Lyon, Mesdames de La Halle, dans une relecture
« La pièce elle-même est encadrée par une remémoration de ce que fut la halle. C’est un prologue mené tambour battant par deux excellents comédiens-chanteurs-danseurs : Anne Girouard et Thierry Gondet. Au fil de textes de Zola et de chansons se dessine, entre gauloiserie et poésie, un très suggestif tableau de cet univers enseveli sous les gravats des pavillons Baltard…
Les interprètes sont tous de jeunes solistes du Studio de l’Opéra de Lyon. Reprendre des rôles écrits, parfois sur
mesure, pour les bêtes de scènes que pouvaient être Léonce ou Désiré présente de gros risques. La difficulté a été très astucieusement contournée en confiant les dialogues aux deux comédiens. La technique de postsynchronisation est ici renversée et les chanteurs libérés de la diction la miment avec une parfaite synchronie et une belle gestuelle. Tout cela fonctionne très bien… »
A Limoges, La Princesse de Trébizonde, entre satire et poésie
» Composée à la toute fin du Second Empire en 1869, La Princesse de Trébizonde marque une évolution dans
l’art d’Offenbach : un peu moins de satire, beaucoup de tendresse et de poésie. La mise en scène du jeune metteur en scène flamand Waut Koeken est parfaitement en phase avec les nouvelles options du musicien. Les éléments de la dramaturgie (Benjamin Prins) et des décors (Benoît Dugardyn) servent l’idée d’un monde « où, selon les notes d’intention du metteur en scène, tout tourne en rond comme cette société insensée du Second Empire, ce monde d’opérette tournant sur lui-même, miroir étrange de notre époque », à l’image de ce Grand Galop du 3e acte qui déchaîne littéralement le plateau… »
Le metteur en scène Waut Koeken se confie :
« Quand j’ai découvert l’œuvre d’Offenbach, je n’ai pas vu en lui que l’amuseur. J’ai été sensible à son intelligence, celle de son humour, moderne avant l’heure, sa tendresse, sa poésie aussi… J’ai réécrit le texte après avoir fréquenté la Bibliothèque Nationale, même si la littérature sur La Princesse de Trébizonde n’est pas très abondante. Il a fallu faire des choix entre les deux versions, l’une en deux, l’autre en trois actes. J’ai consulté la correspondance entre le musicien et ses auteurs Nuitter et Tréfeu. On voit l’histoire s’inventer et se construire au fi l de leurs lettres. On a fait notre miel de certaines formules ».
Hervé :
Les Chevaliers de la Table Ronde, en tournée
« Jamais repris depuis leur double création (1866-1872), Les Chevaliers de la Table Ronde de Hervé montés par le « Palazzetto Bru Zane » et la Compagnie « Les Brigands », ont amorcé à l’Opéra de Bordeaux une tournée qui les conduit dans des grandes Maisons d’Opéra mais aussi dans des villes qui ne sont pas dotées des mêmes structures. (35 dates en tout) L’ouvrage s’inscrit dans la forme et l’esprit des opéras bouffes du Second Empire, ceux d’Offenbach, mais aussi d’Hervé lui-même…. »

Weill :
L’Opéra de Quat’sous, à Clermont-Ferrand
« Cette production de l’œuvre de Brecht / Weill, dont la mise en scène est cosignée par Olivier Desbordes et Éric Perez évite le misérabilisme scénographique si souvent associé au nom de Brecht. On en est d’autant plus soulagé que l’option adoptée fonctionne à merveille. La transposition dans l’univers du cirque n’a ici rien de forcé. Elle confère une aura poétique qui ne faiblit pas au cours de la représentation…. Dans ce jeu de massacre le meneur possède la double tête du couple Peachum. Ce sont deux faces du même cynisme, Patrick Zimmermann jouant les grandes gueules robustes tandis que Nicole Croisille est une Mme Peachum autoritaire et décidée. Leur disparité en fait un couple idéal de truands-complices… »
Terrasse :
Le Sire de Vergy, à Angers
« Loin de la chanson de geste médiévale, des romans courtois ou de la tragédie de Dominique de Belloy au XVIIIe siècle, les librettistes ont concocté une farce gentiment iconoclaste, où se succèdent jeux de mots, loufoqueries, parodies et quiproquos. Quant à la partition de Claude Terrasse, elle est le reflet de l’anticonformisme de son auteur qui, quelques années plus tôt, avait signé la musique de scène de Ubu Roi, et dont la science de l’orchestration fait ici merveille. Pour cette production du Sire de Vergy, l’Atelier Lyrique Angevin a joué à fond la carte de l’humour, tout en y introduisant beaucoup d’élégance par la mise en scène très chorégraphiée de Jocelyn Riche. »
Audran :
Le Grand Mogol, à Thouars
Cette petite ville a repris l’une des meilleures opérettes d’Audran aujourd’hui quasiment oubliée, dans une excellente distribution. « Juan Carlos Echeverry, qui venait de terminer une Belle de Cadix remarquée à Nice, enchaîne avec un prince Mignapour parfait. Tout plaide en faveur de cette prise de rôle : la sensibilité du jeu, mais aussi la courbe charmeuse de la voix, la couleur et les harmoniques du timbre donnant à chaque numéro une belle empreinte musicale et mélodique. Fabienne Oreb s’approprie le personnage de Bengaline avec un vrai talent scénique et ne se laisse pas impressionner par l’ampleur des airs bien détaillés avec la tessiture et le phrasé qui leur rendent justice. »
LES CREATIONS
Passion de Sondheim bientôt au Châtelet
« Créé au Plymouth Theatre le 9 mai 1994, Passion sera très bien accueilli par la critique et remportera notamment les trois « Tony awards » majeurs (meilleure comédie musicale, meilleure musique et meilleur livret) ainsi que les deux « Drama Desk Awards » de la meilleure comédie musicale et du meilleur livret. Contre toute attente, l’accueil du public, peut-être déconcerté par la forme de cette comédie musicale flirtant avec l’opéra, sera mitigé et le spectacle quittera l’affiche le 7 janvier suivant…
Présenté pour la première fois en France, c’est Fanny Ardant qui assurera la mise en scène de cette nouvelle production entièrement « made in » Châtelet, dans des décors de Guillaume Durieux, des costumes de Milena Canonero et des chorégraphies de Jean Guizerix.
Du 16 au 25 mars 2012
Carmencita, la Cubana, de Bizet / Lacamoire, bientôt au Châtelet
« Poursuivant son exploration des cultures d’Amérique latine, le Châtelet assurera du 6 au 30 avril (pour 26 représentations en espagnol surtitré) la création mondiale de Carmencita, la Cubana, une version réorchestrée et réécrite par Alex Lacamoire, du chef-d’oeuvre de Georges Bizet.
Née sous la plume de Mérimée en 1845 (publiée en 1847), Carmen n’en finit pas de se réincarner. Elle a connu la postérité grâce au succès aujourd’hui international de l’opéra de Bizet et elle est même allée se balader sur Broadway et à Hollywood grâce au librettiste et parolier Oscar Hammerstein qui en fera une ouvrière afro-américaine nommée Carmen Jones…
Cette nouvelle production réunit une équipe créative internationale de talents cubains, britanniques et américains venus de l’opéra, de la comédie musicale, du théâtre et de la danse.
Madiba au Comédia
« L’auteur-compositeur Jean-Pierre Hadida est déjà l’auteur de plusieurs comédies musicales… Il présente, au Théâtre Comédia, avant une tournée dans toute la France, sa nouvelle comédie musicale Madiba, un spectacle dont l’origine remonte à 2013 et qui voit enfin sa création…
Vingt ans après l’incarcération de Nelson Mandela, les habitants de Soweto se soulèvent. Sam, un jeune militant noir se fait arrêter. En prison, il fréquente celui que l’on surnomme « Madiba », Nelson Mandela, qui devient son modèle…
L’esthétique du spectacle est totalement originale : dans un univers encerclé par un grand écran de projection à 180°, les dessins de Will (réalisés par Jean-Pierre Hadida) se créent au fur et à mesure du déroulement de l’action… »
Du 21 janvier au 27 mars 2016
De nombreuses autres spectacles sont montés à Paris et dans la région parisienne :
Aladin (Théâtre Comédia), La Revanche du Capitaine Crochet (Théâtre des Variétés), La Périchole (à L’Espace Cardin), Les Misérables (Vingtième Théâtre)…
Si vous préférez le répertoire traditionnel, de nombreux compte-rendus :
La Belle Hélène à l’Opéra de Tours
« L’Opéra de Tours a repris la belle production de Bernard Pisani devenu un « classique »… L’action se
déroule-t-elle dans de superbes décors signés d’Eric Chevalier où les formes, courbes et lignes, les tonalités camaïeu, plongent dans un atticisme grec d’une grande beauté… Les interprètes ne peuvent qu’être à l’aise dans une telle production qui les invite à donner leur pleine expression. Karine Deshayes est bien évidemment une Hélène de luxe. »
La Vie parisienne, à L’Opéra de Marseille
« Pour les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Marseille avait judicieusement choisi de programmer la production désormais bien connue de Nadine Duffaut… Côté masculin, j’avoue d’emblée avoir été emballé par le bottier Frick de Dominique Desmons, interprète hilarant… Quant aux interprètes féminines, elles réservent peut-être le meilleur de la soirée, des « premiers rôles » jusqu’aux artistes du chœur qui assurent parfaitement leurs rôles de composition. »
La Chauve-souris, à l’Opéra d’Avignon,
« Dans une efficace scénographie, situant parfaitement l’action dans sa version parisienne… la mise en scène et l’authentique direction d’acteurs de Jacques Duparc ne connaît pas de temps mort et permet à chacun des interprètes de cette farce virevoltante de se démarquer tout en restant partie prenante d’un ensemble. »
Le Pays du sourire, à l’Odéon de Marseille :
Comme la plupart des opérettes de Lehár, Le Pays du Sourire réclame pour le couple principal des chanteurs-acteurs de grande envergure. Il faut donc insister sur la très heureuse surprise que constitue la prise de rôle de Charlotte Despaux en Lisa. Cette jeune interprète dispose d’un capital vocal homogène et d’un engagement dramatique prometteur… Marc Larcher donne à voir et entendre un portrait moderne et émouvant du prince chinois. La prononciation du texte est particulièrement bien maîtrisée, permettant au chanteur de ciseler avec élégance et émotion son air d’entrée.
La Belle de Cadix, à Lamalou-les-Bains :
« Carole Clin qui met en scène l’ouvrage, donne beaucoup de tonus à la comédie, et sait amener avec naturel chaque air chanté pour lui donner le relief et la scénographie voulus. Elle nous intéresse à l’histoire et nous met à même d’apprécier des morceaux qui pour certains d’entre eux furent pourtant bien rabâchés. » Les deux vedettes : Elisabeth Aubert (Maria Luisa), et Jean Goyetche (Carlos Medina).
Violettes Impériales, à Mérignac :
« Le Pin Galant » ouvre sa saison d’opérettes avec Violettes Impériales (1948) de Vincent Scotto… La mise en scène de Christian Blain a su élaguer dans le texte et ne pas alourdir des scènes qui s’y prêteraient. Les contrastes bien équilibrés entre scènes intimistes et ensembles choraux donnent légèreté et fluidité au spectacle… »
Un de la Canebière à l’Odéon de Marseille,
« On avait déjà apprécié en d’autres lieux la production de Jacques Duparc dont le mérite est notamment de proposer un décor original qui représente une grande barque dans laquelle est installé une sorte de petit estaminet avec des transformations à vue, tout à fait dans la conception moderne d’une scénographie « construite » qui n’oblige point à chaque tableau de fermer le rideau… »
Faites mieux connaissances avec ceux et celles qui vous divertissent
Marie-Ange Todorovitch : Métella de La Vie Parisienne à l’Opéra de Marseille« Sa conception de ce rôle de demi-mondaine est particulièrement fouillée et permet de ressentir un personnage évoluant entre joie (factice ?) et mélancolie : l’air « C’est ici l’endroit redouté des mères », interprété d’une voix aux sonorités ambrées, en constitue l’illustration parfaite. »
Vanessa Cailhol : Rumpelteazer de Cats à Paris – Mogador.
« En ce début de saison, je défends avec passion « Cats ». J’ai donc « remis les chaussons » pour me glisser dans le rôle de Rumpelteazer qui demande beaucoup d’énergie et d’investissement et dans lequel j’éprouve beaucoup de jubilation. Rumpelteazer est une jeune chatte, fraîche, dynamique, espiègle. »
Charlotte Despaux : Lisa dans Le Pays du sourire à l’Odéon de Marseille.
« Je souhaite surtout chanter le répertoire adapté à ma voix ! Mais il est vrai que je pense souvent à Violetta, Lucia et Mimi ! Un rêve vient aussi de se réaliser, celui d’interpréter le rôle mythique de Missia dans La Veuve joyeuse et ce, grâce à Maurice Xiberras qui me l’a proposé pour Marseille. »
Florian Cléret : Pénible dans Un de la Canebière à l’Odéon de Marseille
« J’ai participé à des œuvres telles que La Belle Hélène, La Périchole, La Vie parisienne, L’Auberge du cheval blanc, La Route fleurie, etc. Au Théâtre Mogador, j’ai eu la chance de faire partie de la distribution de la comédie musicale Le Bal des vampires dans la mise en scène de Roman Polanski. Autres comédies musicales à mon actif : Grease, Moulin Rouge, Kid Manoir etc. »
Valentine Lemercier : Orlofsky dans La Chauve-souris d’Avignon
« Le Prince Orlovsky est un jeune homme élégant complètement blasé et déjà désabusé. Il a tout vu, tout vécu, il a de l’argent, il boit… Si bien qu’il n’a plus envie de rien. Sa seule distraction est de voir graviter les autres autour de lui. Son désœuvrement le conduit à vivre un peu à travers eux. »
Ils nous ont quittés
La revue rend hommage à deux grands noms de la scène lyrique :
Le baryton Bernard Sinclair (1935 – 2015), chanteur et compositeur s’étant prodigué sur les scènes de l’héxagone ou dans les maisons de disque et qui, jusqu’à sa disparition, n’a jamais quitté le métier. Au cours des année 2000, il s’était « reconverti » dans la théâtre parlé, comme auteur et interprète.
Le ténor André Dran (1924 – 2015), Avec quelque 180 rôles à son répertoire André Dran représente bien ce qu’était un artiste lyrique dans l’après-guerre, un interprète qu’une voix bien conduite rendait capable d’aborder les rôles les plus divers. Tâche qui ne paraissait pas impossible, même pour un ténor, une voix qu’on imagine dédiée à un répertoire particulier.
Pour les passionnés, nos dossiers de fond
Jeanne Granier, (1852 – 1939) fut une gloire des scènes d’opérette, notamment pour Lecocq dont elle fut la créatrice du Petit Duc et l’une des principales interprètes, avant de se reconvertir avec autant de succès, dans une seconde carrière purement théâtrale.
Rubrique « Question d’esthétique » : Quelle place pour l’opérette populaire aujourd’hui dans les théâtres ?
Et encore…
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