AZOR
. A Z O RGaston Gabaroche
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L’entre-deux-guerres
Pendant l’entre-deux-guerres, l’opérette règnera en maître : plus de 500 créations dont on retiendra les titres suivants : Là-Haut (Yvain, 1923), La Dame en décolleté (Yvain, 1923), Troublez-moi (Moretti, 1924), P.L.M. (Christiné, 1925), Trois Jeunes filles nues (Moretti, 1925), Flossie (Szulc, 1929), Les Aventures du Roi Pausole (Honegger, 1930), Un Soir de réveillon (Moretti, 1932), Le Pays du sourire (1932), L’Auberge du Cheval Blanc (1932), O mon bel inconnu (Hahn, 1933), Normandie (Misraki, 1936), Un de la Canebière (1935), Trois Valses (Straus, 1937) et Les Petites Cardinal (Ibert, Honegger, 1938).
Toutefois, parmi cette liste dont les titres sont encore dans notre mémoire seuls Là-Haut et Trois Valses, L’Auberge du Cheval Blanc, Le Pays du sourire et Un de la Canebière sont restés au répertoire.
En 1929/ 1921 commence aux Bouffes-Parisiens, le long règne d’Albert Willemetz qui durera jusqu’en 1948 voire 1957 par l’intermédiaire de son beau-frère, Jacques Truchot. C’est dans cette salle que sera créé Azor, le 16 septembre 1932.
Pour Florian Bruyas, cet ouvrage est une « aimable opérette… qui tint l’affiche avec bonheur ». Après 87 représentations aux Bouffes, l’ouvrage se retrouve sur la scène du théâtre Daunou où il sera donné 77 fois à partir du 17 décembre 1932.
Trois compositeurs se sont réunis pour composer la partition : Gaston Gabaroche, Fred Pearly et Pierre Chagnon.
Gabaroche (1884-1961) est tout d’abord un compositeur de chansons souvent créées par Dranem. En opérette, il a à son actif : J’te veux (1923), Mon vieux (1924), Ketty Boxeur (1927), Enlevez-moi (1930) Deux fois deux (1932), Azor (1932), Faites çà pour moi (1936) et J’hésite (1938). Pour la plupart de ces ouvrages, il s’est fait seconder par d’autres musiciens, le plus souvent Pearly et Chagnon. On a gardé le souvenir de certains titres grâce au service lyrique de la radio (Enlevez-moi, Faites çà pour moi, Azor). On retrouve aussi Gabaroche comme acteur dans plusieurs de ses opérettes.
Fred Pearly (1885-1972) a composé environ 900 chansons et fut l’arrangeur de nombreuses musiques de films.
Pierre Chagnon (1893-1957) fut omniprésent entre les deux-guerres comme compositeur de chansons, chef d’orchestre et pianiste. Il eut comme interprètes Arletty, Fernandel, Tino Rossi, Milton et Mistinguett
L’INTRIGUE
Acte I : 1933, le commissariat de police de Neuilly
Gaston (surnommé Azor par ses collègues) est policier au commissariat, mais il n’a guère la vocation car il est attiré par la poésie. Il ne faut donc pas s’étonner que ce commissariat a le taux de criminalité le plus élevé et que, par exemple Kiki le Frisé, auteur de nombreux délits, n’a jamais été appréhendé. La vie sentimentale de Gaston n’est pas plus brillante. Il n’arrive pas à se débarrasser de Mme Marny, une maîtresse un peu « collante ». D’autant qu’il est tombé amoureux de Marlène, fille du ministre Dubois.
Justement elle se présente au commissariat pour se faire enlever une contravention. L’occasion est bonne et Azor fait sa déclaration. Marlène lui rit au nez. Vexé, Gaston passe ses nerfs sur Cloclo, la maîtresse de Kiki le frisé, qui vient de se faire prendre. Mais la petite parigote sait y faire avec les hommes. Elle a vite fait de le retourner en lui expliquant que si elle vole, c’est pour offrir à son homme les vêtements qu’il ne peut s’offrir. Il lui rend la liberté à la surprise générale.
Survient alors Mme Marny. Elle lui demande de la rejoindre le soir même, son mari devant participer à une partie de chasse.
Acte II : L’hôtel particulier des Marny
Alors que les époux Marny quittent leur logement, Kiki et sa bande y pénètrent pour le cambrioler. Gaston arrive à son tour et tombe sur Cloclo qui lui avoue qu’il lui plait bien. C’est alors que Mme Marny rentre chez elle. Les imbroglios se succèdent puis un taxi ramène l’époux. Cloclo sauve la situation en déguisant Gaston en cambrioleur. Kiki, conquis par Gaston, lui propose de rejoindre la bande.
Acte III : Chez le ministre Dubois
La tentative de cambriolage ayant échoué, il faut trouver autre chose. Justement le ministre Dubois organise une fête costumée ou les invités doivent se déguiser en apaches ou gigolettes. Chez le ministre tout le monde essaie de se donner des allures de brigands, ce qui n’est pas un problème pour Kiki et sa bande. Et la récolte est bonne : colliers, bracelets et autres babioles changent de propriétaire. Gaston joue le jeu à fond ; il se fait brutal et macho et vole Marlène à un certain Robert.
Le ministre finit par se rendre compte que de vrais apaches se sont introduits chez lui. La bande se disperse après avoir mis le butin dans les poches de Gaston. Il ne reste plus à celui-ci que de les rendre aux invités. Le ministre n’y voit que du feu. Marlène accorde sa main à Gaston.
La partition
Ouverture
Prologue : « C’est honteux, je te le dis » (Les femmes du monde, le brigadier, les agents) _ « Je ne suis pas de mon temps » (Gaston) – Duo « Comme moi » (Robert, Gaston) – « C’est un petit camarade » (Marlène) – « C’est fou ce qu’on peut faire » (Cloclo) – « Gendarmes et voleurs » (Cloclo, Gaston) – « Azor » (Mme Dubois, Gaston) – Final I « Je vais pouvoir » (Gaston, Mme Dubois, choeur)
1er entracte (« Comme moi ») – « Quand tu n’es pas là (Mme Marny) – Entrée des cambrioleurs « Si l’on a tous des gants » (Gégé, Cloclo, Kiki) – « Quand y a pas de public » (Gégé) – « Amour… toujours… » (Cloclo) – « Si j’ai mis des gants blancs » (reprise de l’entrée des cambrioleurs) (Gaston) – « Arrête moi » (Cloclo, Gaston) – « Le dire, c’est bien » (Gaston, chœurs) – Final II « Haut les mains » (ensemble)
2e entracte (« Le dire c’est bien ») – « C’est charmant » (Marlène, les petites femmes) – Musique de scène (reprise de « C’est charmant ») – « Je ne sais pas qui m’a faite (Marlène) – Musique de scène (« Si l’on a tous des gants ») – Java « Permettez qu’on présente le lot » (Cloclo, Gaston, Gégé, Kiki) – « Quand une femme » (Gégé) – « Je veux » (Cloclo, Marlène, Gaston, Robert et chœurs) – Final III « Mesdames et messieurs » (ensemble)
La création
Opérette en 3 actes. Musique de Gaston Gabaroche ; airs additionnels de Fred Pearly et Pierre Chagnon ; livret de Raoul Praxy, lyrics d’Albert Willemetz et Max Eddy. Création : théâtre des Bouffes-Parisiens, à Paris, le 16 septembre 1932. Mise en scène, Georgé ; direction musicale, Marcel Cariven.
Avec :
Jane Marnac (Cloclo), Arletty (Mme Marny), Eliane de Creus (Marlène), René Koval (Steinkopf, dit Gégé), Gabaroche (Gaston), Reda Caire (Robert), Jean Hubert (Kiki le Frisé), Henri Niel (le brigadier), Robert Casa (Mr Dubois)
Diffusions radio : 1945 avec Fanély Revoil et Gabaroche ; 1952 avec Fanély Revoil et Maurice Porterat ; 1955 avec Fanély Revoil et Aimé Doniat.
Source principale : Albert Willemetz, catalogue raisonné de son œuvre (Jacqueline Willemetz en collaboration). Distribué par BMG productions
Autres sources :
Encyclopédie multimédia de la comédie musicale théâtrale en France : http://194.254.96.55/cm/?for=fic&cleoeuvre=25
Histoire de l’Opérette en France par Florian Bruyas (Emmanuel Vitte à Lyon, 1974)
© Académie Nationale de l’Opérette août 2016